Une ONG africaine accuse TotalEnergies de prendre « en otage » son pays

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Drapeau du Mozambique

L'ONG mozambicaine Justiça Ambiental a dénoncé lundi les conditions "ultra-favorables" demandées par TotalEnergies au Mozambique pour relancer son projet gazier géant et a accusé la major française de prendre "en otage" ce pays d'Afrique australe, parmi les plus pauvres au monde.

« Total tente un nouveau tour de force »

Après quatre ans de suspension en raison d'une attaque jihadiste meurtrière, le géant français des hydrocarbures s'est dit vendredi prêt à reprendre le projet onshore, dont il est le premier actionnaire et le maître d'œuvre, dans une lettre adressée au président du Mozambique dans laquelle il dit souhaiter une compensation pour le surcoût lié au retard, chiffré à 4,5 milliards de dollars.

"Total tente un nouveau tour de force pour obtenir des conditions de relance ultra-favorables. (...) L'une des entreprises les plus riches du monde prend ainsi en otage l'un des pays les plus pauvres", accuse Daniel Ribeiro, directeur chez Justiça Ambiental, dans un communiqué signé par plusieurs ONG, dont les Amis de la Terre.

Plus de 80% des Mozambicains sous le seuil de pauvreté

Le consortium Mozambique LNG, mené par TotalEnergies, a aussi demandé que lui soit accordée une "extension" de sa licence d'exploitation "d'une durée de 10 ans", indique la lettre en date du 24 octobre signée du président-directeur général du groupe, Patrick Pouyanné, et dont l'AFP a obtenu copie. 

"Le gouvernement mozambicain a été contraint de fournir des forces de sécurité publiques pour protéger Mozambique LNG, et il est désormais appelé à payer les coûts liés aux retards du projet. Cela affaiblirait l'économie du Mozambique, aggraverait les conditions de vie des Mozambicains et alimenterait davantage l'insurrection", estime Daniel Ribeiro.

L'insurrection jihadiste qui déchire depuis 2017 la province du Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique, a fait plus de 6 200 morts, d'après l'ONG Acled, qui collecte des données sur les conflits. Dans son épisode le plus marquant, en mars 2021, le groupe local affilié à l'organisation État islamique a pillé plusieurs jours durant Palma, la ville voisine du site gazier, et tué plus de 800 personnes, d'après l'Acled.

Le projet mené par TotalEnergies, avec ceux de l'Italien ENI ainsi que celui attendu de l'Américain ExxonMobil, "pourraient faire du Mozambique un des 10 premiers producteurs mondiaux (de gaz), contribuant à 20% de la production africaine d'ici 2040", d'après un rapport du cabinet Deloitte de 2024.

Plus de 80% des Mozambicains vivaient sous le seuil de pauvreté de 3 dollars par jour et par personne en 2022, d'après la Banque mondiale.

 

 

Commentaires

Silicate
L'Etat islamique est un danger bien plus grand (plus de 6200 morts à ce jour) que Total qui enrichira le gouvernement qui conbat l'EI. Mais d'ou parle cette ONG ??
Laurent
on peut voir tous les brillants résultats d´un régime communiste
Michaux Andre
J'évite chaque fois de faire le plein chez TOTAL
Hélène de La R…
TotalEnergies préfère se défausser de ses responsabilités sur les consommatrices et consommateurs plutôt que de s’engager dans une réelle transition énergétique. Non, TotalEnergies et ses concurrentes ne font pas que répondre à la demande en pétrole et en gaz.
La réalité, c’est qu’elles font tout pour continuer à la booster et pour freiner cette transition. Elles ne sont pas guidées par une volonté altruiste de répondre aux besoins de la population, comme elles tentent de nous le faire croire. Elles font délibérément le choix de prioriser leurs profits en produisant toujours plus d’énergies fossiles, aux dépens de l’environnement, du climat et de notre santé, alors même que la communauté scientifique est claire sur le fait que les gisements actuels sont suffisants.
Depuis un demi-siècle, Total sait que ses activités contribuent au réchauffement climatique. Réaction de la majeure pétrolière ? Détourner les yeux, instiller le doute sur la véracité des données scientifiques afin d’extraire toujours plus de combustibles fossiles, puis retarder toute politique de lutte ambitieuse.
La multinationale a déployé d’immenses efforts pour produire de l’ignorance autour du changement climatique et lutter contre la régulation de ses activités. Des politiques aux conséquences désastreuses : l’extraction annuelle des combustibles fossiles a septuplé au cours des soixante-dix dernières années, et vingt entreprises du secteur des énergies fossiles sont responsables de plus d’un tiers des émissions totales de gaz à effet de serre dans le monde depuis 1965.
D’autant que d’autres solutions existent et peuvent être mises en place dès à présent. Avec ses financements et sa capacité d’innovation, TotalEnergies a toutes les cartes en mains pour prioriser le développement des énergies renouvelables plutôt que de continuer à miser sur la rentabilité du pétrole et du gaz. Le gouvernement doit également jouer son rôle dans la transition énergétique, en proposant une réelle trajectoire de sortie des énergies fossiles qui permettrait de respecter les engagements climatiques pris par la France. Pour ce faire, il est nécessaire que celle-ci repose sur la sobriété. Pour répondre à la demande, nous avons aussi, et surtout, besoin de la réduire, en agissant sur le gaspillage et les absurdités énergétiques comme les panneaux lumineux, les jets privés ou les SUV.
Je rappelle que TotalEnergies vient d’être condamné par la justice. Le 23 octobre, le tribunal judiciaire de Paris a condamné le géant pétrogazier pour avoir “trompé les consommateurs quant à ses engagements climatiques”. Greenwashing, quand tu nous tiens…

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