Nucléaire: une association s'inquiète pour la sécurité des sous-traitants

  • AFP
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L'association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest (ACRO) s'est inquiétée jeudi de la sécurité des salariés de sous-traitants intervenant en zone radioactive dans les centrales nucléaires.

Elle s'est notamment insurgée contre le fait que des salariés puissent être tenus comme fautifs et sanctionnés lorsqu'une contamination a été décelée sur leur personne, au lieu que soit recherchée la cause de cette contamination. "Il y a une dérive scandaleuse de la part d'employeurs qui sanctionnent les salariés" lorsque les portiques de contrôle de radioactivité après leur travail, leur détectent une contamination, assure Pierre Barbey, conseiller scientifique de l'ACRO qui publie sur son site internet le témoignage anonyme d'un salarié concerné.

"Cet appareil de contrôle est devenu la hantise des salariés, la guillotine de fin de journée (...) Et que font maintenant les salariés des sous-traitants ? Eh bien ils vont tricher", affirme ce témoin. La plupart des techniciens qui interviennent en zone radioactive, pour la maintenance des réacteurs, sont des salariés de sous-traitants directs ou indirects d'EDF. On estime leur nombre à environ 30 000 en France. Dans un communiqué l'Acro "dénonce ce dévoiement qui n'est, de sources syndicales, pas isolé".

Pour M. Barbey, par ailleurs maître de conférence à l'université de Caen, "qu'un salarié soit contaminé et que ça soit considéré comme une faute et qu'elle soit sanctionnée, c'est grave". Le scientifique cite un courrier reçu selon lui par un travailleur contaminé: "Nous vous indiquons que cette sanction présente un caractère disciplinaire et qu'elle sera portée à votre dossier. A l'occasion de toute nouvelle faute nous serons dans l'obligation d'envisager des actions plus graves".

"Le salarié risque de ramener cette contamination chez lui: c'est encore bien plus grave", ajoute M. Barbey. Les entreprises devraient plutôt s'atteler à chercher la cause de la contamination, qui peut être un équipement défaillant ou un manque de formation, affirme-t-il. Selon lui, les sous-traitants craignent, avec ces événements dit "significatifs", d'être "mal notés par le donneur d'ordre et de perdre le marché" de maintenance nucléaire suivant.

L'ACRO, est un laboratoire indépendant qui effectue des prélèvements autour des sites nucléaires de l'Ouest. Il a aussi étudié la contamination d'enfants japonais après l'accident de Fukushima.

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