Un nouveau scénario pour sortir du gaz fossile dans l'UE d'ici 2050

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Station d'interconnexion gazière entre la France et l'Allemagne à Obergailbach

Station d'interconnexion gazière entre la France et l'Allemagne à Obergailbach. (©GRTgaz)

L'Union européenne « peut réduire de moitié sa consommation de gaz fossile d'ici 2030 et s'en affranchir complètement d'ici 2050 tout en garantissant la sécurité d'approvisionnement », assure l'institut de recherche allemand Agora Energiewende dans un nouveau rapport publié ce 4 mai (consultable en fin d'article).

Un scénario pour ne plus consommer de gaz fossile dans l'UE en 2050

Agora Energiewende a créé avec d'autres organismes(1) un scénario détaillé de sortie du gaz fossile au sein de l'Union européenne (le EU Gas Exit Pathway). Dans ce scénario, l'institut considère que l'UE pourrait se passer totalement de gaz russe d'ici à 2027 et réduire à néant sa consommation de gaz fossile à l'horizon 2050. Qui plus est « sans mesures perturbatrices de changement de comportement dans les ménages et sans destruction de la demande à court terme dans l'industrie ».

L'institut allemand prend comme référence de son scénario l'année 2018 durant laquelle les 27 États membres actuels avaient consommé 3 902 TWh de gaz (près de 400 milliards de m3)(2). Cette consommation pourrait, selon le scénario retenu, chuter à 2 091 TWh en 2030 (- 46% par rapport à 2018), puis à 398 TWh en 2040 (- 90% par rapport à 2018) avant d'être réduite à zéro au milieu du XXIe siècle.

Baisse de la consommation de gaz fossile dans le scénario d'Agora Energiewende

3 grands chantiers

Le scénario d'Agora Energiewende passe par 3 grands chantiers prioritaires :

  • réduire la consommation de méthane fossile de l'UE « en diminuant structurellement ses besoins d'énergie et de matières premières (entre autres via les rénovations énergétiques de bâtiments) » ;

  • remplacer le méthane fossile « par des alternatives plus propres sans méthane (éolien, solaire, chaleur et hydrogène renouvelables, etc.) » ;
  • satisfaire « une part croissante de la demande de gaz résiduelle de l'UE avec du biogaz et du biométhane provenant de sources durables » et produits localement.

Durant la décennie à venir, c'est au niveau de la production d'électricité qu'Agora Energiewende voit le plus gros potentiel pour baisser la consommation européenne de gaz fossile. Les centrales à gaz dans l'UE ont consommé près de 910 TWh de gaz fossile en 2018 et le scénario présenté estime que cette consommation pourrait être réduite à hauteur de 262 TWh en 2030. Cette chute serait principalement permise grâce à un développement massif des filières renouvelables (éolien et solaire en tête) qui compteraient pour 70% de la production électrique de l'UE en 2030 et 85% en 2040. 

Précisons que le gaz naturel a compté pour 19,9% de la production d'électricité de l'UE en 2022 (contre 22,3% pour les filières éolienne et solaire cumulées).

Evolution de la production d'électricité dans le scénario d'Agora Energiewende

Hydrogène : une grosse différence avec le plan REPowerEU

Le scénario EU Gas Exit Pathway « diffère considérablement de la stratégie REPowerEU de l’UE visant à sortir l'Europe de sa dépendance du gaz fossile russe en ce qui concerne le rôle et l'ampleur de la demande d'hydrogène renouvelable à court terme », souligne Agora Energiewende.

Agora Energiewende rappelle que le plan REPowerEU(3) « prévoit une consommation de 666 TWh (20 Mt) d'hydrogène renouvelable et de ses dérivés pour remplacer le gaz fossile russe en Europe d'ici 2030 ». Dans son propre scénario, l'organisme allemand estime qu'une « consommation de 116 TWh (3,5 Mt) d'ici 2030 serait optimale, l'électrification directe étant systématiquement favorisée par rapport à l'électrification indirecte reposant sur l'hydrogène, plus coûteuse ».

Le scénario d'Agora Energiewende prévoit par la suite une demande beaucoup plus forte de « 570 TWh pour l'hydrogène renouvelable et 95 TWh pour ses dérivés en 2040 et respectivement 950 TWh et 900 TWh en 2050 pour subvenir à la demande de l’industrie, du secteur électrique et du transport aérien et maritime à travers les carburants synthétiques » (la production d'hydrogène à partir de gaz fossile étant presque totalement remplacée « par sa version renouvelable d'ici 2035 »).

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