- Connaissance des Énergies avec AFP
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Le géant pétrolier saoudien Aramco a annoncé mardi une baisse de 2,3% de son bénéfice au troisième trimestre, alors que les incertitudes économiques mondiales et l'abondance de l'offre continuent de peser sur les cours.
Onzième baisse trimestrielle du bénéfice net
Le bénéfice net du premier exportateur de brut au monde s'est établi à 26,94 milliards de dollars (101 milliards de rials), contre 27,56 milliards en 2024, marquant ainsi sa onzième baisse trimestrielle consécutive.
Hors éléments exceptionnels, son résultat net ajusté ressort toutefois en légère hausse sur un an, d'environ 1%, à 27,98 milliards de dollars, dépassant les prévisions de 15 interrogés par l'entreprise, qui tablaient sur une valeur médiane de 26,5 milliards.
Le prix du pétrole a été sous pression ces derniers mois, sur fond d'incertitudes économiques mondiales liées aux droits de douane et aux craintes de récession. La forte augmentation des quotas de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+), dont fait partie l'Arabie saoudite, depuis le mois d'avril, a inondé le marché et contribué à l'érosion des prix.
"Nous avons augmenté la production avec un coût supplémentaire minimal, tout en fournissant de manière fiable le pétrole, le gaz et les produits associés dont dépendent nos clients", s'est félicité le PDG d'Aramco, Amin Nasser.
Pressions à la baisse sur les cours
Les recettes de l'entreprise publique, pilier de l'économie saoudienne, permettent de financer les ambitieux projets de diversification du royaume, qui cherche à réduire sa dépendance aux hydrocarbures, en développant les secteurs des affaires, du tourisme et des loisirs.
Dimanche, Ryad, Moscou et six autres membres de l'Opep+ ont augmenté leurs quotas de production pour le mois de décembre, tout en annonçant une pause au premier trimestre 2026.
L'Arabie saoudite produit en deçà de sa capacité de 12 millions de barils par jour (Mb/j) depuis une série de baisses de la production remontant à octobre 2022. "Les Saoudiens ont réussi à augmenter leurs niveaux de production et les prix du pétrole ont légèrement progressé au cours du dernier trimestre", a déclaré à l'AFP Robert Mogielnicki, de l'Arab Gulf States Institute à Washington.
"Mais les perspectives globales des prix du pétrole laissent encore entrevoir une forte probabilité de pressions à la baisse à l'approche de l'année prochaine", a-t-il ajouté.
IA et pétrole
Depuis avril, l'Arabie saoudite, la Russie, l'Irak, les Emirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, Oman et l'Algérie augmentent chaque mois leurs objectifs de production pour lutter contre la concurrence croissante, notamment des producteurs de pétrole de schiste américains.
Les facteurs géopolitiques, notamment les nouvelles sanctions américaines visant des entreprises énergétiques russes, ont toutefois permis d'empêcher une baisse plus marquée des cours.
Le dirigeant d'Aramco a par ailleurs réaffirmé son engagement à déployer des "solutions d'intelligence artificielle (IA) avancées" afin de stimuler davantage la croissance. La compagnie avait annoncé la semaine dernière son intention d'acquérir une "participation minoritaire significative" dans la jeune entreprise d'intelligence artificielle saoudienne, Humain.
Mais même si Aramco, l'une des entreprises les plus rentables au monde, continue d'engranger des milliards de dollars de bénéfices chaque trimestre, le gouvernement saoudien a prévu en septembre que le royaume enregistrerait un déficit budgétaire équivalant à 5,3 % de son Produit intérieur brut (PIB) cette année.
"Il existe toujours un lien étroit entre les performances d'Aramco et la santé budgétaire du gouvernement", a expliqué M. Mogielnicki. "Un meilleur trimestre, ce n'est pas négligeable, mais les performances annuelles sont évidemment plus importantes", a-t-il ajouté.