Pourquoi le G7 appelle à multiplier par 6 les capacités de stockage d'électricité d'ici 2030

  • AFP
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Les gouvernements du G7 ont appelé mardi à multiplier par six les capacités mondiales de stockage d'électricité d'ici 2030, par rapport à 2022, une croissance indispensable à l'essor des énergies renouvelables attendu pour lutter contre le réchauffement climatique.

Nécessaire

La batterie, fondement de l'essor des véhicules électriques, est tout aussi indispensable à celui des éoliennes et des centrales solaires, qui ne produisent pas d'électricité 24H/24. Si le monde veut déployer au maximum les énergies vertes, il devra avoir de quoi stocker le surplus d'électricité produite quand il y a beaucoup de soleil ou de vent: pour injecter du courant quand l'usager en a besoin, lors des pics de consommation, ou le soir, ou quand il n'y a pas de vent... "C'est la colle qui tient tout le système" électrique, résume-t-on à l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

En 2023, selon l'AIE, le déploiement de batteries couplées à des champs éoliens ou solaires, à des toitures photovoltaïques ou encore à des mini-réseaux, a crû au rythme inédit de 130% par rapport à 2022.

Les principaux marchés sont la Chine, puis l'Union européenne, les Etats-Unis. Viennent ensuite Royaume Uni, Corée du Sud, Japon, mais aussi des régions en développement dont l'Afrique où le solaire avec stockage est vu comme un sésame pour accéder à l'énergie.

Pour autant, les capacités mondiales de stockage devront encore être multipliées par six d'ici 2030, a calculé l'AIE, si le monde veut tripler les renouvelables à cet horizon, comme il s'y est engagé à la conférence de l'ONU sur le climat COP28.

Objectif: remplacer les énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) pour garder le réchauffement sous 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle.

La capacité de stockage nécessaire (batteries et autres) d'ici 2030 est évaluée à 1.500 GW, dont 1.200 GW par batteries.

Défis

En moins de 15 ans, le coût des batteries a baissé de plus de 90%.

"En Inde, la combinaison solaire photovoltaïque-batteries est aujourd'hui compétitive face aux nouvelles centrales à charbon. Dans quelques petites années, ce sera le cas en Chine et face aux centrales à gaz aux États-Unis", a plaidé le directeur de l'AIE, Fatih Birol, le 25 avril lors de la publication d'un rapport spécial.

"Mais ces progrès ne sont pas assez rapides pour nous permettre de tenir nos objectifs en terme de climat et de sécurité énergétique", a-t-il prévenu.

Les coûts devront encore diminuer, a insisté l'économiste, qui appelle aussi à diversifier les chaînes d'approvisionnement.

La plupart des batteries sont produites en Chine. Parmi les projets annoncés, 40% cependant se trouvent dans des économies avancées, Etats-Unis ou Europe notamment.

Autre sujet épineux, la ressource en métaux critiques.

Les experts pointent cependant l'arrivée future de chimies prometteuses, notamment les accumulateurs à sodium-ion, à côté des lithium-ion actuels. "L'évolution technologique réduira la quantité de lithium" nécessaire, souligne Brent Wanner, responsable Electricité à l'AIE, lithium, cobalt et nickel étant "les métaux clés des batteries" aujourd'hui.

S'organiser

A côté des batteries, d'autres solutions de stockage sont possibles, mais moins disponibles ou rapides à déployer.

Parmi elles, les barrages hydroélectriques de type "Step", dont certains existent depuis longtemps déjà, et qui, dotés d'un système de pompage-turbinage, font monter l'eau dans un bassin supérieur quand l'électricité est abondante, pour la faire redescendre et générer de l'électricité quand elle manque.

Autre option: dans un avenir plus ou moins proche, la transformation de l'électricité en hydrogène, stockable et transportable.

Enfin les renouvelables ne devront pas compter sur le seul stockage. Comme c'est déjà un peu le cas, s'y ajoutent d'autres mesures dites de "flexibilité": interconnexions (européennes par exemple), mesures pour "piloter" la demande (agir sur les heures de consommation, heures pleines/creuses...)...

Pour tout cela, il faudra l'action des industriels mais aussi des pouvoirs publics (normes internationales, incitation au recyclage des métaux, etc.), autant d'acteurs qui commencent juste à s'organiser.

Commentaires

Serge Rochain

Pour réguler les productions/consommations dans le temps le solaire fait déjà naturellement le travail mais il faudra que l'activité économique cesse de devoir se caler sur les fantaisies des états qui pratiquent des heures légales décalées par rapport à l'heure solaire et quelquefois faisant du yoyo en changeant cette heure légale dans l'année. Dans tous les cas il faudra revenir à l'heure solaire dans une fourchette étroite se contentant de centrer les pays comme ceux de la taille de l'Europe sur l'heure solaire de leur méridien central. Par ailleurs une surproduction mesurée et effacée (non stockée) des renouvelables est à mettre en concurrence avec leur coût de stockage alternatif.
Serge Rochain

Daphné

Il faut aussi éviter encore la bureaucratisation, des lois supplémentaires régissant le stockage et la production de moyens de stockage . Laisser les entrepreneurs étudier leurs marchés, les ingénieurs travailler, les chercheurs chercher. Bloquer le lobbying néfaste, la concurrence cannibale qui veut qu'une grosse entreprise avale une plus petite ayant le vent en poupe pour mieux la faire couler et garder le marché. Quant à adapter la vie moderne à l'heure solaire c'est peut-être une utopie pour les pays du nord en raison de la variation large entre les jours et les nuits selon les saisons et notre rythme nyctéméral qui ne pourrait pas s'adapter aux jours très longs en été et très courts en hiver. Il faudra comme le dit l'article accepter la production d'un mix de stockage d'électricité qui s"appuie sur tous nos moyens de production d'électricité y compris le nucléaire et bien sûr les productions d'énergie renouvelables qui comme les STEP pourraient produire des moyens de stockage la nuit ou pendant les heures creuses , soit, optimiser au mieux pour stocker. Mais s'il faut encore importer des batteries même de plus en plus performantes ou les matières premières pour les fabriquer ; cela va encore nous enfoncer dans le déficit commercial comme c'est le cas actuellement avec les importations de carburants fossiles.

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