Suède : la Cour des comptes critique un manque d'anticipation dans la politique énergétique avec une fiscalité inadaptée

  • AFP
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La Suède a manqué d'anticipation dans sa politique énergétique depuis 22 ans avec une fiscalité inadaptée, ce qui fragilise la sécurité de son approvisionnement, estime la Cour des comptes suédoise dans un rapport publié mardi.

Ce rapport intervient au moment où les pays de l'Union européenne se préparent à un nouvel hiver avec un approvisionnement réduit en gaz russe, la guerre en Ukraine ayant mis sur la table la question de la sécurité énergétique. Dans ce contexte, plusieurs pays veulent relancer leur production d'électricité nucléaire, à l'image de la Suède ou de la France tandis que l'Allemagne en est sortie.

Dans son rapport sur la politique énergétique menée par les gouvernements depuis 22 ans, la Cour des comptes suédoise estime que "la majorité des décisions ont été prises sans analyses d'impact suffisantes, notamment en ce qui concerne l'impact sur la sécurité de l'approvisionnement" énergétique.

Riksrevisionen cite l'exemple d'une taxe nucléaire dont le niveau a été augmenté par trois gouvernements successifs depuis son instauration en 2000 après l'ouverture à la concurrence du marché de l'énergie. Au lieu de taxer l'électricité produite comme ce qui se faisait auparavant, les compagnies nucléaires ont été taxées sur l'électricité qui leur était théoriquement possible de produire.

L'augmentation de cette taxe en 2015 par le gouvernement social-démocrate, "couplée à l'imposition existante et aux faibles prix de l'électricité a contribué à la fermeture de quatre réacteurs nucléaires, affaiblissant ainsi le réseau de transmission", affirme Riksrevisionen. Pour elle, cette décision a été prise sans fondement scientifique nécessaire. "D'ici quelques décennies, de larges pans de la société vont s'électrifier" et augmenter par conséquent la consommation d'électricité, selon la même instance.

La Cour appelle gouvernement et administration à prendre des mesures pour répondre à cette demande croissante.

La Suède exploite six réacteurs dans trois centrales différentes, mis en service au cours de la décennie 1975-1985. Plusieurs autres réacteurs ont été arrêtés depuis 1999 à la suite d'un référendum non contraignant en 1980, se prononçant en faveur d'un abandon progressif de l'énergie nucléaire. Le pays a du mal à trouver des sources d'énergie alternatives viables pour remplacer l'énergie nucléaire, les énergies renouvelables n'étant pas encore en mesure de répondre entièrement à ses besoins.

Début août, le gouvernement suédois de droite a annoncé lever les obstacles à la construction de nouveaux réacteurs nucléaires. Concrètement, la Suède aura besoin de l'équivalent de dix nouveaux réacteurs nucléaires conventionnels d'ici 2045, selon les estimations du gouvernement de droite.

Commentaires

Antoine

Quand on veut tuer son chien on dit qu’il a la rage…C’est exactement ce qu’on fait les gouvernements durant des décennies vis-à-vis du nucléaire. Quoi de mieux que de l’accuser d’être non-compétitif après lui avoir mis des barrières servant justement à ce qu’il soit non compétitif ? La Suède, comme la France et bien d’autres, reviennent de très très loin.

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