Réseau électrique : de l'aluminium recyclé dans les lignes à haute tension de RTE

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Le gestionnaire des lignes à haute et très haute tension RTE a commencé à recycler l'aluminium des câbles de ses lignes aériennes, une manière de rendre plus vertueux la transformation et le renouvellement massif du réseau électrique français, a-t-il indiqué à l'AFP.

Alors que la France prépare sa transition énergétique, "on va avoir une décarbonation très, très forte, à la fois dans le domaine de la production d'électricité et de la consommation d'électricité", a rappelé Delphine Porfirio, directrice du département concertation et environnement chez RTE.

Éoliennes en mer, à terre, champs photovoltaïques et, dans un futur plus lointain, centrales nucléaires, "toutes ces nouvelles formes de production, nous allons devoir les raccorder au réseau de transport d'électricité", a-t-elle souligné. Cette nouvelle donne, combinée à un réseau vieillissant et donc à renouveler conduit RTE à investir dès 2024 "de l'ordre de 2 milliards d'euros, et ça va continuer à augmenter dans les années futures".

Si l'aluminium, contrairement à de nombreux métaux de la transition énergétique, ne pose pas de problème de ressources, sa production à partir de bauxite se traduit par une chaîne d'approvisionnement souvent complexe et sa production est très énergivore et émettrice de carbone, sans compter les rejets de boues rouges dans l'environnement.

D'où l'idée de "récupérer" l'aluminium dans d'anciens câbles électriques "pour pouvoir ensuite le réinjecter dans le process de fabrication de nouveaux câbles", explique Mme Porfirio. Une manière également de renforcer la souveraineté industrielle en métaux critiques de la France, préoccupation au cœur d'un sommet organisé cette semaine à Paris par l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

RTE a ainsi prélevé du câble déposé de lignes électriques dans la vallée savoyarde de la Maurienne. Ce câble a été tronçonné, avant d'être confié à l'entreprise MTB qui a séparé l'aluminium du reste des matières. Cet aluminium de seconde main a ensuite été fondu avec de l'aluminium primaire de haute pureté par le groupe allemand Trimet, dans ses fours de Saint-Jean-de-Maurienne.

Ces fils d'aluminium recyclé vont être utilisés par des câbliers, "qui vont donc fabriquer du câble électrique utilisé sur nos lignes", a indiqué Mme Porfirio. "Ce qu'on a récupéré en Maurienne nous a permis de fabriquer 40 kilomètres de circuit électrique, qui ont équipé pour partie des lignes qu'on a renouvelées sur le territoire français" à l'été 2023, en Corrèze et dans le Maine-et-Loire, a-t-elle précisé.

RTE, qui aura, rien qu'en 2024, quelque 600 kilomètres de lignes à remplacer sur le réseau français, espère désormais "transformer l'essai et faire de cette expérimentation une véritable filière industrielle".

Trimet France n'a pas souhaité donner la proportion d'aluminium de seconde main incorporé, mais "c'est à deux chiffres, ce n'est pas de l'homéopathique", a indiqué Loïc Maenner, directeur général de Trimet France.

Il précise que "refondre de l'aluminium recyclé consomme 5% de l'énergie nécessaire pour produire de l'aluminium primaire". Néanmoins, malgré ces économies d'énergies, l'opération, plus complexe, entraîne un surcoût, lequel pourrait être atténué en cas de forte augmentation des volumes traités.

Commentaires

Serge Rochain

<Éoliennes en mer, à terre, champs photovoltaïques et, dans un futur plus lointain, centrales nucléaires, "toutes ces nouvelles formes de production, nous allons devoir les raccorder au réseau de transport d'électricité">

Tien je croyais que les centrales nucléaires etaient déjà toutes raccordées au réseau et que les nouveaux réacteurs seraient intégrés dans les centrales existantes ?

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