Gaz : Vladimir Poutine ordonne d'augmenter les livraisons à l'UE, après le remplissage des réservoirs russes

  • AFP
  • parue le

Le président russe Vladimir Poutine a ordonné mercredi au géant gazier russe Gazprom d'augmenter ses livraisons du gaz à l'Union européenne, une fois que les réservoirs russes auront été remplis.

L'Europe, dont un tiers du gaz provient de Russie, est confrontée à une envolée des prix gaziers, sur fond de demande en hausse du fait de la reprise économique avec l'amélioration de la situation épidémique liée au Covid-19.  Le PDG de Gazprom Alexeï Miller a annoncé mercredi soir les projets du groupe d'achever le remplissage des réservoirs de gaz russes d'ici au 8 novembre, lors d'une réunion sur l'énergie en visioconférence présidée par M. Poutine.

"Je vous prie, après la fin du remplissage des réservoirs souterrains de gaz en Russie, d'ici au 8 novembre ou le 8 novembre, de commencer un travail graduel et planifié pour augmenter les volumes de gaz dans vos réservoirs souterrains en Europe", a déclaré M. Poutine, en précisant qu'il s'agissait notamment de l'Autriche et de l'Allemagne.

"Cela permettra d'assurer de manière fiable, stable et rythmique nos obligations contractuelles et de fournir du gaz à nos partenaires européens en automne et en hiver", a-t-il estimé.

Selon M. Poutine, cela va également créer "une situation plus favorable sur le marché énergétique européen en général". "C'est comme ça que nous allons faire", lui a assuré M. Miller.

En Europe, les stocks de gaz sont au plus bas, entamés par un hiver prolongé en 2020 et pas suffisamment remplis depuis malgré la reprise de l'activité économique post-pandémie. À cela s'ajoute un apport réduit d'énergies renouvelables, comme l'éolien, pour des raisons météorologiques.

Selon Moscou, l'UE a favorisé ces dernières années les achats sur le marché au comptant, sujet aux fluctuations des prix, plutôt que de signer des contrats de long terme avec Gazprom. La Russie assure vouloir livrer plus de gaz, mais souhaite revenir à la pratique des accords pluriannuels.

Commentaires

olivier de boissezon

Je tiens à réagir à cette phrase de l'article :"augmenter les volumes de gaz dans vos réservoirs souterrains en Europe" et enrichir le fond documentaire à propos du stockage de gaz en France et l'évolution des prix du gaz en France.
Pour ce faire, je vous fais passer une info d’un ami, gazier et informaticien au sein de EDF-GdF à l’époque des années 80-90 et 2000.
Je trouve ce point de vue intéressant et éclairant sur ce qui se passe autour de la hausse du prix de l’énergie (gaz ou autres …).

""" L'actualité récente du prix du gaz m'amène à apporter une réflexion (ayant grenouillé une quinzaine d'année à GDF )...pour éclairer des pratiques qu'on ne connait peut être pas.
Tout d'abord , je rappelle que la privatisation de l'elec et du gaz ont été voulue par Chirac et Jospin à Barcelonne en Mars 2002 sous la pression de la sacro-sainte loi de la mise en concurrence et avait pour but de faire baisser les prix de l'énergie...
Avant la privatisation de Gaz de France et son changement de nom en eNGie , la France pilotait ses approvisionnements de Gaz par les stockages souterrains de gaz, en clair , on stockait du gaz sous terre pendant la fin de printemps et l'été pour l'hiver
L'activité de ces structures suivait le cours du gaz ,car ces prix soumis à la politique mondiale de l'offre et la demande (la France n'a pas de gaz) ,en gros ils sont bas l'été et haut en hiver ,GDF déstockait le gaz qu'il avait injecté au cours de la belle saison et quand les prix s'envolaient.
En privatisant GDF, la France s'est désengagée de ce pilotage , et pour rendre le bébé plus beau , a valorisé l'entreprise avec les énormes quantités de gaz stockées (le stockage de Chémery en Sologne est le plus gros d'Europe, mais aussi à Etrez dans le Jura, à Tersanne dans le Sud Est ou à Velaine à côté de Nancy..13 milliards de m3 en tout !) faisant grimper un cours de bourse attrayant ...Ensuite il n'y avait plus d'intérêt à stocker du gaz et encore plus fort , l'entreprise loue maintenant ses poches, par l’intermédiaire de Storengy (Filiale 100% de Engie) aux opérateurs/producteurs ..Ces poches sont comme des énormes bouteilles de gaz qui selon finances , permettent aux producteurs de stocker le gaz quand ceux ci ont de la surproduction et/ou que les prix soient au plus bas , et déstockent quand les prix sont les plus hauts ... comme l'état le faisait , mais pas au profit des mêmes.
En effet les contrats de gaz sont aujourd'hui dits "contrats à courts termes" et le prix du gaz est facturé aux distributeurs (Engie, direct energie, poweo etc...) pratiquement au jour le jour ...
Situation à cet automne 2021, Gazprom ,qui est le principal client des stockages souterrains (Storengy), a fait injecté du gaz pendant le COVID (entreprises, hotels à l'arrêt) dans les poches et maintenant (Gazprom) le fait soutirer au prix le plus fort alors que les prix sont au plus haut .... Ce n'est donc pas Poutine qui fait varier le prix du gaz , ce sont les systèmes libéraux eux mêmes, auxquels les politiques se sont enferrés et ne peuvent maintenant revenir en arrière.
Ces changements se sont déroulés sur tapis vert, aucune modification technique , que des jeux d'écritures, des négos internationales bien au dessus de la tête des consommateurs au profit, non seulement des producteurs, mais aussi des opérateurs qui font transiter , ou stockent le gaz
Les dessous des privatisations ont pour conséquences qu'elles ne se font jamais pour l'intérêt général ou celui des consommateurs ...
CQFD Bien à vous """

En quelques mots, les efforts de rentabilité demandés à l'époque par l'Etat aux Entreprises Publiques Industrielles et Commerciales (EPIC EDF, EPIC GdF) servaient l'ensemble des usagers (ou Abonnés) et le prix baissait certaines années en Francs constants.
Depuis la privatisation, qui n'a pas couté bien cher à Engie (prix bradés pour des amis de la finance), les bénéfices sont maintenant reversés à une poignée d'Actionnaires et Engie tire grandement parti des installations appartenant à la Nation, en surfant sur la vente ou location d'espace de stockage qu'Engie n'a pas créés. Car ces installations performantes ont été financées à l'époque par l'usager, l'abonné, le contribuable (autofinancement des EPIC, participation partielle de l'Etat)...
Moralement, de plus, imputer l'augmentation des prix à la pandémie et sa reprise, est particulièrement abject. Car c'est plutôt les multinationales et le capitalisme de marché exclusivement qui sont à l'origine de cette augmentation des prix, justifiée à partir d'une "pénurie organisée".
Désolé de ne pas suivre la pensée unique...

Marc Diedisheim

Votre ami suit bel et bien une pensée unique, la sienne, inspirée d'anticapitalisme et d'antimondialisme. Mais puisqu'il veut absolument faire remonter la source du problème à des décisions politiques françaises, il semble alors utile de remonter jusqu'à la source ultime de ces décisions. Notre Etat a des besoins de financement colossaux, qui depuis 1945 n'ont jamais été couverts par les seuls prélèvements récurrents sur les revenus de la population et des entreprises relevant de la fiscalité française. Pour compenser Il faut donc réduire ces besoins de financement à travers la réduction des dépenses de l'Etat, ou augmenter encore les prélèvements sur la population française et sur les entreprises concernées. Ces deux perspectives sont devenues de plus en plus impopulaires, donc de plus en plus politiquement impossibles (dans une démocratie représentative). En revanche, vendre les stocks (mais garder la propriété des lieux de stockage) est l'un des multiples moyens de réduire définitivement les besoins de financement tout en jouissant d'une injection ponctuelle de cash (ou équivalent), et en assurant une rente à long terme à travers les locations des moyens de stockage. Moyen indolore qui convient à tous puisqu'il ne nécessite (momentanément) pas l'augmentation de la pression financière sur la population ni sur les entreprises. Depuis 1983, tout les gouvernements ont utilisé la vente des "bijoux de famille" comme outil de financement de notre déficit "structurel". Ce qui amène à penser que la suppression de la nécessité, ou simplement de l'attrait, de la vente des bijoux de famille réside dans la suppression du déficit budgétaire de l'Etat. C'est possible: en Allemagne cela fut fait, et est devenu un principe constitutionnel en 2009. Nos compatriotes français sont-ils prêts à subir personnellement la rigueur de ce principe, qui permettrait de restaurer les capacités d'investissement de notre Etat ? Voit-on descendre dans les rues des manifestations populaires massives pour réclamer la suppression du déficit budgétaire de l'Etat ? Cessons de blâmer les politiques qui ne font que suivre l'opinion publique, c'est-à-dire également nous-mêmes. Bien cordialement.

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