Au Sénat, le patron de TotalEnergies défend sa vision de l'énergie du futur

  • AFP
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Le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné a défendu lundi sa vision du futur énergétique, reposant sur les hydrocarbures et les énergies renouvelables, lors d'une audition très attendue devant la commission sénatoriale qui s'interroge sur la cohérence des activités du groupe avec les engagements climatiques de la France.

Après plusieurs mois de travaux, l'audition du PDG de la major pétrolière était le point d'orgue de cette commission d'enquête sénatoriale sur TotalEnergies, l'une des dernières étapes avant la rédaction d'un rapport parlementaire.

Durant environ 2h15, devant une dizaine de sénateurs, l'audition s'est déroulée sans passes d'armes entre le bouillant patron de la multinationale, et l'initiateur de cette commission le sénateur écologiste Yannick Jadot, très critique envers la politique climatique du groupe.

"Bien sûr, vous investissez sur les énergies renouvelables (...) mais notre souhait serait que Total soit le grand groupe pionnier, peut être moins rentable" qui "emmène ses ingénieurs, ses capacités d'investissement sur un autre chemin que celui que vous prenez", a déclaré le sénateur de Paris, rapporteur de cette commission présidée par le LR Roger Karoutchi.

La commission porte sur "les moyens mobilisés et mobilisables par l'État pour assurer la prise en compte et le respect par le groupe TotalEnergies des obligations climatiques et des orientations de la politique étrangère de la France".

Les hydrocarbures, "fondamentalement, c'est ça qui nous rapporte aujourd'hui des profits (...) et si je veux investir dans le système B (les énergies décarbonnées, NDLR), il faut que je tire l'argent de quelque part (...) et donc nous continuons à investir dans le système A", a exposé le dirigeant.

"Si nous n'investissons pas dans le système pétrolier et c'est la même chose pour le gaz, on aura un déclin de l'offre et à ce moment-là, les prix montent au ciel", a aussi justifié le patron du groupe, longuement interrogé sur le gaz, une priorité du groupe.

Le patron a notamment défendu le rôle de ses contrats de gaz liquéfié (GNL) transporté par bateau depuis la Russie pour les besoins d'approvisionnement de l'Europe en gaz alors que Moscou a coupé le robinet du gaz historique acheminé par gazoducs. "Si nous décidons, Européens, de bannir ce GNL russe, ces 14 millions de tonnes (importés annuellement en 2022 et 2023 selon lui), il faudra aller les chercher ailleurs en payant plus cher", a-t-il prévenu.

Le PDG a également défendu ses projets en Azerbaïdjan, pays hôte de la future conférence climatique de la COP29 en novembre, dont le projet de doubler les exportations vers l'UE d'ici 2027 a été critiqué par des eurodéputés après l'offensive du pays Haut-Karabakh. "Si l'Europe, les Nations Unies considèrent qu'il faut prendre des sanctions contre l'Azerbaïdjan, nous les appliquerons. Mais je ne vois pas en quoi aujourd'hui cette production de gaz, nous devrions y renoncer".

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