Informatique : une consommation d’énergie bien réelle au bureau

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Extinction d'ordinateur

Selon le livre blanc publié par l’Ademe, 2 salariés sur 3 déclarent éteindre leur PC de bureau chaque soir. (©Pixabay)

En milieu professionnel, la consommation d’énergie des équipements informatiques est loin d’être négligeable. Les employés en ont encore souvent peu conscience alors que ce poste peut faire l’objet d’importantes économies, comme le soulignent l’Ademe et ADN’Ouest (association des décideurs du numérique) dans un livre blanc mis en ligne hier.

363 kWh par salarié par an

La consommation électrique d’un salarié français liée aux outils informatiques (usage du PC, des imprimantes, etc.) atteindrait en moyenne 363 kWh par an selon le livre blanc de l’Ademe et ADN’Ouest. Cette estimation se base sur une cinquantaine d’audits menés entre octobre 2012 et septembre 2015 en Pays de Loire, Bretagne et Poitou-Charentes(1). Les données ont été collectées auprès de 50 organisations aux profils très différents (entreprises de secteurs variés, collectivités, établissements publics).

La consommation électrique liée à la bureautique varie naturellement fortement entre les différents acteurs audités. Elle constitue seulement près de 3% de la consommation électrique totale des organisations du secteur de la santé contre 25% en moyenne dans les sociétés de services ayant fortement recours à l’informatique.

Précisons que la consommation électrique des appareils de bureautique est à peu près équivalente à celle des salles informatiques où sont hébergés les serveurs et les commutateurs de réseaux et dont la consommation est souvent oubliée.

Rarement plus de 60% de consommation « utiles »

La consommation électrique du parc informatique des organisations auditées (comptant pour près de 72 000 employés et environ 100 000 appareils de bureautique au total(2)) atteint près de 26,8 GWh par an, soit l’équivalent de la production annuelle d’électricité de 4 à 5 éoliennes de 3 MW de puissance ou de moins de 0,5% de la production annuelle d’un réacteur nucléaire de 900 MW (comme l'un des deux de la centrale de Fessenheim)(3).

Le livre blanc ne couvre ainsi qu'un très faible échantillon des employés français. En extrapolant à l’échelle nationale les résultats du panel de l’étude, l’Ademe estime que les parcs informatiques des secteurs secondaire et tertiaire(4) en France absorberaient près de 8,6 TWh d’électricité par an(5), soit l’équivalent d’environ 1,8% de la consommation électrique française en 2015 (475 TWh).

Pour les organisations auditées, la facture associée à la consommation électrique d’origine « numérique » atteindrait un peu plus de 40 euros par employé et par an(6), un montant qui peut sembler modeste mais qui pourrait être significativement réduit sans impact sur l’activité professionnelle. Les consommations « utiles » des appareils de bureautique dépassent en effet rarement plus de 60% selon l’Ademe.

Des économies équivalant à la consommation de 800 000 foyers

Selon les auteurs de ce livre blanc, 20% à 30% de la consommation d’électricité des équipements informatiques pourrait être « raisonnablement économisée », soit environ 2,15 TWh par an en France. Ce total correspond aux besoins électriques annuels hors chauffage de près de 800 000 foyers. Pour faciliter cette prise de conscience, le livre blanc délivre plusieurs grandes recommandations. Il appelle les organisations à sensibiliser leurs salariés à une gestion plus « responsable » de leurs appareils informatiques, en particulier lorsque ces derniers ne sont pas utilisés. L’extinction d’un ordinateur devrait entre autres devenir aussi évidente que celle de la lumière en l’absence de besoin.

Les directeurs des services informatiques (DSI) ont également un rôle important à jouer et peuvent mettre en place des actions telles que l’autonomisation de l’extinction des postes de travail ou la mise en veille plus rapide des copieurs entre différentes utilisations.

Le livre blanc de l’Ademe a permis de classer les organisations selon leur « maturité Green IT », autrement dit selon la prise en compte du développement durable dans les usages du numérique. Selon les résultats de l’étude, seule une organisation sur cinq connaîtrait avec précision la part de l’informatique dans sa consommation d’électricité totale.

Fin 2013, Digital Power Group estimait que l'ensemble des TIC (technologies de l’information et de la communication) captait près de 10% de la production d’électricité au niveau mondial. Le cabinet rappelait que le bilan électrique des appareils informatiques ne se limite pas à leur usage mais doit également tenir compte de leur construction, de leur assemblage mais aussi des réseaux de communication et data centers sollicités pour leur bon fonctionnement.

Sources / Notes
  1. Par trois entreprises nantaises (KaliTerre, Easyvirt et A2JV).
  2. Dont 68 700 ordinateurs, 20 000 imprimantes ou encore 3 600 copieurs.
  3. Environ 6 TWh par an par réacteur.
  4. Le secteur primaire regroupe les activités liées à l’exploitation de ressources naturelles comme l’agriculture et la sylviculture.
  5. Ce chiffre n’inclut pas la consommation d’électricité des hébergeurs et autres opérateurs spécialisés.
  6. Sur la base d’un prix du kWh hors taxes de 12 centimes d’euro.

 

Livre blanc « Consommation énergétique des équipements informatiques en milieu professionnel »

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