TotalEnergies ne fait « pas de super-profits en France », affirme Patrick Pouyanné

  • AFP
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TotalEnergies ne fait pas de super-profits "en France", a affirmé vendredi le PDG de la compagnie pétrogazière française, régulièrement citée dans le débat sur la taxation des bénéfices gigantesques réalisés par certaines entreprises.

"Les profits de TotalEnergies en France ne sont pas des super-profits", a déclaré le dirigeant, interrogé vendredi dans l'émission Télématin sur France 2, au moment où le débat sur leur taxation refait surface pour combler le déficit public français.

20 milliards d'euros de bénéfice net par an

La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet puis par le président du Modem Français Bayrou ont récemment dit vouloir explorer cette option, sans convaincre le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, même s'il se dit désormais "ouvert" à la discussion.

À l'échelle mondiale, le groupe a fait presque 20 milliards d'euros de bénéfices nets chacune des deux dernières années. Il indique avoir contribué à hauteur de 23 milliards d'euros en impôts et taxes en 2023. "C'est beaucoup d'argent qu'on paie, on est une des entreprises les plus taxées au monde", s'est défendu le PDG.

En France, le groupe a payé 320 millions d'euros "en impôts sur les bénéfices et taxes de solidarité sur l'électricité" en 2023, mais il refuse de communiquer la part spécifique de l'impôt sur les sociétés. Dans le passé, Total n'a pas payé d'impôt sur les sociétés en France pendant plusieurs années.

Plafonnement du prix du carburant à 1,99 € par litre

"Nous contribuons de multiples façons à l'économie française", a insisté le dirigeant en citant sa mesure de plafonnement du prix du carburant à 1,99 euro par litre.

Alors qu'il est aussi régulièrement critiqué pour les gratifications versées à ses actionnaires (15,5 milliards d'euros en dividendes et rachats d'actions en 2023), le groupe s'efforce de montrer qu'il "partage la valeur".

Opération « 100 pour 100 »

Au lendemain de la fête du centenaire de l'entreprise, qui a réuni 7 000 salariés à la Porte de Versailles, Patrick Pouyanné a d'ailleurs sorti le chéquier en annonçant sur France 2 des mesures pour le pouvoir d'achat, une opération baptisée "100 pour 100".

En France, l'entreprise versera sous conditions 100 euros aux "100 000 premiers nouveaux clients" de certaines de ses offres électricité, plus 100 euros aux 100 000 nouveaux particuliers détenteurs de sa carte de fidélité s'ils dépensent plus de 1 000 euros de carburant en 2024.

L'entreprise donnera en outre 100 actions TotalEnergies à chacun de ses 100 000 collaborateurs dans le monde, l'équivalent de 6 300 euros chacun, à condition de rester cinq ans dans l'entreprise, qui revendique 8% d'actionnariat salarié. "Pour faire des gestes de cette nature, pour récompenser la fidélité, eh bien, il faut aussi faire des profits", a souligné le PDG.

Commentaires

Du CLARY

100 € pour les "100 000 premiers nouveaux clients" et 100 € pour les "100 000 nouveaux détenteurs de la carte de fidélité"...

Arrêtez-moi si je me trompe, cela fait 20 millions d'euros.

15 500 millions d'€ de dividendes et rachats d'actions, 20 millions d'€ de "partage de la valeur"...

Sans commentaires.

Dominique Wenger

Oui, vous avez raison. Total devrait renoncer à ces actions, d'ailleurs les autres entreprises ne le font pas, et tant pis pour ceux qui en bénéficieront. Mais vous auriez alors une occasion de moins pour râler.

Sans commentaires

Du CLARY

Je ne "râle" pas, je mets en relation deux chiffres qui montrent à quel point Total énergies se paye notre tête et tente de nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

Total consacre 20 millions d'euros à des "ristournes" - qui s'adressent à des personnes qui devront d'abord avoir dépensé à son profit 10 fois ces montants - et 15 500 millions à payer des dividendes et racheter ses propres actions (ce qui est un tour de passe-passe financier pour en soutenir la valeur) et nous présente ces 20 millions comme un effort supposément "surhumain" de leur part pour soutenir le revenu des français (200 000 personnes au mieux, ça ne fait pas "les français"). J'appelle cela nous prendre pour des naïfs.

Ces 20 millions ne sont pas un effort, c'est une opération marketing.

Mais si vous croyez en leur sincérité... j'espère que cela vous fait du bien.

Du CLARY

de quel kWh parlez-vous ?
Du TRVE ? Du kWh acheté au prix de l'ARENH ? Du kWh acheté sur le marché SPOT ? Du prix du kWh sur les marchés Futures ?

Ceyal

Total devrait aller se faire immatriculer ailleurs qu'en France, aux Pays Bas par exemple ...les dividendes seraient versés là bas et la taxation forfaitaire (si elle existe dans ce pays) sur les dividendes versés ailleurs qu'en France.
La France y perdrait beaucoup mais au moins, les profits seraient moins visibles et les raleurs anti Total calmés

Du CLARY

La soumission intellectuelle de certains commentateurs est fascinante...

Total énergies annonce - je cite - "sur France 2 des mesures pour le pouvoir d'achat" :

1. verser 100 € aux 100 000 premières personnes qui auront D'ABORD acheté une offre d'électricité qui rapportera bien plus que 100 € à Total énergies.

2. verser 100 € aux 100 000 premiers titulaires de la carte de fidélité A CONDITION qu'ils dépensent au préalable 10 fois cette somme en carburant acheté chez Total énergies.

Total énergies ne sort donc pas un centime de sa poche, mais plutôt de celle de ceux qui lui achèteront de l'électricité ou du carburant (qui économiseraient sans doute plus de 100 € en achetant leur carburant au supermarché du coin).

Ces 20 millions représentent par ailleurs 0.1 % des sommes dépensées par Total énergies en dividendes et rachat d'action.

Ce sont donc des miettes.

Et il se trouve des gens pour applaudir benoîtement à ce qu'ils trouvent sans doute être un "bel effort".

Finalement, peut-être ne méritons-nous pas mieux, collectivement, que ces miettes.

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