Cours du pétrole : quelles prévisions ?

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Cours du pétrole en baisse

L’excédent d’offre sur les marchés pétroliers devrait perdurer en 2016 pour la 3e année consécutive. (©Anadarko) 

Suite à la levée des sanctions contre l’Iran le 16 janvier, Téhéran a annoncé vouloir augmenter ses exportations pétrolières d’un demi-million de barils par jour malgré la forte chute des cours. La semaine dernière, le prix du baril de Brent est passé sous la barre des 30 dollars, atteignant son plus bas niveau depuis 2003.

Iran : un géant de retour sur un marché déjà excédentaire

L’Iran dispose des 4eréserves mondiales de pétrole. En 2015, ce pays a produit près de 3,1 millions de barils par jour (Mb/j) selon ses dernières estimations nationales. En raison de l’embargo à son encontre, l’Iran a toutefois limité jusqu’ici ses exportations à près d’un million de barils par jour, contre près de 2,3 Mb/j avant les sanctions. Si Téhéran souhaite aujourd’hui mettre sur le marché un demi-million de barils supplémentaires par jour, l’AIE estime que cette hausse sera plus proche de 300 000 b/j à la fin du premier trimestre 2016.

Production, consommation et exportations de pétrole brut de l’Iran

Production, consommation et exportations de pétrole brut de l’Iran. (©Connaissance des energies)

Dans le même temps, l’Arabie saoudite semble attachée à maintenir sa stratégie de défense de ses parts de marché et à ne plus vouloir jouer le rôle de « swing producer » malgré les difficultés économiques des autres pays membres de l’OPEP. « Il est probable que le choix de l’Arabie saoudite soit un choix de long terme », estime Guy Maisonnier, économiste à IFP Énergies nouvelles. Selon lui, l’émergence des « light tight oil » (LTO) américains ont durablement changé la donne du marché pétrolier et ce dernier sera « difficile à réguler par des ajustements de la production de l’OPEP », quand bien même le cartel déciderait de baisser sa production (qui compte actuellement pour près de 40% de la production mondiale).

Un excédent d’offre d’un million de barils par jour en 2016

Dans son « Oil Market Report » de janvier 2016, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a réévalué sa prévision de la consommation mondiale pour 2016 à 95,7 Mb/j, soit une hausse modérée de 1,2 mb/j par rapport à 2015. Au 4e trimestre 2015, la croissance de la consommation a été fortement ralentie par le début d’hiver très clément dans l’hémisphère nord (Europe, États-Unis, Japon) et le ralentissement économique au sein des grands pays émergents (Brésil, Chine, Russie).

Après avoir augmenté de 5 Mb/j entre 2012 et 2014, la production mondiale devrait quant à elle continuer à augmenter malgré une baisse attendue de la production des pays hors OPEP de 600 000 b/j en 2016 (après une hausse de 1,4 Mb/j l’an dernier). Cette baisse est due à la chute de la production américaine de LTO qui avait jusqu’ici bien résisté.

En 2016, l’excédent mondial de l’offre sur le marché devrait au total avoisiner 1 Mb/j selon l’AIE. En ce qui concerne l’évolution des cours, « le contexte est encore trop fluctuant pour faire des prévisions » selon Guy Maisonnier. Elle dépendra en partie de l’accroissement réel de la demande, du niveau de l’offre iranienne et de l’ampleur de la baisse de production américaine.

« Tout se jouera à la marge, un recul progressif des excédents et donc un début de rééquilibrage pourrait être envisageable en fin d’année » selon l’économiste d’IFPEN. Dans ses dernières prévisions, l’EIA américaine estime pour sa part que le cours du baril de Brent pourrait atteindre 40,1 dollars en moyenne en 2016 (contre 52,3$ en 2015), puis remonter aux alentours de 50$ en 2017(1).

Les évolutions récentes (chute du prix du Brent de 66% entre mi-2014 et fin 2015) incitent toutefois encore à la prudence, le ministre saoudien du Pétrole Ali Al-Nouaïmi ayant lui-même déclaré la semaine dernière que le rebond des cours pourrait prendre « un certain temps »

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