Inde : la transformation du secteur électrique du Gujarat

  • Source : IEEFA

Situé au nord-ouest de l'Inde, le Gujarat fait partie des États les plus industrialisés du pays, avec en particulier une activité pétrochimique importante. Le plus grand terminal méthanier d'Inde (à Dahej) est notamment situé dans cet État qui constitue par ailleurs « l’une des destinations préférées des développeurs et investisseurs dans les énergies renouvelables »(1).

Dans le rapport en anglais ci-après publié fin août 2019, l'Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA) effectue « une évaluation du secteur électrique du Gujarat » en montrant son « énorme potentiel pour (engager) une transition vers un système à bas coût et à faibles émissions reposant sur les énergies renouvelables ». À fin mars 2019, le Gujarat disposait de 2 GW de capacités solaires installées et de 6 GW de capacités éoliennes, ce qui en faisait déjà l'« un des cinq principaux États indiens (sur 29) pour les énergies renouvelables » en matière de puissance installée.

Selon le Ministère indien en charge de l'énergie, le potentiel de développement des capacités renouvelables (hors hydroélectricité) du Gujarat serait de 72,7 GW (puissance répartie à parts égales entre solaire et éolien). Disposant de 1 600 km de côtes, le Gujarat dispose d'un potentiel important pour l'éolien offshore, précise l'IEEFA. Durant l'année fiscale 2018/2019 (du 1er avril 2018 au 31 mars 2019), le charbon et le gaz ont toutefois encore compté pour 81,1% de la production électrique du Gujarat, contre 11,8% pour les énergies renouvelables hors hydroélectricité.

Selon les estimations de l'IEEFA, la production d'électricité du Gujarat devra augmenter de 74% entre les années fiscales 2018/2019 (116,6 TWh) et 2029/2030 (203,1 TWh) pour satisfaire la hausse de la demande. En 2029/2030, les énergies renouvelables (hors hydroélectricité) pourraient devenir la première source d'électricité de cet État (48,1% du mix électrique), devant le charbon (33,8%), le gaz naturel (7,1%) et le nucléaire (6,8%). Cela impliquerait d'installer 46,5 GW(2) de capacités renouvelables additionnelles d'ici à 2029/2030, soit de l'ordre de 4 à 5 GW par an(3).

Ce développement accéléré d'installations à production intermittente(4) nécessitera le déploiement de nombreuses solutions de stockage (STEP hydroélectriques, batteries de différentes tailles, etc.) ainsi qu'une modernisation, une extension et une digitalisation du réseau électrique du Gujarat (tout en augmentant ses interconnexions avec les réseaux des États voisins), souligne l'IEEFA.

En Inde, le charbon a compté pour 74,3% de la production électrique durant l'année fiscale 2018/2019, contre seulement 9,2% pour les énergies renouvelables (hors hydroélectricité). Pour rappel, la consommation annuelle d'électricité par habitant avoisine 1 150 kWh dans ce pays(5), soit moins d'un quart de la consommation annuelle moyenne d'un Chinois (4 905 kWh) et près de 12 fois moins que celle d'un Américain (14 091 kWh).

Mix électrique du Gujarat
Selon l'IEEFA, la part des énergies renouvelables (hors hydroélectricité) dans la production électrique du Gujarat pourrait passer de 11,8% en 2018/2019 à 48,1% en 2029/2030. (©Connaissance des Énergies, d'après IEEFA)

Lire l'étude :
Gujarat
Sources / Notes
  1. Le plus grand parc solaire photovoltaïque au monde doit notamment être construit dans le golfe du Khambhat (dans le district d'Ahmedabad). Cette centrale devrait disposer d'une puissance installée de 5 GW et s'étendre sur 11 000 hectares.
  2. Le Gujarat est censé fortement contribuer à l'objectif de l'Inde de disposer de 450 GW de capacités renouvelables à l'horizon 2029/2030.
  3. Les nouvelles capacités renouvelables permettraient de couvrir intégralement les besoins électriques supplémentaires durant cette période.
  4. Selon l'IEEFA, la production du parc solaire peut en moyenne couvrir les pics de demande électrique 9 mois par an (entre juillet et mars). 
  5. Le Gujarat est l'État indien où la consommation annuelle d'électricité par habitant est la plus élevée (1 733 kWh durant l'année fiscale 2018/2019).

Sur le même sujet