La loi de transition énergétique pourrait bouleverser le programme nucléaire d'EDF

  • AFP
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La loi de transition énergétique pourrait conduire EDF à fermer jusqu'à un tiers de ses réacteurs français et à réviser son "grand carénage", un vaste programme d'amélioration de la sûreté du parc nucléaire, avec un impact annuel de plusieurs milliards d'euros, a estimé la Cour des comptes mercredi.

"La mise en oeuvre de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte est susceptible de remettre en cause les investissements envisagés et d'obliger l'entreprise à fermer un tiers de ses réacteurs, avec des conséquences importantes en termes d'emplois, sans écarter l'éventualité d'une indemnisation prise en charge par l'Etat", souligne la Cour dans son rapport annuel.

Promulguée en août 2015, cette loi plafonne à 63,2 gigawatts (GW) la production d'électricité nucléaire en France, ce qui contraindra EDF à fermer un ou deux réacteurs pour compenser l'entrée en service de l'EPR de Flamanville (Manche), reportée à 2018.

Elle réduit aussi à 50% la part de l'atome dans la production électrique à horizon 2025, contre 76% en 2015, pour favoriser les énergies renouvelables. Cela diminuerait "d'environ un tiers la production nucléaire, soit l'équivalent de la production de 17 à 20 réacteurs" sur les 58 composant le parc français, dans l'hypothèse d'une croissance modérée de la consommation de courant, indique la Cour.

Dans ce contexte, elle juge difficile pour EDF de maintenir en l'état son "grand carénage", un programme de maintenance lourde de ses réacteurs, au coût estimé par l'électricien à 55 milliards d'euros sur la période 2014-2025. Celui-ci est destiné à améliorer leur sûreté à la suite de la catastrophe de Fukushima (Japon), et à prolonger leur durée de vie au-delà de la limite de 40 ans initialement prévue lors de leur conception.

La Cour estime elle à 100 milliards d'euros le coût de ce programme industriel, sur la base d'un périmètre plus large sur une période plus longue (jusqu'en 2030). "La perspective de fermeture de plusieurs réacteurs implique la nécessité pour l'entreprise d'élaborer un nouveau programme de maintenance, afin d'assurer que les réacteurs encore en service produisent de l'électricité dans des conditions de sûreté et avec une rentabilité suffisantes", insiste-t-elle.

Selon ses estimations, "les enjeux s'élèvent à plusieurs milliards d'euros par an" même si "aucune évaluation n'a encore été réalisée, ni par l'Etat, ni par EDF, sur les conséquences économiques potentielles de l'application de la loi".

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