Un « nouveau monde » : transition énergétique et géopolitique

  • Source : Irena

Les énergies fossiles comptent actuellement pour plus de 80% de la consommation mondiale d’énergie primaire (85,2% en 2017 selon les dernières données de BP). Les énergies renouvelables progressent quant à elles à un rythme rapide mais leur part dans ce mix énergétique reste encore limitée (10,3% en 2017, et seulement 3,5% hors hydroélectricité).

Dans ce rapport publié le 11 janvier, l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena) envisage l’émergence d’un « nouveau monde », caractérisé par un développement à très grande échelle des énergies renouvelables (en particulier du solaire et de l’éolien), une électrification du système énergétique et un déclin de la contribution des énergies fossiles(1). Elle présente les conséquences géopolitiques et socio-économiques associées à cette transition énergétique mondiale qu’elle appelle de ses vœux.

Selon l’Irena, ces conséquences seront « aussi profondes que celles engendrées il y a deux siècles par le passage de la biomasse aux énergies fossiles »(2), avec l’émergence de « nouveaux leaders énergétiques », à l’image de la Chine, « plus important producteur, exportateur et installateur de panneaux solaires, d’éoliennes, de batteries et de véhicules électriques au monde ».

La sécurité énergétique des pays sera globalement renforcée selon l’Agence, grâce à une répartition des ressources (soleil et vent notamment) jugée plus homogène entre les différentes parties du monde (en comparaison avec les combustibles fossiles). Il est toutefois noté que les métaux et minéraux que requièrent les technologies renouvelables feront émerger de nouvelles relations de dépendance.

Parmi les défis et points d'attention du « nouveau monde », l’Irena rappelle que les réserves des métaux nécessaires à la transition énergétique sont en majorité situées dans « des États faibles à la gouvernance fragile », à l’image de la République démocratique du Congo d’où provient actuellement plus de 60% de l’offre mondiale de cobalt.

L’Irena juge toutefois que la transformation du système énergétique mondial engendrera moins de conflits que ceux « liés jusqu’ici au pétrole et au gaz » (les énergies fossiles étant plus souvent un facteur aggravant qu’une cause directe des conflits selon l’Irena) et réduira notamment « l’importance stratégique de certains points chauds maritimes » (comme les détroits d’Ormuz et de Malacca).

Lire l'étude :
Géopolitique et renouvelables

Sources / Notes

  1. Avec parallèlement une amélioration de l’efficacité énergétique.
  2. Le rapport est rédigé par une Global Commission on the Geopolitics of Energy Transformation, constituée en 2018 par l’Irena. Cette commission est présidée par l’ancien président islandais Olafur Grimsson.

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