Pollution atmosphérique: des médecins mettent en garde contre la désinformation

  • AFP
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Des médecins ont dénoncé mercredi des propos tenus dans les médias par un pneumologue réputé de l'hôpital Bichat, de nature, selon eux, à désinformer la population sur l'impact de la pollution atmosphérique sur la santé.

"Dans l'émission Allô Docteur du 1er mars (sur France 5), le Pr Michel Aubier, pneumologue à l'AP/HP (assistance publique/hôpitaux de Paris), a affirmé que la pollution atmosphérique n'était pas cancérigène sauf à de très forts taux d'exposition et essentiellement chez les fumeurs", déplore le collectif Strasbourg respire dans un communiqué.

"Un rectificatif nous semble indispensable pour corriger certains propos d'un médecin universitaire qui vont à l'encontre des principales études médicales, et notamment des études de l'OMS qui a classé le diesel cancérigène en 2012 et la pollution atmosphérique cancérigène en 2013", ajoute ce collectif.

"Nous souhaitons simplement rétablir la vérité et qu'une information impartiale soit donnée à la population", a déclaré à l'AFP Pierre Souvet, président de l'Association santé environnement France (Asef), signataire du communiqué. Des études "récentes" ont confirmé les conclusions de l'Organisation mondiale de la santé, dit-il.

"Ces études montrent que le risque de cancer pulmonaire est augmenté pour des niveaux d'exposition même en-dessous des normes européennes", a également déclaré à l'AFP le Thomas Bourdrel, médecin radiologue. "Même à faible concentration, les particules fines sont cancérigènes".

Dans une longue enquête sur le Dr Aubier, Libération révèle par ailleurs que celui-ci a passé sous silence, lors d'une audition devant le Sénat en avril 2015, son activité de médecin-conseil chez Total. Le Dr Aubier n'était pas joignable par l'AFP mercredi. Il a reconnu auprès de Libération avoir été "un peu léger en ne le disant pas au Sénat, mais ces activités n'influencent absolument pas (s)on jugement sur la pollution de l'air et le diesel".

Martin Hirsch, le directeur général de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), assure qu'il ignorait ce lien avec le pétrolier quand il a envoyé M. Aubier le représenter à sa place au Sénat. M. Hirsch, qui a fait de la lutte contre les conflits d'intérêts une priorité au sein de l'AP-HP, a adressé un courrier au président de la Commission d'enquête sénatoriale, dont l'AFP a obtenu une copie, indiquant qu'il "avait demandé des éclaircissements" au Dr Aubier dont l'activité pour Total ne figure pas dans son dossier administratif.

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