Un mix de gaz 100% renouvelable en 2050 ?

  • Source : Ademe

En 2050, la demande finale française de « gaz en réseau » pourrait avoisiner 300 TWh en 2050 (contre 460 TWh par an à l’heure actuelle) grâce aux efforts d’efficacité et de sobriété, selon les prévisions de l’Ademe(1). D’ici là, les filières de production de gaz dit « renouvelable » (méthanisation, pyrogazéification et Power-to-gas) pourraient connaître un très fort développement.

Dans cette « étude technique à caractère prospectif » réalisée en partenariat avec les gestionnaires de réseaux GRTgaz et GRDF, l’Ademe présente le potentiel de production de gaz « renouvelable ou de récupération » qui lui semble accessible en France métropolitaine à l’horizon 2050. Elle émet l’hypothèse de différents mix à très forte pénétration de gaz renouvelable (entre 75% et 100% du mix gazier français). A partir de cette hypothèse théorique, l’Ademe analyse les impacts possibles - notamment pour les réseaux et sur le coût du gaz délivré - et les contraintes associées.

Partant des différents intrants mobilisables(2) (en excluant des cultures énergétiques dédiées), l’Ademe estime le potentiel théorique de gaz renouvelable pouvant être injecté sur les réseaux français en 2050 « jusqu’à 460 TWh » par an, soit l’équivalent de la consommation gazière actuelle en France. Cette production de gaz proviendrait à 40% de la pyrogazéification, à 30% de la méthanisation et à 30% du Power-to-gas associé à la méthanation.

La somme des coûts de production, de réseau et de stockage du gaz renouvelable en 2050 est évaluée par l’Ademe entre 105 €/MWh (avec un mix gazier à 75% renouvelable et une hypothèse de taxe carbone de 200 € par tonne de CO2 en 2050) et 153 €/MWh, un montant très supérieur au prix de marché actuel(3) mais l’Ademe envisage dans le même temps une très forte hausse de la taxe carbone. En mobilisant les ressources par ordre croissant de coûts, le Power-to-gas est envisagé comme « la variable d’ajustement pour le bouclage offre-demande ».

L’Ademe estime qu’il résulterait d’un mix gazier fortement renouvelable d’importantes réductions des émissions de gaz à effet de serre et de la facture énergétique française(4) ainsi que des complémentarités avec un mix électrique de plus en plus renouvelable (à production intermittente). Le Power-to-gas constitue en effet un moyen de stocker les surplus d’électricité renouvelable et des centrales thermiques de pointe alimentées au gaz renouvelable pourraient par ailleurs également contribuer à l’équilibre du réseau électrique.

Précisons que l’Ademe ne délivre pas de « trajectoire pour atteindre un gaz 100% renouvelable en 2050 », comme le rappelle son président Bruno Léchevin, cette étude visant davantage à « explorer les conditions de la faisabilité, mais également les freins d’une telle ambition ». Pour rappel, la loi de transition énergétique pour la croissance verte a fixé pour objectif de porter à 10% la part de gaz renouvelable dans la consommation française de gaz en 2030. 

Gaz renouvelable en 2050
Selon l’Ademe, la filière pyrogazéification pourrait produire jusquà 180 TWh de gaz par an à l’horizon 2050. (©Connaissance des Énergies, d’après Ademe)

Lire l'étude :
Gaz 100% renouvelable

Sources / Notes

  1. Scénario énergie-climat 2035-3050 de l’Ademe.
  2. Principalement le bois et l’électricité renouvelable via le Power-to-gas.
  3. De l’ordre de 42 €/MWh.
  4. Le montant des importations françaises de gaz s’élève à près de 10 milliards d'euros en 2015.

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