Birmanie: Aung San Suu Kyi envisage de renoncer à un grand barrage avec la Chine

  • AFP
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Le parti d'Aung San Suu Kyi, qui prendra les rênes du pouvoir en Birmanie début avril, envisage de renoncer à un mégaprojet chinois de barrage et de s'attaquer aux privilèges d'un conglomérat détenu par l'armée.

Après une longue transition politique, la Ligue nationale pour la démocratie (NLD) va devoir rapidement s'atteler aux problèmes économiques et sociaux d'un pays laissé en ruine par près de 50 années de dictature militaire.

Pour Hantha Myint, chargé des questions économiques au sein du parti, le nouveau gouvernement pourrait notamment tout de suite revoir complètement le projet de construction d'une centrale sur le fleuve Irrawaddy à Myitsone, en Etat Kachin, dans le nord du pays.

Ce chantier, de 3,6 milliards de dollars, dont l'électricité était destinée à la Chine, est soutenu par le géant de l'énergie China Power Investment Corp.

Hantha Myint, ingénieur de formation, a notamment souligné le danger potentiel de cette construction prévue à proximité d'une ligne de faille sismique.

Ce projet avait déjà été gelé en 2011 par le gouvernement, ce qui avait provoqué la colère de Pékin, premier partenaire commercial de la Birmanie.

"Si nous refusons de construire un barrage à Myitsone nous pouvons construire d'autres barrages en amont", a-t-il ajouté.

Ye Htut, porte-parole du président sortant, a rappelé que ce projet avait été gelé jusqu'à la fin du mandat du gouvernement et que la décision finale revenait maintenant au prochain exécutif.

"Nous avons suspendu 68 projets différents. Pour tous ces projets, comme pour Myitsone, ce sera au prochain gouvernement de décider", a-t-il déclaré mercredi à l'AFP.

Pour la NLD, cela pourrait être également le moment de revoir les privilèges accordés au Myanmar Economic Holdings Limited (MEHL) - conglomérat militaire présent de la construction aux transports.

"Nous ne serons pas en mesure de donner au MEHL les avantages que leur a accordés le gouvernement précédent", a affirmé à l'AFP Hantha Myint.

Une grande partie de l'économie birmane est aux mains d'immenses conglomérats, construits à l'époque de la junte. Certains magnats ont bâti des empires grâce à leurs liens avec les militaires et se sont partagé les secteurs les plus lucratifs de ce petit pays au sous-sol très riche.

Depuis son élection en 2012 comme députée Aung San Suu Kyi s'est montrée très pragmatique dans ses relations avec ces magnats. Mais aussi avec la Chine, notamment lors de l'enquête parlementaire qu'elle a dirigée après la répression d'une manifestation contre une mine de cuivre chinoise.

Cette enquête avait finalement donné le feu vert à la mine, provoquant la colère des habitants. La compagnie chinoise a d'ailleurs annoncé le lancement de l'extraction en mai.

Jeudi, la NLD doit annoncer le nom de son candidat au poste de président et la composition du futur gouvernement est attendu dans les jours qui viennent.

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