Mini-réacteurs nucléaires : l'Europe doit investir massivement pour rattraper son retard

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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La France et l'Europe accusent un retard dans la course aux mini-réacteurs nucléaires qui pourrait être rattrapé à condition de consacrer des investissements massifs de l'ordre "du milliard d'euros" par projet pour construire les premiers prototypes, selon un rapport d'experts français.

« De l'ordre du milliard d'euros par projet »

À l'heure où le nucléaire connaît un regain d'intérêt pour répondre aux défis climatiques et de souveraineté énergétique, les SMR (small modular reactors) et les AMR (advanced modular reactors) se positionnent comme des alternatives de proximité pour fournir de l'électricité décarbonée et/ou de la chaleur aux industries (verre, chimie, acier...) aujourd'hui très dépendantes des énergies fossiles.

Dans cette course technologique, menée notamment par des start-up, "l'Europe est en retard dans le développement et les premières réalisations de SMR/AMR par rapport à la Chine, la Russie et les États-Unis", constate le régulateur français de l'énergie, la Commission de régulation de l'énergie (CRE), dans un rapport publié mardi.

"Aucun pays n'ayant encore atteint l'effet de série, ce retard est rattrapable, à condition toutefois de déverrouiller l'obstacle actuel de financement de la phase de construction du prototype", écrivent les auteurs de ce rapport coprésidé par Anne-Marie Choho, directrice générale de Setec, un groupe d'ingénierie pluridisciplinaire français, et François Lévêque, professeur d'économie à l'école d'ingénieurs Mines Paris-PSL.

Cette phase de prototypage représente "de l'ordre du milliard d'euros par projet", estiment-ils. Or, le retour sur investissements "présente encore trop de risques pour que des investisseurs privés s'y lancent seuls".

Un développement commercial des SMR « dans la décennie 2030 »

Si des investisseurs privés ont injecté des fonds dans des projets européens "pour leur étape d'émergence, aucun fonds d'investissement prêt à financer l'étape, bien plus onéreuse et plus longue, d'industrialisation de ces réacteurs, n'a été identifié", constatent-ils.

Les pays "en avance, ceux qui ont des prototypes, sont des pays où l'État a mis des financements à l'échelle du milliard d'euros par projet", a souligné Mme Choho en présentant le rapport. Aux États-Unis, ces financements ont ainsi permis de débloquer des apports financiers privés "du même ordre".

A contrario, en Europe, les efforts consentis par les États représentaient "100 fois moins" par projet, donc environ 10 millions d'euros, a-t-elle ajouté. En France, Naarea, la plus importante start-up nucléaire française et l'une des 11 entreprises innovantes soutenues par l'État, a été placée en redressement judiciaire le 3 septembre.

Le déploiement commercial est attendu "dans la décennie 2030" pour les SMR, tandis que l'horizon est plus lointain, vers 2040-2050 pour les AMR, moins matures, selon le rapport.

Commentaires

Rochain Serge
On a bien fait de ne pas de précipiter. On aura moins perdu quand il faudra abandonner cette piste pourrie
Etienne Leroy
Rochain, tu confonds encore "ne pas se précipiter" et rester planté au bord de la route à regarder passer le train. Pendant que tu te rassures en parlant de "piste pourrie", les Américains, les Chinois et même les Russes alignent des prototypes grandeur nature — parce qu’ils savent qu’aucune technologie ne se valide dans des PowerPoint. Tu veux qu’on attende sagement 2040 pour importer leurs SMR clefs en main ? Belle stratégie d’indépendance ! Ce qui est pourri, ce n’est pas d’oser tester des solutions bas-carbone pour l’industrie et la chaleur, c’est de se condamner à rester client des autres parce qu’on a eu peur d’investir. En science comme en économie, c’est celui qui fabrique le premier démonstrateur qui fixe les règles du jeu. À force de confondre prudence et immobilisme, tu proposes surtout de rater le train… et d’acheter un ticket très cher quand il sera déjà plein.
Olivier DE BOI…
ah la la, ces start up, bénites et encensées ! J'ai l'impression qu'elles pompent surtout les subventions européennes, sans rien produire de vraiment concret ... Ya des bons salaires qui se servent surtout ... Je cite l'AFP : "Naarea, la plus importante start-up nucléaire française et l'une des 11 entreprises innovantes soutenues par l'État, a été placée en redressement judiciaire le 3 septembre." Combien de start up font pschiiit ?
Oleg Hugo
Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent on en cherche. MonGénéral résumait ainsi le CNRS fondé par un stalinien qui n'avait pas envie de voir la France capable de tenir tête au grand frère soviétique. Soixante ans après la France est toujours dans le même état d'esprit, on a acheté voici 55 ans une technologie états-unienne, on l'a développée et même poussée au-delà de son optimum économique mais on ne veut rien essayer de nouveau, ou alors on y met des moyens symboliques et on laisse des escrocs déconsidérer les innovateurs. La recherche est un domaine trop important pour être confié aux chercheurs mais pas non plus à des fonctionnaires, qu'ils soient sciences potards, énarques ou de n'importe quelle coterie. En 1799 beaucoup disaient qu'il fallait à la France une épée (un militaire), mais aujourd'hui il faut un manager ; un homme ou une femme qui remette les budgets publics à l'équilibre en un mois et laisse enfin la liberté aux innovateurs. Il est temps de relire Frédéric Bastiat : "Eh quoi ! Est-il donc si difficile de laisser les hommes essayer, tâtonner, choisir, se tromper, se rectifier, apprendre, se concerter, gouverner leurs propriétés et leurs intérêts, agir pour eux-mêmes, à leurs périls et risques, sous leur propre responsabilité ; et ne voit-on pas que c'est ce qui les fait hommes ? Partira-t-on toujours de cette fatale hypothèse, que tous les gouvernants sont des tuteurs et tous les gouvernés des pupilles ?" Chassons les gaspillages d'argent public, ramenons l'Etat dans ses fonctions régaliennes et le déficit sera transformé en excédent, il sera alors simple de diminuer les impôts et de laisser cet argent s'investir dans l'économie qui cherche, qui produit plutôt que dans celle qui ne cesse d'inventer des contraintes. Nous sommes devenus à peu près aussi efficaces que feue l'Union soviétique, regardons ce qu'a fait Reagan et inspirons-nous de son bon sens. 67% des biens manufacturés consommés en France sont importés (c'est chouette, on ne comptabilise pas les GES importés), déficit commercial en légumes (avec l'Allemagne, je ne parle pas de l'Espagne), la moitié des conteneurs arrivant en France débarquent dans des ports étrangers et j'arrête car j'ai déjà été trop long.

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