La diplomatie climatique allemande - La recherche d’un équilibre entre développement durable et sécurité énergétique

  • Source : Ifri

Dans l'étude ci-après publiée ce 18 mars par le Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l'Ifri, Jeanette Süẞ(1) décrit la nouvelle approche de la « diplomatie climatique » allemande et les défis associés.

« Klimaauẞenpolitik » : une nouvelle approche de la politique étrangère allemande sur le climat

L'Allemagne, qui compte aujourd'hui pour près de 2% des émissions mondiales de CO2, a pu devenir la première puissance industrielle européenne grâce à l’exploitation des combustibles fossiles : le pays serait ainsi « responsable d’un volume d’émissions historiques environ 60 fois supérieur à celui du Bangladesh », indique Jeanette Süẞ. Il en résulte « une responsabilité particulière vis-à-vis des pays tiers qui aspirent à s’industrialiser de leur côté ».

Les Verts - au pouvoir au sein d'une coalition « feu tricolore » réunissant également les sociaux-démocrates et les libéraux-démocrates depuis fin 2021 - entendent  « créer une nouvelle approche de politique étrangère sur le climat (Klimaauẞenpolitik) » dépassant le cadre « classique » de la diplomatie climatique(2), qui s'exprime principalement au fil des conférences sur le climat (COP).

Une envoyée spéciale et un « Club climat »

La nouvelle stratégie allemande vise à « encadrer et aligner » les partenariats climatiques, énergétiques et de développement et doit servir de guide aux 4 ministères fédéraux compétents pour les sujets de politique climatique internationale(3), en apportant de la cohérence à leurs actions.

La coalition allemande au pouvoir s'est dotée d'une envoyée spéciale pour le climat, Jennifer Morgan (ancienne directrice de Greenpeace International à l’initiative de l'équipe allemande « Team Deutschland » qui agit notamment lors des négociations de la COP). Olaf Scholz a également mis en place un « Club climat » lancé officiellement lors de la COP28, « approche privilégiée par l’Allemagne pour inciter les autres États à accélérer leur rythme de décarbonation alors qu’il a été conçu, à l’origine, comme un outil de gestion d’émissions ».

En quête de cohérence

Dans cette reconfiguration de la diplomatie climatique, « respecter ses propres objectifs est crucial pour maintenir l’image de l’Allemagne comme acteur proactif dans la lutte contre le changement climatique ». Jeanette Süẞ note toutefois que « le gouvernement fédéral allemand demeure réticent à mettre en œuvre des changements substantiels à l’échelle nationale comme la fin des subventions aux combustibles traditionnels ou la sortie de chauffages à base d’énergies fossiles ».

Et les partenaires de la coalition au pouvoir « ne semblent pas être identiquement investis dans la diplomatie climatique » à ce jour : un « alignement des positions au sein du gouvernement semble crucial pour mener à bien la transition énergétique de l’économie allemande mais également pour se positionner comme un acteur crédible à l’échelle internationale » (tout comme l'atteinte des objectifs climatiques domestiques), souligne cette étude.

Lire l'étude :
Etude sur la diplomatie climatique allemande

Sources / Notes

  1. Jeanette Süẞ est chercheuse au Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l’Ifri, où elle travaille en particulier sur la politique intérieure allemande, l’UE et le couple franco-allemand.
  2. Cette ambition s'est matérialisée par la présentation en décembre 2023 de la Klimaaußenpolitikstrategie.
  3. Le ministère fédéral des Affaires étrangères (AA) et son nouveau département de politique climatique internationale ; le ministère fédéral de l’Économie et de la Protection du climat (BMWK) ; le ministère fédéral de l’Environnement, de la Protection de la nature, de la Sûreté nucléaire et de la Protection des consommateurs (BMUV) ; et le ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement (BMZ).