Grande barrière de corail: le Queensland accorde des licences à un projet minier controversé

  • AFP
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Le gouvernement du Queensland a octroyé dimanche des licences d'exploitation minière au groupe indien Adani pour un gigantesque projet critiqué pour son impact possible sur la Grande barrière de corail classée au patrimoine de l'Humanité.

Le groupe indien a cependant déclaré qu'il attendrait l'issue des recours en justice introduits contre le programme Carmichael pour engager des financements définitifs. Le gouvernement de l'Etat du Queensland a annoncé que trois licences d'exploitation - portant sur 11 milliards de tonnes de charbon - avaient été accordées pour ce projet houiller de 21,7 milliars de dollars australiens (14,6 milliards d'euros).

"C'est un important pas en avant, décidé après une évaluation exhaustive du gouvernement", a dit la Première ministre du Queensland Annastascia Palaszczuk dans un communiqué. "Les conditions les plus strictes continueront de protéger les intérêts de l'environnement, des propriétaires de terrains et notre emblématique Grande barrière de corail".

Ce projet de mine de charbon, qui deviendrait l'une des plus vastes au monde, est dénoncé par des associations de défense de l'environnement, qui le jugent néfaste pour le plus grand récif corallien de la planète. Son impact sur le climat en général est également montré du doigt, vu les piètres performances du charbon en matière de gaz à effet de serre.

Adani a salué cette annonce, qui donne au groupe davantage de visibilité alors qu'il veut entamer les travaux en 2017. Mais il a regretté les recours en justice, qui, avec la nécessité d'obtenir le feu vert des autorités à la fois fédérales et de l'Etat, font traîner la procédure depuis six ans.

"La prioprité pour Adani c'est l'obtention de certains feux verts mineurs et la résolution des recours juridiques motivés par des considérations politiques, avant toute décision finale d'investissement", a prévenu un porte-parole. "Initialement, Adani voulait entamer la phase de construction en 2015. Le groupe n'est que trop conscient des risques qu'il y aurait à trop avancer les travaux importants avant que ces questions ne soient réglées".

Au moins deux recours juridiques barrent encore la route d'Adani. L'un d'eux a été formé par un groupe aborigène qui a saisi la cour fédérale de Brisbane en reprochant à Adani de ne pas avoir sollicité son consentement.

La Australian Conservation Foundation a de son côté saisi la Cour fédérale australienne d'un nouveau recours contre le feu vert gouvernemental d'octobre. Menacée par le réchauffement climatique, la Grande Barrière, l'est aussi par l'acanthaster pourpre, une étoile de mer invasive également appelée "couronne d'épines" ou encore par les activités industrielles et agricoles.

Une étude a révélé mardi que la Grande barrière traversait actuellement l'un des plus graves épisodes de blanchissement des coraux. En outre, d'après une étude réalisée par l'Institut australien de la science maritime publiée samedi, les efforts engagés par les autorités pour limiter le déversement de polluants dans la zone "ne devraient pas suffire à protéger les écosystèmes dans les temps voulus".

Canberra a dévoilé en mars 2015 un plan de protection sur 35 ans de la Grande barrière qui interdit tout déversement de déchets de dragage et fixe des objectifs en matière d'amélioration de la qualité de l'eau et de protection de la vie marine. L'Australie doit rendre compte à l'Unesco du résultat de ses efforts d'ici le 1er décembre.

"Notre étude montre que les efforts actuels sont insuffisants pour parvenir aux objectifs de qualité de l'eau fixé par le plan", a déclaré à la Australian Broadcasting Corporation le chercheur Frederieke Kroon. "Les polluants terrestres, y compris les sédiments, nutriments et pesticides agricoles, restent l'une des principales menaces pour la Grande Barrière".

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