Vers la fin du charbon à Pékin, puis en Chine ?

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Fin du charbon en Chine

Le charbon fournit à la Chine près des deux tiers de sa consommation d'énergie primaire. (©photo)

Le Bureau municipal de la protection de l’environnement à Pékin a annoncé lundi l’interdiction de l’usage et la vente de charbon dans tout le centre de la capitale d’ici à fin 2020. Cette mesure vise à lutter contre la pollution de l’air, problématique dans le pays.

La « transition » d’un quart de la consommation en 8 ans

L’interdiction de l’usage et de la vente de charbon s’applique plus précisément aux 6 districts les plus centraux de la ville de Pékin : Chaoyang, Haidian, Fengtai, Shijingshan Xicheng et Dongcheng. En 2012, près de 25,4% de la consommation d’énergie de la ville de Pékin était assurée par le charbon. Cette part devrait être ramenée à 10% dès 2017.

Cette annonce va conduire à la fermeture prochaine de nombreuses centrales à charbon et autres installations dépendant de cette industrie dans le centre de Pékin. Certaines d’entre elles ont déjà été arrêtées début juillet. Les besoins en énergie pour le chauffage, la cuisson et d’autres usages qui dépendaient en partie du charbon jusqu’ici devront à l’avenir être assurés grâce au gaz et à l’électricité. Notons que cette interdiction devrait également s’appliquera à d’autres combustibles nuisant à la qualité de l’air tels que le fioul, le coke, les déchets mais aussi une partie de la biomasse.

Pékin, exemple pour la Chine?

Deuxième ville chinoise la plus peuplée après Shanghai(1), Pékin est aujourd’hui tristement connu pour son fog : la capitale subit épisodiquement des phases de pollution qui nuisent à sa réputation comme à la santé de ses habitants. Cette pollution atmosphérique serait en effet responsable de milliers de décès prématurés par an à Pékin selon certains observateurs.

La capitale chinoise s’est donc lancée dans différents plans stratégiques visant à réduire ses émissions de polluants de l’air. Pékin a lancé en novembre 2013 un système d’échange de quotas de carbone (ETS). La ville espère réduire le taux de particules fines dans l’air en dessous des niveaux internationaux jugés sans danger en 16 ans.

Pékin, qui a connu 189 jours de pollution en 2013, n’est naturellement pas la seule ville chinoise victime d’une forte pollution atmosphérique. Hier, la Commission nationale du développement et de la réforme a annoncé que la vente et l’importation de charbon à haute teneur en soufre et en cendres seraient interdites à compter du 1er septembre 2014. Les entreprises chinoises du secteur du charbon devraient être davantage contrôlées.

Rappelons toutefois que l’économie chinoise est encore très dépendante du charbon. Le pays absorbe à lui seul près de la moitié de la consommation mondiale de charbon. Bien qu’elle accélère le développement des EnR et travaille sur des réacteurs nucléaires du futur, la Chine ne pourra donc certainement pas se priver du charbon à moyen terme. Dans son « World Energy Outlook 2013 »(2), l’AIE prévoyait en novembre dernier que la demande chinoise de charbon continuerait à croître dans les années à venir avant d’atteindre un plateau aux alentours de 2025.

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