Hinkley Point: la décision finale d'investissement d'EDF prise "début mai" (Macron)

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La décision finale d'investissement qu'EDF doit prendre pour lancer définitivement le projet controversé de construction de deux réacteurs nucléaires EPR à Hinkley Point en Angleterre sera prise "début mai", a indiqué mardi le ministre de l'Economie Emmanuel Macron.

Cette décision "ne sera pas officialisée et définitive le 30 mars, parce que nous avons besoin de plusieurs semaines (...) beaucoup plus raisonnablement, elle doit se faire début mai", c'est-à-dire avant l'assemblée générale du groupe prévue le 12 mai, a affirmé le ministre lors d'une audition devant la Commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale.

"Il faut qu'elle soit actée avant l'assemblée générale d'EDF et il faut que nous donnions à nos partenaires britanniques une pleine visibilité sur cet investissement qui est absolument critique pour eux", a précisé M. Macron.

La CGT avait indiqué que le groupe pourrait prendre une décision sur ce projet au coût gigantesque de 18 milliards de livres (environ 23 milliards d'euros) lors de son prochain conseil d'administration programmé le 30 mars.

"Il n'y a pas une urgence à la fin du mois (...) parce qu'il faut travailler sur un ensemble de mesures qui sont au delà du projet Hinkley Point", a ajouté M. Macron.

EDF, qui affichait fin 2015 un endettement net de 37,4 milliards d'euros, doit financer dans les prochaines années le rachat de la branche réacteurs d'Areva, le programme de maintenance lourde des 58 réacteurs français et le projet d'Hinkley Point.

Mais le groupe subit un contexte de marché difficile en Europe, avec des prix de l'électricité qui ont plongé en un an et une part de marché qui s'est réduite en France avec l'ouverture à la concurrence de la fourniture d'électricité.

Cet accumulation d'investissements dans un contexte économique tendu inquiètent à l'intérieur du groupe, notamment les syndicats qui souhaitent un report du projet anglais, et ont poussé le directeur financier, Thomas Piquemal, à démissionner début mars.

L'Etat, actionnaire à plus de 84% d'EDF, et l'électricien discutent actuellement de mesures pour renforcer la situation financière du groupe.

La semaine dernière, Emmanuel Macron a indiqué que l'Etat pourrait de nouveau percevoir en actions les dividendes d'EDF, comme il l'a fait cette année (ce qui évite au groupe de débourser des liquidités), et même, si nécessaire, injecter des fonds dans l'électricien via une recapitalisation.

En parallèle EDF va devoir accentuer ses efforts de réductions de coûts. "J'ai demandé à la direction d'EDF de voir s'il existe des marges de manoeuvres supplémentaires et notamment d'infléchir la dynamique salariale", a indiqué le ministre.

En visite à la centrale nucléaire de Civaux (Vienne) la semaine dernière, Emmanuel Macron avait pointé "un compromis social (...) trop généreux" pendant les dernières décennies au sein d'EDF, citant les protections sociales historiques et les augmentations salariales.

Par ailleurs, Emmanuel Macron a indiqué que "le point spécifique de la cuve" de l'EPR d'Hinkley Point, "sera produit par les Japonais", sans préciser de quelle partie il s'agit, alors que l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a détecté une anomalie sur le couvercle et le fond de la cuve, similaire, destinée à l'EPR de Flamanville et construite par Areva.

"C'est un élément de réduction du risque", a justifié le ministre, les tests sous l'égide de l'ASN sur la cuve de l'EPR de Flamanville étant toujours en cours.

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