La lutte contre la précarité énergétique plus que jamais d’actualité

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Précarité énergétique

En 2021, 84% des ménages interrogés par le médiateur de l'énergie dans le cadre de son Baromètre Énergie info déclarent que leur consommation d’énergie est un sujet de préoccupation, soit la proportion la plus élevée depuis la création de ce baromètre en 2007. (©Pixabay)

Une Journée contre la précarité énergétique, coordonnée au niveau national par la Fondation Abbé Pierre(1), a été organisée le 10 novembre pour la première fois en France. Les inquiétudes au sujet de la précarité énergétique rencontrent un écho particulier dans le contexte de hausse des prix de l’énergie.

Faire de la précarité énergétique une « priorité nationale »

Les membres de l’ONPE (Observatoire national de la précarité énergétique) ont publié le 9 novembre une déclaration appelant « l’ensemble des parties prenantes à accélérer les actions qui combinent efficacement justice sociale et justice climatique » pour faire de la lutte contre la précarité énergétique une « priorité nationale ». Il est notamment rappelé dans ce document la « relative stabilité du phénomène de précarité énergétique en France depuis 2010 que la succession des lois, décrets, plans nationaux, réglementations et dispositifs n’a pu enrayer ».

Pour rappel, l’ONPE s’appuie sur deux indicateurs pour quantifier le phénomène de précarité énergétique en France :

  • un indicateur économique, le taux « d’effort énergétique »(2) selon lequel un ménage « est en situation de précarité énergétique lorsque ses dépenses énergétiques dans son logement sont supérieures à 8% de son revenu, et son revenu par unité de consommation (UC) est inférieur au 3e décile de revenu par UC » ;
     
  • un indicateur déclaratif de ressenti du froid, sur la base des réponses au baromètre Énergie-Info du médiateur national de l’énergie, qui « permet de quantifier les phénomènes d’auto-restriction que ne capte pas l’indicateur économique ».

Sur la base du taux d'effort énergétique, 11,9% des Français sont considérés en situation de précarité énergétique en France métropolitaine (dernière donnée portant sur l'année 2019). En matière de ressenti du froid, 20% des ménages français déclarent « avoir souffert du froid pendant au moins 24 heures » durant l'hiver 2020-2021 (contre 14% durant l'hiver 2019-2020).

Précarité énergétique

L’ONPE constate que « les chantiers lancés par les gouvernements successifs ont permis des avancées sans toutefois parvenir à atteindre les objectifs fixés par la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte : réduire la précarité énergétique de 15% en 5 ans, rénover 500 000 logements par an à compter de 2017 et viser à plus long terme la neutralité carbone des bâtiments en France ».

Un délégué interministériel à la précarité énergétique ?

Au total, l'ONPE considère que « 5,6 millions de ménages en situation de précarité énergétique restent particulièrement exposés aux aléas climatiques et aux variations du prix de l’énergie malgré la montée en puissance de politiques d’aide à la rénovation énergétique des logements depuis dix ans qui s’est notamment traduite par une forte implication de l'ANAH et de ses opérateurs qui accompagnent les plus modestes sur des rénovations globales, par la mise en place de MaPrimeRénov et par l’extension du chèque énergie à de nouveaux publics ».

« Les confinements successifs et la généralisation du télétravail ont renforcé le besoin de bien-vivre chez soi et de préserver sa santé à l’abri du froid et des pics de chaleur », souligne par ailleurs l'ONPE.

En vue de la mise en œuvre d’un Plan national de lutte contre la précarité énergétique, l'ONPE demande la nomination d’un délégué interministériel à la précarité énergétique « qui serait à la tête d’une équipe dédiée et placé auprès du Premier ministre pour assurer l’exécution de cette feuille de route ».

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