L'UE autorise Gazprom à accroître sa capacité d'exploitation d'un gazoduc en Allemagne

  • AFP
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La Commission européenne a autorisé vendredi le géant gazier Gazprom, contrôlé par l'Etat russe, à accroître sa capacité d'exploitation d'un gazoduc stratégique en Allemagne, décision qui pourrait avoir des conséquences économiques pour l'Ukraine et la Pologne.

La décision porte sur 80% de la capacité d'un gazoduc nommé "Opal" qui achemine en République tchèque, via l'Allemagne, le gaz russe du pipeline "Nord Stream", qui passe sous la mer baltique

Gazprom, qui ne pouvait jusqu'à présent exploiter que la moitié de ces 80%, sera désormais autorisé à en exploiter jusqu'à la totalité.

Parallèlement, la Commission fixe des conditions afin de faciliter l'entrée de nouveaux acteurs sur ce gazoduc.

Cette décision pourrait avoir un impact négatif sur les volumes de gaz russe qui transitent par l'Ukraine et la Pologne, faisant du même coup baisser les indemnités qui leur sont versées.

Le gazier public polonais PGNiG s'est dit prêt, dès mercredi, "à poursuivre en justice" la décision de la Commission.

Cette menace est "juridiquement infondée", a répondu vendredi un fonctionnaire européen, qui assure par ailleurs qu'"il n'y aura aucune conséquence sur le transport de gaz en Ukraine".

Le contrat avec l'Ukraine encadrant le transit de gaz russe vers l'Europe (environ 15% de la consommation du Vieux Continent) expire pourtant en 2019 et Moscou aimerait à l'avenir se passer de ce voisin avec qui les conflits gaziers se multiplient depuis dix ans.

Selon une source proche du dossier, Gazprom, ultra-dominant en Europe et qui a annoncé le 19 octobre avoir battu son "record historique" d'exportation en une journée, ne rencontrerait aucune difficulté à exploiter la totalité du gazoduc.

- 'Pas une décision politique' -

La Commission européenne avait déjà annoncé mercredi, dans une autre affaire, un probable accord amiable avec le géant russe : soupçonné d'abus de position dominante dans huit Etats membres d'Europe de l'Est, Gazprom devrait échapper à une amende.

Ces deux bonnes nouvelles, coup sur coup, pour le gazier public russe interviennent au moment où les relations entre l'UE - alliée de Washington - et la Russie se sont nettement tendues depuis la crise ukrainienne de 2014, comme en témoignent les lourdes sanctions économiques prises contre Moscou.

Le rôle de la Russie en Syrie, au côté du régime de Bachar Al-Assad, a contribué à refroidir encore les relations, même si les 28 sont divisés sur l'opportunité de nouvelles sanctions.

"Ce n'est pas une décision que nous prenons pour des raisons politiques", a cependant assuré le fonctionnaire européen vendredi, qui explique avoir été "juridiquement obligé d'agir" avant le 31 octobre. "Avec cette décision, nous ouvrons ce gazoduc à plus de concurrence", a-t-il insisté.

Aucune proposition n'a jamais été formulée par un concurrent de Gazprom sur les 50% de capacité du gazoduc qui lui étaient jusqu'à présent inaccessibles, a expliqué la source européenne.

Avec cette décision, ces 50% sont désormais ouverts à Gazprom, mais une partie - 10% - sera réservée, à des prix préférentiels, aux autres entreprises potentiellement intéressées.

Si la demande sur ces 10% est suffisante la première année, la part réservée aux tiers passera à 15% et pourra atteindre jusqu'à 20% les années suivantes. Dans le cas où l'intérêt des concurrents dépasserait 20%, une clause prévoit que l'accord pourra être révisé.

"En terme de concurrence, tout va changer", affirme la source européenne, qui concède cependant "ne pas savoir" si de nouveaux acteurs vont effectivement faire leur entrée.

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