Le patron de GDF Suez pourfend le "triple échec" de la politique énergétique européenne

  • AFP
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Le PDG de l'énergéticien français GDF Suez Gérard Mestrallet a pourfendu vendredi le "triple échec" de la politique énergétique européenne, qui a failli selon lui dans ses objectifs fondamentaux.

"Au fond, sur les trois objectifs de toute politique énergétique européenne, le climat, la compétitivité et la sécurité d'approvisionnement, il y a un échec", a-t-il estimé, au cours des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, organisées jusqu'à dimanche.

"Sur le climat, qui était pourtant ces cinq dernières années la priorité absolue de l'Europe, qui a construit un marché du carbone, qui a ratifié le protocole de Kyoto, et qui s'était fixé les objectifs des fameux trois fois vingt à l'horizon 2020, c'est un échec", a-t-il estimé. L'objectif européen des "3 x 20" consiste à réduire de 20% les émissions de gaz à effets de serre, porter à 20% la part des énergies renouvelables et augmenter de 20% les économies d'énergie.

Or, non seulement "le marché carbone s'est effondré", mais les centrales à gaz (moins polluantes) sont évincées par les centrales à charbon, conséquence indirecte de l'essor du gaz de schiste américain, ce qui provoque une remontée des émissions de CO2, a-t-il argumenté.

"Sur la compétitivité, par rapport aux Etats-Unis, le prix de l'énergie pour le consommateur augmente en Europe alors qu'il baisse aux Etats-Unis, sous l'effet des taxes et du coût des énergies renouvelables qui est, dans des pays comme l'Allemagne, devenu presque insupportable", a-t-il diagnostiqué.

Enfin concernant la sécurité d'approvisionnement, les opérateurs européens ont augmenté leurs capacités éoliennes et solaires au moment où la demande était freinée par la crise, aggravant leurs surcapacités. Mais simultanément, "on a des sous-capacités pour les pointes", c'est-à-dire les pics saisonniers de consommation d'électricité, "puisqu'on est en train de fermer à tour de bras des centrales à gaz", a-t-il déploré.

"Il faut reconstruire aujourd'hui" la politique énergétique européenne, a-t-il conclu, appelant à "rétablir le marché du CO2 pour orienter les investissements vers les énergies décarbonées", développer les énergies renouvelables "à un coût supportable pour l'ensemble des consommateurs", et "mettre en place un marché de capacités pour éviter les grandes pannes qui nous attendent" durant un hiver prochain.

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