- Connaissance des Énergies avec AFP
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L'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a adressé mercredi une longue lettre à EDF dans laquelle elle définit ses attentes pour autoriser un éventuel prolongement de la durée de vie des réacteurs nucléaires français de 900 Mégawatts.
L'ASN a étudié le dossier remis en 2013 par EDF (et complété en 2014) dans lequel l'électricien présente sa démarche et sa méthodologie pour prolonger l'utilisation des 34 réacteurs de ce type au-delà de 40 ans.
"Après examen, l'ASN considère que les thèmes retenus par EDF dans son programme correspondent aux enjeux de sûreté et n'appellent pas de remarques de notre part", déclare Julien Collet, directeur général adjoint de l'ASN, interrogé jeudi par l'AFP.
Toutefois, l'ASN demande à EDF de "compléter son programme sur plusieurs aspects", notamment sur le périmètre des programmes de contrôle.
Ce courrier de 80 pages va permettre de commencer l'instruction par l'ASN du dossier dans sa globalité. EDF va transmettre au fil des mois des études et des documents qui vont être étudiés par l'Autorité.
"L'instruction se déroulera essentiellement en 2017 et 2018", précise M. Collet.
L'ASN doit rendre un avis global sur le prolongement de la durée de vie des réacteurs de 900 MWe "vers la fin 2018".
Elle étudiera ensuite au cas par cas chaque réacteur. La première visite, en 2019, concernera le réacteur de Tricastin 1 (Drôme).
En France, il n'y a pas de limite posée a priori pour la durée de vie des centrales. Mais la réglementation prévoit un contrôle approfondi tous les dix ans. A l'issue de ce "réexamen périodique", l'ASN se prononce sur la capacité du réacteur à fonctionner pour les dix années suivantes.
Les générateurs de 900 MWe sont les plus anciens. Les premiers ont commencé à fonctionner à la fin des années 1970 et au début des années 1980. A l'époque, les constructeurs avaient prévu une durée de vie de 40 ans.
Ce quatrième réexamen décennal à partir de 2019 présente de ce fait "un enjeu particulier". "Dès lors que l'on va au-delà de la durée de vie initialement envisagée, cela nécessite de mener des études spécifiques pour voir le devenir des matériaux au-delà de 40 ans", souligne M. Collet.
Ce réexamen va également permettre de terminer la mise en place des modifications sur les centrales nucléaires demandées dès 2012 par l'ASN, à la suite de la catastrophe de Fukushima en avril 2011.
En outre, le souhait d'EDF exprimé en 2009 de prolonger significativement la durée de fonctionnement des réacteurs au-delà de 40 ans "implique de réévaluer leur sûreté au regard des exigences appliquées aux nouvelles installations", c'est-à-dire au réacteur EPR actuellement en construction à Flamanville (Manche).
"Nous demandons à EDF de s'approcher le plus possible du niveau de sûreté d'un réacteur de type EPR", rappelle M. Collet.