Les énergies fossiles, la cible n°1 selon l’Institut Montaigne

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Consommation d'énergies fossiles

Les produits pétroliers comptent pour plus de 45% de la consommation d’énergie finale en France. (©Pixabay)

Alors que la composition du mix électrique focalise souvent l’attention en France, l’Institut Montaigne appelle, dans une note publiée le 8 juin, à concentrer les efforts sur une « priorité urgente » pour réduire les émissions nationales de gaz à effet de serre : la réduction de la consommation d’énergies fossiles.

Un constat : des énergies fossiles encore omniprésentes

S’il est souvent question de l’énergie nucléaire et des renouvelables dans les débats sur l’énergie en France, c’est sur les énergies fossiles que le mix énergétique national repose le plus fortement : les produits pétroliers raffinés et le gaz naturel(1) comptaient respectivement pour 45,1% et 19,1% de la consommation d’énergie finale française en 2015.

Or, la France importe la quasi-totalité des hydrocarbures qu’elle consomme. Il en résulte une facture énergétique nationale « structurellement déficitaire », rappelle Benjamin Frémaux(2) qui a rédigé la note de l’Institut Montaigne. Malgré la chute des cours du pétrole, cette facture s’élevait ainsi encore à 39,7 milliards d’euros en 2015 selon les derniers chiffres ministériels. La loi de transition énergétique pour la croissance verte fixe pour objectif de réduire de 30% la consommation primaire d’énergie fossile en France d’ici à 2030 (par rapport à 2012).

Malgré la prépondérance des énergies fossiles dans son mix énergétique, la France émet « globalement peu de CO2 » par rapport aux autres pays développés(3), principalement grâce à une production électrique largement décarbonée (reposant à plus de 84% sur les énergies nucléaire et hydroélectrique en 2016). L’institut Montaigne appelle désormais à réduire les fortes émissions de gaz à effet de serre liées au chauffage ainsi que dans les transports.


Consommation d'énergie finale en France par source (©Connaissance des Énergies, d'après données du Ministère en charge de l'énergie)

Des recommandations pour articuler politiques énergétique et climatique

En matière de chauffage, la note de l’Institut Montaigne plaide pour favoriser le déploiement des réseaux de chaleur, « si nécessaire en augmentant les crédits alloués au fonds chaleur », ainsi que du biogaz à plus long terme, « en veillant à ce que le prix de la tonne de CO2 évitée reste raisonnable ».

Dans les transports, qui sont à l’origine de 28% des émissions françaises de gaz à effet de serre, Benjamin Frémaux soutient le rééquilibrage progressif de la fiscalité de l’essence et du diesel, auquel s’est engagé Emmanuel Macron durant son quinquennat. L’électrification du secteur passe entre autres par le développement du réseau de bornes de recharge et par le maintien de dispositifs de soutien à l’achat de véhicules électriques et hybrides rechargeables.

Alors que le retrait annoncé des États-Unis de l’accord de Paris suscite de nombreuses interrogations sur la lutte contre le changement climatique, l’Institut Montaigne plaide pour la mise en place au sein de l’Union européenne d’une prix plancher du carbone de 30 euros par tonne. En France, la trajectoire de la Contribution Climat Énergie (jusqu’à 100 €/t de CO2 à l’horizon 2030) est soutenue dans cette note, sous réserve d'abaisser en parallèle la fiscalité pesant sur les entreprises et les ménages(3).

Benjamin Frémaux appelle par ailleurs à « maîtriser » le coût de déploiement des énergies renouvelables(4) en concentrant les efforts sur « les filières compétitives capables de gagner des marchés à l’export ». Il recommande également de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires existantes « tant que leur sûreté est garantie et que c’est économiquement rentable ». Pour rappel, la loi de transition énergétique pour la croissance verte fixe pour objectif de porter à 32% la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie en 2030 (contre près de 14% en 2012) et à réduire la part du nucléaire dans la production électrique française à 50% à l’horizon 2025 (contre 72,1% en 2016).

Calendrier des grands objectifs de la loi de transition énergétique
Calendrier des grands objectifs de la loi de transition énergétique (©Connaissance des Énergies)

Sources / Notes
  1. Hors production électrique.
  2. Spécialiste de conseil en fusions et acquisitions dans les secteurs de l’industrie, de l’énergie et des infrastructures.
  3. La France compte actuellement pour 1,2% des émissions mondiales de gaz à effet de serre alors qu’elle contribue à hauteur de 4,2% du PIB mondial.
  4. Il est proposé de flécher une partie du produit de cette fiscalité carbone vers le soutien aux EnR, aux réseaux de chaleur, aux véhicules électriques ou encore à l’isolation des bâtiments.
  5. Il note que le coût du développement des énergies renouvelables en Allemagne s’élève à 23 milliards d’euros en 2016, sans baisse notable des émissions de gaz à effet de serre.

Site de l’Institut Montaigne 

Note « Énergie : priorité au climat ! » de Benjamin Frémaux pour l’Institut Montaigne, juin 2017

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