L'exploration et la production pétrolière en Afrique depuis 2014

  • Source : Ifri

L’Afrique dispose de près de 7,5% des réserves prouvées de pétrole et de gaz dans le monde(1). Le continent a compté pour environ 8% de la production mondiale de pétrole en 2016 (avec 7,9 millions de barils par jour extraits cette année-là). Compte tenu de leur faible consommation domestique, les pays africains exportent une grande partie de cette production (40% du gaz et 50% du pétrole en 2017).

Dans cette note publiée le 17 mai par le Centre Énergie de l’Ifri, Benjamin Augé(2) analyse les stratégies des acteurs impliqués dans l’exploration-production pétrolière et gazière en Afrique subsaharienne, en présentant les évolutions depuis la chute des cours du brut en 2014. Le paysage africain de l’exploration-production est détaillé par types d’acteurs : majors occidentales privées, sociétés d’État asiatiques, russes et latino-américaines, indépendants, juniors africaines, etc.   

Les acteurs présentés sont de tailles et de cultures très variées et leurs stratégies en Afrique subsaharienne ont été très différentes depuis 2014. Benjamin Augé fait état de ces différences, y compris au sein des majors privées : ConocoPhilipps a par exemple mis « totalement de côté » ce continent en vendant tous ses actifs au Nigeria en juillet 2014 à la société Oando tandis que les deux « leaders du pétrole africain » Total et Eni ont étendu leurs positions pendant la crise (Total a notamment décidé en 2016 de développer les gisements du lac Albert en Ouganda).

Selon Benjamin Augé, « une répartition tacite des tâches » conduit le plus souvent les sociétés indépendantes et juniors (produisant moins de 100 000 barils par jour) à jouer le rôle de « pionniers » découvrant de nouveaux champs pétroliers et gaziers tandis que les majors privées ou sociétés d’État contribuent au développement coûteux et complexe des gisements mis à jour. Il est rappelé en particulier le dynamisme des sociétés américaine Kosmos Energy et britannique Tullow Oil durant la crise.

La baisse des cours a conduit à « davantage de coopération entre les différents types de sociétés pétrolières » , et donc de partage du risque, comme en témoigne l’association en Ouganda de Tullow Oil avec la major française Total et la société d’État chinoise Cnooc(3). Cette note souligne par ailleurs l’arrivée de deux nouveaux types d’acteurs dans l’exploration/production : les traders et les sociétés de services. Les traders européens de brut et de produits pétroliers Glencore et Vitol ont notamment massivement investi dans l’exploration en Afrique afin de « diversifier leur chaîne de valeur en utilisant différemment leurs formidables réserves de dollars ».

État de la production et des réserves de pétrole des différents pays africains (sources : BP Statistical Review, AIE, données recueillies par Benjamin Augé)

 Première année de productionProduction de pétrole en 2017
(millions de barils/jour)
Réserves prouvées de pétrole à fin 2016
(milliards de barils)
Nigeria
(Shell, Total, Chevron, ExxonMobil, Oando)
19581,5337,2
Angola
(Total, Chevron, ExxonMobil, ENI, BP)
19591,6411,6
Libye
(ENI, BASF-RWE)
19610,8348,4
Algérie
(Sonatrach, Anadarko, BP)
19581,0512,2
Égypte
(ENI, BP, Apache)
Début du XXe siècle0,643,5
Soudan
(CNPC, ONGC, Petronas)
19990,10 (en 2016)1,5
Soudan du Sud
(CNPC, ONGC, Petronas)
20110,12 (en 2016)3,5
Guinée équatoriale
(ExxonMobil, Marathon, Noble Energy)
19920,131,1
République du Congo
(Total, ENI, Chevron, Perenco)
19670,24 (en 2016)1,6
Gabon
(Perenco, Total, Shell)
19570,202,0
Tchad
(ExxonMobil, Petronas, CNPC)
20030,073 (en 2016)1,5
Ghana
(Tullow Oil, Anadarko, Kosmos Energy)
20100,172,0
Tunisie
(ENI, Shell)
19660,063 (en 2016)0,4
Cameroun
(Perenco)
19770,0760,5
Côte d'Ivoire
(Bouygues, Tullow Oil, CNR International)
19950,0270,5
République démocratique du Congo
(Perenco)
19760,0230,5
Niger
(CNPC)
20110,020,6
Afrique du Sud
(PetroSA)
 0,0020,1
Mauritanie
(Petronas, Tullow Oil)
20060,006
(arrêt du gisement en 2017)
0,1
Lire l'étude :
Les acteurs du pétrole en Afrique
Sources / Notes
  1. 7,5% pour le pétrole et 7,6% pour le gaz à fin 2016 selon le BP Statistical Review of World Energy de juin 2017.
  2. Docteur en géographie, Benjamin Augé est chercheur associé aux centres Énergie et Afrique subsaharienne de l’Ifri. Il est rédacteur en chef de la lettre d’information Africa Energy Intelligence.
  3. Cette association a conduit à un « apprentissage difficile », les réserves des trois partenaires en Ouganda étant additionnées pour atteindre une taille critique et construire un oléoduc vers la Tanzanie.

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