Barrage hydroélectrique Daniel-Johnson situé sur la Côte-Nord du Québec. (©Hydro-Québec)
La filière hydroélectricité a encore de beaux jours devant elle et les investissements dans cette filière doivent être renforcés pour atteindre les objectifs climatiques, souligne l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans un rapport publié le 30 juin(1).
Près d'un sixième de la production électrique mondiale
L'hydroélectricité est « l'épine dorsale » de la production électrique bas carbone dans le monde : en 2020, la filière a fourni près d'un sixième de l'ensemble de la production d'électricité, ce qui en fait la 3e source après le charbon et le gaz naturel. L'hydroélectricité satisfait plus de 50% de la consommation nationale d'électricité dans 35 pays différents, dont 28 pays dits « émergents ou en développement » (dont la population cumulée s'élève à 800 millions d'habitants).
L'hydroélectricité fait pourtant figure de « géant oublié » de la production bas carbone, souligne l'AIE : les filières éolienne et solaire photovoltaïque, en pleine croissance, suscitent une attention plus forte alors même que leurs productions cumulées au niveau mondial sont bien inférieures à celle de l'hydroélectricité. Cette dernière permet en outre, grâce à ses « capacités inégalées en matière de flexibilité et de stockage », de faciliter l'intégration à grande échelle d'installations à production intermittente (éolien et solaire) sur les réseaux électriques.
En France, rappelons que l’hydroélectricité reste de loin la principale filière renouvelable productrice d’électricité et la 2e filière toutes énergies confondues après le nucléaire (13% du mix électrique en 2020).
Près de la moitié du potentiel mondial « économiquement viable » inexploité
Selon l'AIE, près de la moitié du « potentiel hydroélectrique économiquement viable au niveau mondial est encore inexploité ». La filière a en particulier des perspectives de développement importantes dans les économies dites « émergentes et en développement ». L'AIE appelle les gouvernements à mettre en place des politiques facilitant le développement des projets hydroélectriques, en limitant les risques d'investissements(2).
Entre 2021 et 2030, la puissance cumulée du parc hydroélectrique mondial pourrait augmenter de 17% selon les projections de l'AIE (+ 230 GW). Près de la moitié de ces nouvelles installations seraient des barrages hydroélectriques avec réservoir tandis que 30% seraient des STEP (solution majeure pour le stockage d'électricité), les sites restants étant des centrales « au fil de l'eau ».
Les nouvelles installations hydroélectriques envisagées seront encore principalement situées en Chine (pays qui pourrait compter à lui seul pour 40% des nouvelles capacités hydroélectriques installées dans le monde d'ici à 2030) mais aussi en Inde, en Turquie et en Éthiopie.
Outre les nouveaux projets, l'AIE souligne la nécessité de moderniser les centrales hydroélectriques existantes : d'ici à 2030, près de 127 milliards de dollars, soit presque un quart des investissements mondiaux prévus dans cette filière durant cette période, pourraient être consacrés à cette tâche (surtout dans les pays développés) selon les prévisions de l'AIE(3).