France-Allemagne, frères ennemis de la transition énergétique

Patrick Criqui et Carine Sebi

Patrick Criqui, Directeur de recherche émérite au CNRS, Université Grenoble Alpes (UGA).
Carine Sebi, Professeure Associée et coordinatrice de la Chaire « Energy for Society », Grenoble École de Management (GEM).

Si le couple franco-allemand est fréquemment décrit comme le « moteur de l’Europe », il y a un domaine dans lequel il peut être qualifié de dysfonctionnel : celui de l’énergie.

Une situation d’autant plus inquiétante que chacun des modèles énergétiques portés par l’un et l’autre pays sont aujourd’hui en difficulté ; un différend persistant qui déstabilise de manière récurrente l’ensemble de l’édifice du Fit for 55(1), le « paquet climat » de l’Union européenne(2).

À partir d’une note approfondie publiée en juin 2023 dans Confrontations Europe(3) – et qui s’appuie notamment sur les analyses en politique comparative de Stefan Aykut et Aurélien Evrard(4) –, nous proposons ici de retracer une brève « histoire longue » des trajectoires énergétiques de la France et de l’Allemagne.

Il s’agit de mettre en lumière les fractures principales et d’identifier ce que pourraient être des principes d’action commune.

Des années 1950 aux crises du charbon et du pétrole

En Allemagne, après la Seconde Guerre mondiale, alors que le pays est exclu du nucléaire militaire, le charbon et le lignite vont, du fait de ressources très importantes, jouer un rôle essentiel dans la reconstruction.

Le secteur énergétique est originellement au cœur du corporatisme à l’allemande, s’appuyant sur le rôle des syndicats et des Stadtwerke, régies locales pour la gestion des services industriels et de l’énergie. Les crises du charbon des années 1950 et 1960, puis la crise du pétrole des années 1970, vont marquer une plus forte intervention de l’État fédéral, avec un plan de soutien au charbon national et le lancement d’un programme nucléaire.

À la fin des années 1970, la part du charbon dans l’énergie primaire est stabilisée à 30% et celle du nucléaire à 40% pour l’électricité. Mais les transformations engagées le sont dans une géopolitique régionale de l’énergie avec, au Nord-Ouest, des régions historiquement charbonnières et bastions du SPD (Parti social-démocrate) et, au Sud-Est, des Länder conservateurs (CDU et CSU) soutenant le développement du nucléaire sur leur territoire. Cette dichotomie dans la « communauté de politique publique » sera mise à profit par le mouvement antinucléaire.

En France, à l’inverse, la première caractéristique du système énergétique est sans doute sa centralisation extrême, consacrée par la loi de nationalisation de 1946, qui ne laisse qu’exceptionnellement une place aux régies et entreprises locales. Dans cette perspective, les intérêts d’EDF et ceux de l’État, représenté notamment par la puissante Direction générale de l’énergie et des matières premières (DGEMP), sont considérés par la technocratie d’État comme ne faisant qu’un. C’est au sein de cette communauté de vues qu’est élaboré le programme nucléaire français.

Comme en Allemagne, le choc pétrolier de 1973 déclenchera des politiques publiques volontaristes pour l’indépendance énergétique. La mise en application de la vision « tout électrique, tout nucléaire » se traduira par un programme très ambitieux, le plan Messmer, calibré en fonction de prévisions de demande généreuses et des capacités de l’industrie à produire des centrales nucléaires en série. Cela au service de l’indépendance énergétique et de la « grandeur de la France ».

Après les chocs pétroliers et avec la crise climatique, deux récits de la transition

En Allemagne, le récit de la transition, Energiewende, se forge dans les années 1980, à partir des analyses d’intellectuels publics sur la crise écologique (Robert Jungk, Carl Friedrich von Weizsäcker), de la contestation anti-nucléaire, portée par le parti écologiste Die Grünen, et de travaux d’experts de l’énergie, comme ceux de l’Öko-Institut(5).

Mais, progressivement, la remise en cause initiale du modèle de croissance laisse place à une vision plus consensuelle, défendant l’idée de « croissance et prospérité sans pétrole ni uranium ». Cette perspective diffuse progressivement au sein du SPD dans des alliances « rouge vert » au niveau local, puis fédéral dans les coalitions de 1998 et 2002.

Alors que les partis conservateurs sont sur la réserve, la coalition qui porte Angela Merkel au pouvoir en 2005 plaide pour un maintien du nucléaire comme « énergie de transition ». L’accident de Fukushima fera basculer la perspective et entraînera la décision pour une sortie en 2022.


Suite à la catastrophe de Fukushima, Angela Merkel annonce la sortie du nucléaire pour Allemagne à l’horizon 2022. (Euronews, 2011).

En France, la « communauté de politique publique » soutenant le nucléaire reste solide et stable. Ni la catastrophe de Tchernobyl en 1986, ni le retour au pouvoir de la « gauche plurielle » en 1997 ne changeront la donne. En revanche, après la signature la même année du Protocole de Kyoto, on assiste à un regain d’intérêt pour les questions énergétiques : l’association négaWatt publie régulièrement depuis 2006 des scénarios de sobriété et forte proportion d’énergies renouvelables.

Après l’élection de François Hollande, le Débat national sur la transition énergétique constitue, en 2013, un temps fort de la construction des récits et conduit à identifier quatre trajectoires de transition, selon le niveau de réduction de la demande et la contribution respective du nucléaire et des énergies renouvelables. Ces quatre trajectoires – allant de la très grande sobriété avec sortie du nucléaire, au maintien du modèle actuel fortement nucléarisé –, reflètent fidèlement les positionnements des grands courants politiques en France(6).

Depuis lors, dans la paralysie tenant aux enjeux électoraux, les documents de référence de la politique énergétique française (PPE, SNBC) ont laissé dans un brouillard épais la question de la part du nucléaire à long terme. Cela jusqu’aux dernières décisions de redéveloppement de nouveaux réacteurs prises par Emmanuel Macron, juste avant les présidentielles de 2022.


Conversion des énergies selon la convention 1 MWh d’électricité primaire (renouvelable ou nucléaire) = 0,21 tep (voir à ce propos l’article Le nucléaire 40 ou 20% de l’approvisionnement énergétique en France ?). Auteurs, données Enerdata, CC BY-NC-ND

Cinquante ans après le premier choc pétrolier et trente ans après la signature de la Convention Cadre des Nations unies sur le changement climatique, les résultats en termes de mix énergétique sont extrêmement contrastés. Force est de constater que la France a aujourd’hui un bouquet énergétique deux fois plus décarboné que celui de l’Allemagne (52% contre 26%), même si la part des énergies renouvelables y est légèrement plus faible (18% contre 22%). Mais les deux modèles sont en crise.

Aujourd’hui, deux modèles en crise

Dans les bouleversements consécutifs à la guerre en Ukraine, la crise du modèle énergétique français, fondé sur une forte contribution du nucléaire, est manifeste et a abouti à une réduction de 30% de la production nucléaire en 2022 par rapport à la moyenne de ces vingt dernières années, dans une période par ailleurs critique pour le système électrique européen.

Le rétablissement de niveaux de production stables à long terme dans le contexte du « grand carénage » des centrales existantes, comme le financement du redémarrage de la filière pour la construction de six unités supplémentaires au moins, sont possibles, mais ne sont pas garantis. À ces incertitudes s’ajoutent évidemment celles tenant à l’incontournable accélération du déploiement des renouvelables, dans toutes les hypothèses des scénarios RTE.

Quant à l’Allemagne, l’Energiewende doit faire face aujourd’hui à de nouveaux défis, dans un contexte périlleux et incertain. Le schéma premier de l’Energiewende était bien celui d’une « fusée à trois étages », comprenant le développement des renouvelables, la sortie du nucléaire puis celle du charbon.

On peut considérer qu’au début des années 2020, les deux premières phases ont été menées ; la sortie du charbon était, elle, encore loin d’être achevée en 2022, avec encore 31% de la production d’électricité venant du charbon et une augmentation de cette production de 11 % par rapport à l’année 2021.

Dans une tradition politique, fortement ancrée en Allemagne, de construction des interdépendances économiques avec la Russie (Wandel durch Handel, le changement par le commerce), c’était bien le gaz, russe, qui devait assurer une passerelle entre le charbon et l’hydrogène vert à venir. D’où l’importance des infrastructures gazières de type Nordstream. Cette stratégie est aujourd’hui mise à bas par l’invasion de l’Ukraine.

Mais ce qui est également problématique pour l’Allemagne, c’est que la révision de l’Energiewende impose une nouvelle accélération dans l’installation des énergies renouvelables, à des rythmes encore jamais atteints par le passé. Cela, alors même que la faisabilité d’un système électrique reposant essentiellement sur des énergies renouvelables variables (solaire, éolien) n’est pas encore démontrée.


Agora Energiewende, Fourni par les auteurs

Un impératif pour l’Europe : réconcilier les politiques énergétiques, en respectant les choix nationaux

Alors même que les pays de l’UE sont capables d’initier des actions communes fortes, avec notamment le Green Deal ou encore le plan Repower EU, une fracture s’opère aujourd’hui entre des États aux modèles énergétiques et aux stratégies de décarbonation très différents, voire antagonistes.

De fait, la montée de ces conflits est essentiellement structurée autour de la divergence entre la France – qui mène « l’alliance du nucléaire » avec les Pays-Bas, la Finlande, la Pologne, la Bulgarie, la Croatie, la République tchèque, la Hongrie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie — et l’Allemagne, membre clé du groupe des « amis des renouvelables », emmené par l’Autriche et suivi par l’Espagne, le Danemark, l’Irlande, le Luxembourg, le Portugal, la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie.


Emmanuel Macron annonce six nouveaux réacteurs EPR en France. (Euronews, février 2022).

Ces deux coalitions se déchirent sur presque tous les grands chantiers de la transition énergétique, dont la taxonomie européenne, la réforme du marché de l’électricité, la définition de l’hydrogène vert… Ces trois chantiers révèlent la profondeur des conflits qui trouvent leur origine dans la polémique autour du classement du nucléaire comme énergie « verte », et qui ont abouti, après de longs mois de tensions, à des compromis entre les deux camps (le nucléaire sera par exemple inclus dans la taxonomie, à la condition que le gaz naturel soit également considéré comme une énergie de transition).

Il ne s’agit donc pas de débats techniques, mais d’oppositions de fond dont le déploiement reflète bien les rapports de force entre des pays défendant leurs intérêts nationaux et leur vision de la transition. Les États membres semblent incapables de construire les compromis structurels qui permettraient de sortir de la paralysie actuelle sur plusieurs politiques communes de transition.

S’il est exclu de dégager un modèle unique de transition bas carbone « à l’européenne », on peut toutefois tenter d’identifier les conditions de principe pour que, dans le respect des stratégies nationales, le système énergétique européen évolue rapidement, et de manière coordonnée, vers une neutralité carbone collective à l’horizon 2050.

Dans cette perspective, trois principes devraient être structurants.

Tout d’abord, que le primat soit donné à la lutte contre le changement climatique, et donc à la décarbonation des systèmes énergétiques ; que soit reconnue ensuite et acceptée la diversité des options décarbonées susceptibles d’être mises en œuvre en Europe ; enfin, que les actions ou dispositifs portés par les États membres dans l’élaboration des actions communes ne conduisent pas à empêcher celles entreprises par d’autres États membres dans leur trajectoire de décarbonation.

Primat du climat, subsidiarité des politiques et principe de non-nuisance. La formulation est à ce stade trop générale, mais on peut souhaiter qu’un effort à la fois de compréhension réciproque des représentants des États membres et de définition juridico-administrative au niveau de la Commission puisse permettre des progrès rapides dans la mise en cohérence de la politique européenne de transition énergie-climat.The Conversation

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Commentaire

Schricke

Excellente synthèse du conflit énergétique larvé franco-allemand.
On ne voit pas très clairement commente on sortira de cet imbroglio !
Et pourtant, ça urge !

Sanchez JLuc

Bonjour, un rapport de l'EGE, Ecole de guerre économique démontre que les allemands financent via des fondations le sabordage de la filière nucléaire en France, voir les liens
https://www.ege.fr/
https://www.ege.fr/sites/ege.fr/files/media_files/Rapport_Alerte_Ingere…
https://www.ege.fr/sites/ege.fr/files/media_files/jattaque_mai2021_v6.p…
Les allemands sont des gentils voisins, mais aussi des ennemis car ils ne nous feront aucun cadeau et nous n'avons pas les élus assez "membrés" pour les envoyer paître au nom de de la défense de notre souveraineté énergétique !!

Hervé

Concernant le secteur électrique la France a déjà en grande partie réalisé sa transition dans les années 70-80. Cette transition a été menée par des gens comptants qui ont pris les meilleures décisions sur des choix factuels et concrets. En matière d’indépendance et d’émissions de GES, la France était loin devant les autres pays européens.
Ce qui se passe maintenant, c'est que les décisions sont prises par des rêveurs totalement incompétents, qui se font rouler par des marchands de rêve (ou / et sont complétement corrompus par ces derniers) ce qui conduit à la fois a une hausse des couts et une hausse des émissions de CO2.

La baisse de performance du parc nucléaire n'est pas un problème de physique mais un problème de gouvernance depuis plus de 20 ans(maintenance non effectuée dans les temps, constructions de nouveaux réacteurs non effectuée, abandon de la G4 et perte de compétences suite à un dénigrement constant et injustifié de la techno).

La mauvaise performance de l'enegiewende allemande (pour ne pas dire l’échec relatif) est due à des raisons relevant de la physique, à savoir qu'en l’absence de moyens de stockages conséquents et à faible prix, il est impossible de faire fonctionner le système sans une part importante de fossiles ce qui mécaniquement limite la pertinence de ce choix .

Energie+

Excellente analyse de Patrick Criqui et de Carine Sebi, comme toujours !

Le lien suivant sur "La comparaison des systèmes et politiques énergétiques de l’Allemagne et de la France" tout comme les liens associés en fin de texte peuvent compléter cette analyse

https://www.cleanenergywire.org/factsheets/how-energy-systems-and-polic…

Il y a plusieurs choses à ajouter :

- le nucléaire civil notamment en France a été développé de manière opportune pour financer le nucléaire militaire

- on travaille à partir de systèmes énergétiques existants donc nous sommes très loin d'avoir des systèmes optimaux :

Par exemple en France nous sommes parmi les 3 derniers pays de l'UE en matière d'isolation des logements. Mais pire encore on a encore très peu de bâtiments et de rénovations à énergie (et eau etc) positive, tout comme d'entreprises et de main d'oeuvre formée pour.

Les médias ne font que le promotion du vieux système énergétique actuel très peu efficient, perpétuant comme toujours des intérêts en place, d'où très peu de personnes technologiquement en pointe et un système énergétique global dépassé qui va être long et lourd à faire évoluer et qui va avoir des conséquences négatives sur l'ensemble du pays.

Exemple parmi bien d'autres :

Nous n'avons que 6% de bâtiments connectés à des réseaux de chaleur (et encore moins de 4e et 5eme génération chaleur/froid) et très peu sont connectés à du solaire thermique avec du stockage inter-saisonnier, alors que ce dernier utilisant peu d'énergie mais en fournissant beaucoup élève fortement les coefficients de performances

La géothermie EGS (dont les coûts sont en baisse de 22% depuis 2022 ce qui va dans le bons sens), non intermittente et avec le plus faible impact en terme de surfaces, qui emploie peu d'eau tout en comportant d'autres avantages (parfois récupération plus propres de minerais dont lithium, cuivre etc et fixation durable de carbone) et qui est désormais disponible quasiment partout quels que soient les types de sols, n'est encore que peu maîtrisée et envisagée en France alors que le potentiel mondial est élevé.

Nous sommes devancés là aussi dans ce domaine à force de se focaliser sur le nucléaire pour l'intérêt d'un ex-monopole en difficulté qui comme tout monopole a dérivé.

Et on peu citer beaucoup de technologies encore peu maîtrisées ou déployées en France qui ne permettent pas un système renouvelable optimal souvent résumé dans les articles généralistes à l'éolien et au solaire alors que la chaleur correspond à 52% de la consommation d'énergie et que l'efficacité énergétique comme la sobriété étant peu attractives par la réduction des ventes d'énergie qu'elles génèrent n'évoluent que trop lentement alors qu'elles sont incontournables en terme de baisse des coûts et de meilleure utilisation des ressources tout comme d'indépendance.

Concernant l'Allemagne la transition a été longuement étudiée et débattue (une dizaine d'année) avant d'être lancée. On savait que ce pays était parmi ceux difficiles à faire passer à 100% aux énergies renouvelables avec le Luxembourg, Singapour etc.

Une étude scientifique de l'Université de Stuttgart datant de 92 a très bien résumé le contexte et le choix allemand de privilégier les renouvelables en s'adossant d'abord au charbon local. Il était évidemment beaucoup moins cher que le nucléaire et les autres pays européens en ont d'ailleurs largement profité en important de l'énergie peu chère d'Allemagne pendant longtemps notamment dans les années 2012

Il y avait aussi les questions d'emplois et d'électorats locaux avec la réunification. Et le problème du stockage des déchets nucléaires qui posait problème avec les mines salines inappropriées qui constituaient un surcoût (et des risques) notoire(s) en Allemagne.

Pour autant si la transition énergétique allemande a semblé coûté cher, elle est largement amortie et rentable pour l'Allemagne qui s'est largement remboursée depuis comme on peut le vérifier avec les rapports sur le sujet.

On ne peut pas en dire autant avec le bilan de nos ventes d'EPR ou nos exportations de renouvelables et technologies de décarbonation. On évite d'aborder ces sujets objectivement et globalement de peur de voir les failles de notre approche du "tout nucléaire" des années 70 et de la gabegie énergétique que cela a généré (par exemple plus de 8 millions de personnes en précarité énergétique "électrique" en France depuis trop longtemps)

La France est bien moins bien placée sur ce plan économique car on sait que le nucléaire n'est jamais arrivé à baisser ses coûts aussi vite ni autant que les renouvelables, il n'y arrivera sans doute jamais et de fait il ne s'est que peu développé dans le monde. Les prévisions à horizon 2050 lui donnent une part de moins de 10% du mix électrique mondial.

Le choix des renouvelables n'a pas été un choix initialement politique mais scientifique.

Cà fait environ 20 ans que l'on anticipait des baisses de prix importantes notamment dans le solaire et les modélisations ont très vite confirmé. On a la même chose dans le stockage (voir parmi beaucoup d'autres le rapport DNV 2022 qui confirme la place majoritaire du solaire avec stockage d'ici à 2050)

Certains aiment bien en France trouver un ou des boucs émissaires aux déboires dans le nucléaire mais son coût n'a pas seulement handicapé la France ou orienté les choix de l'Allemagne mais celui des autres pays dont les Etats-Unis, la Corée du Sud etc

En outre on oublie souvent de citer les études d'émissions du nucléaire qui se dégradent fortement au fil de l'exploitation de l'uranium et c'est pourtant cité dans les premières études du CEA de 2014 et re-cité dans celles des études mises à jour du premier trimestre 2021 sur le sujet.

On peut répondre à çà que l'on passerait aux RNRs mais on n'a toujours les risques, y compris éventuellement plus élevés, des coûts plus élevés et des délais incompatibles avec l'urgence climatique.

En outre une durée toujours inférieure dans le temps à celle des renouvelables et de la géothermie.

On n'a pas non plus de moyens de défense de ces centrales en cas de conflit comme on peut voir en Ukraine qui a d'ailleurs choisi de se consacrer essentiellement aux micro-réseaux renouvelables beaucoup plus fiables après avoir connu le problème des barrages et du nucléaire. En outre les missiles hypersoniques s'améliorent et sont de moins en moins faciles à intercepter et les conséquences en France seraient très durablement tragiques avec le nucléaire et des barrages qui sont de véritables talon d'Achille.

En cas de conflit le pays serait à genoux en seulement quelques jours avec des désastres hyper durables.

Vouloir vendre partout du nucléaire en Europe comme le veut la France est encore moins prudent que pour l'Allemagne d'avoir voulu faire de l'hydrogène sans CO2 à partir de pyrolyse de gaz fossile russe importé (donc avec rejet de carbone solide) et espérer une coopération réciproque avec la Russie du dictateur et envahisseur Poutine.

C'était l'approche marchande "on vend un produit à des clients captifs comme pour le pétrole etc" alors que l'approche des scientifiques de l'énergie est plutôt "on évite d'utiliser l'énergie et sinon on l'utilise de la manière la plus efficiente et recyclable/renouvelable possible"

Les émissions par habitant des allemands ou des français sont assez proches puisque les français importent plus de pays émissifs et en plus souvent lointains (les chiffres du liens plus haut sur les différentiels d'importations et d'industries locales sont édifiants), mais on cite souvent seulement le secteur énergétique qui n'est qu'un pur hasard pour la France s'il est peu carboné alors que le nucléaire a été développé en même temps que la politique du charbon et que décarboner n'était nullement l'enjeu d'alors.

De même l'Allemagne exporte bien plus de technologies de décarbonation que la France et participe donc globalement plus à la baisse des émissions dans le monde.

Il faut donc tenir une comptabilité totale "nette" des impacts de chaque pays et non ses seules émissions locales et sectorielles si l'on cherche la vérité des faits.

L'Allemagne est en outre mieux placée que la France vue que le mix énergétique mondial est attendu de 70% (rapport DNV) à 78% de renouvelables (compilations du Giec) d'ici à 2050, contre moins de 10% pour le nucléaire, marché nucléaire civil dominé actuellement par le complexe militaro-industriel poutinien Rosatom puis la Chine etc

Les Etats-Unis qui sont très sensibles aux aspects coûts et font des modélisations énergétiques très poussées n'ont aucun scénario énergétique à horizon 2050 avec une part importante de nucléaire, c'est chaque fois très majoritairement des renouvelables et du stockage, y compris les scénarios incluant le Canada donc toute l'Amérique du Nord et plusieurs scénarios sont sans nucléaire mais le stockage ayant encore des baisses de prix devant lui 80% de renouvelables est souvent l'optimal puisque les prix montent un peu dès que l'on franchit actuellement ce cap de 80% pour passer à 100% de renouvelables. Mais ce n'est que temporaire puisque la baisse des coûts du stockage est en cours (études et modélisations de nombreuses universités américaines et canadiennes, du NREL etc)

Cibler les allemands comme le fait l'analyse qui n'a rien d'historique ni de scientifique de l'école dîtes "de guerre économique" du lien plus haut de JL Sanchez pour tenter de cacher les intérêts, eux historiques, du nucléaire militaire pour le nucléaire civil (afin de se faire à l'origine financer) et pour à présent tenter de cacher les coûts intrinsèques des Gen 3, 3+ etc et les déboires du nucléaires en France ou prétendre que les renouvelables sont à l'origine des choix d'écolos, relève de fake news comme tout scientifique de l'énergie ayant travaillé à ces périodes pourront le confirmer et notamment ceux qui ont travaillé sur le solaire y compris CSP donc Cnrs et autres

On ne fait pas des bonnes analyses si l'on ne se base pas sur des faits réels. Si le nucléaire n'était pas cher et sans risques il se serait développé comme le font les renouvelables dans le monde mais en France il est devenu un boulet économique pour très longtemps encore.

Le nucléaire civil a été mis en place en 1954 et depuis il n'a toujours pas réussi, ni à fortement réduire ou supprimer tous ses problèmes ni à réduire beaucoup ses coûts y compris en réduisant la sécurité (EPR2) contrairement aux avis de l'ASN et du CEA.

Les renouvelables elles n'arrêtent pas de le faire et ont encore un bon potentiel d'améliorations techniques et de baisse de coûts, il faut donc regarder les faits et modélisations avec objectivité plutôt que de chercher chaque fois des boucs émissaires pour tenter de soutenir un secteur à court terme alors que les réalités referont rapidement surface.

On peut faire faire des modélisations très précises par des universités et organismes spécialisés internationaux indépendants sur le meilleur mix en France mais on n'osera pas le faire de peur de voir la vérité éclater au grand jour et de devoir convaincre les quelques 200.000 personnes de cet ex-monopole et autour qu'ils vont vivre des temps difficiles à l'avenir.

De même on ne fera jamais faire non plus une étude externe indépendante objective sur les risques du nucléaire en France et de celui des grands barrages notamment en cas de conflit(s).

Tout comme on ne tient jamais compte dans les études des émissions de la géopolitique de tout le cycle de l'uranium.

De même on cite toujours de vieilles études non mises à jour sur les émissions des renouvelables dont solaire et éolien alors que les différentes technologies renouvelables progressent régulièrement sur de nombreux plans et ont encore beaucoup de potentiel d'améliorations.

En bref on raisonne trop sur le mode commerce et intérêts d'épiciers alors que ce n'est pas avec cette approche que l'on s'orientera plus rapidement vers le mix énergétique optimal, c'est à dire le plus efficace en terme d'utilisation de l'énergie, le moins coûteux, le moins risqué, le plus durable etc.

L'Allemagne et la majorité des pays européens qui font des renouvelables font comme ils l'entendent et la France à tout intérêt à coopérer plus encore qu'elle ne le fait dans ces domaines car elle n'est pas en pointe dans beaucoup de ces secteur mais vu que l'on peut faire de plus en plus de renouvelables dans les régions, entreprises, bâtiments et maisons, tout comme choisir des opérateurs comme Enercoop qui développent des actifs renouvelables, il n'y a pas lieu d'imposer aux français de soutenir le secteur nucléaire quand ils ne l'estiment pas un bon choix et c'est encore un point faible du nucléaire en France qui n'est ni majoritairement soutenu en Europe ni par tous en France et cherche à être imposé comme on l'a vu dans la taxonomie ou les propositions d'intégrer son financement à l'épargne sans consentement.

Le nucléaire et les renouvelables sont 2 technologies différentes, renouvelable a un sens qui n'est pas applicable au nucléaire Gen 3, 3+ 4 etc et les risques du premier sont sans communes mesures avec ceux des secondes en cas d'accident, de conflit(s) etc, le nucléaire qui a pu se développer depuis 1954 avec tous les financements possibles n'a donc pas à être le "passager clandestin" de l'épargne ou autres investissements des français qui ont déjà à en prendre en charge les risques et une bonne partie des coûts des déchets sur le long terme, sans une distinction claire et la possibilité d'un choix.

Encore une fois en effet les renouvelables ne se limitent pas à l'éolien et au solaire et on peut avoir progressivement un mix bien plus efficient, optimal et au final durablement peux coûteux avec l'ensemble des technologies et évolutions des renouvelables et du stockage comme de l'efficacité énergétique et de la sobriété et on peut le constater :

- en analysant l'évolution des modélisations successives au fil du temps sur les mix 100% renouvelables qui intègrent de nouvelles approches et technologies au fil des mises à jour

- en observant les évolutions des pays et Etats qui se rapprochent progressivement des 100% renouvelables (sans parler de ceux qui le sont déjà) à qui l'on prétendait au départ que dépasser 20%, puis 30%, puis 40% etc de renouvelables serait impossible pour le réseau

- la majorité des scientifiques du secteur de l'énergie estime que les mix 100% renouvelables sont possibles.

- la quasi totalité des études et modélisations scientifiques et autres prévoient un mix électrique mondial de 70 à plus de 80% d'énergies renouvelables (en majorité solaire éolien et stockage) à horizon 2050 (compilations du Giec, de l'IEA etc)

Energie+

(suite) Graphique conforme aux résumés du Giec des principales technologies et mesures les plus rapides et efficaces de réduction des émissions, notamment de C02

Les études et modélisations du Giec (jusqu'à présent justes) se trompent et un quarteron du secteur nucléaire français a raison et va décarboner le monde avec ses EPR ?

https://i.ibb.co/JdR4tG8/Principalestechnoloder-duction-des-missions.png

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Energie+

(suite) Graphique des progressions du stockage d'énergie dans le monde d'ici 2050 (figure 17 à droite)

Un quarteron du secteur nucléaire va-t-il nous démontrer que les Etats-Unis et le Canada sont complices des allemands pour saboter avec l'UE notre secteur nucléaire civil (qui est de notre propre choix) en se tournant eux aussi vers un mix majoritairement renouvelables ?

Et que le secteur du stockage se développe lui aussi à grande vitesse dans le monde pour nuire par sa très grande rapidité de réponse à la demande, fréquence tenson du réseau au nucléaire EPR dont la "pilotabilité" a au mieux un temps de réponse d'une demi-heure et nécessite actuellement gaz, hydro et importations pour répondre aux pics de demandes ?

https://cleantechnica.com/files/2023/06/Global-energy-storage-growth-DN…

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