Transition énergétique : quel schéma pour l’Île-de-France?

  • Source : Gérard Bouy

Le Conseil régional d’Île-de-France a organisé le 18 janvier une conférence pour présenter le schéma permettant à la région de contribuer, à son niveau, au respect des engagements français du paquet européen « énergie/climat » dits « 3 fois 20 » consistant pour 2020 à réduire de 20% les gaz à effet de serre, à améliorer de 20% l’efficacité énergétique et à porter à 23% la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie finale.

Pour réaliser cet objectif, trois grandes priorités ont été définies à l’échelon régional : renforcer l’efficacité énergétique des bâtiments, développer le chauffage urbain et réduire les émissions de gaz à effet de serre du trafic routier.

Les principales mesures envisagées pour renforcer l’efficacité énergétique des bâtiments se déclinent de la façon suivante :

  • réhabiliter, c'est-à-dire pour l’essentiel améliorer l’isolation thermique des toitures et des fenêtres, 125 000 logements par an soit une multiplication par 3 du rythme actuel. Un tel niveau ne pourra être atteint sans mécanisme d’incitation (prêts aidés, déductions fiscales) sauf envolée du prix de l’énergie, car la baisse attendue de la facture énergétique du fait des travaux d’isolation a du mal à compenser la charge d’amortissement ;
  • réhabiliter 7 millions de mètres carrés de surfaces tertiaires par an, soit une multiplication par 2 du rythme actuel.

Chauffage urbain :

  • raccorder 450 000 logements supplémentaires au chauffage urbain, ce qui représente une augmentation de 40% d’ici à 2020 ;
  • augmenter de 30% actuellement à 50% en 2020 la part de chauffage urbain produite à partir d’énergies renouvelables comme la géothermie ou la biomasse, ou d’énergies de récupération provenant d’usines d’incinération des ordures ménagère.

Transports :

  • réduire de 2% les trajets en voiture particulière ;
  • augmenter de 20% les trajets en transports en commun. Ceci suppose d’une part que les travaux d’infrastructure de transport du grand Paris soient menés à leur terme et d’autre part une concentration de la population autour des nouvelles gares ;
  • passer à 400 000 véhicules hybrides ou électriques.

La transition énergétique pour l’Île-de-France se résume donc principalement en une plus grande sobriété énergétique, mais tout l’intérêt de la démarche entreprise est de montrer que la déclinaison des objectifs européens auxquels la France a souscrit se traduit, pour la région, par des efforts dont il faut mesurer l’ampleur : travaux massifs d’isolation des bâtiments existants pour les rapprocher des nouvelles normes de construction dans un contexte où le prix de l’énergie ne constitue pas à lui seul une incitation suffisante et lourds investissements dans de nouveaux transports en commun régionaux dont il faudra trouver le financement.

Gérard Bouy

Membre du Comité des Experts de la Fondation pour la Connaissance des Énergies

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