GNL : y a-t-il trop d'infrastructures en Europe par rapport à la demande ?

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Importations de GNL en Europe

La guerre en Ukraine a eu un impact majeur sur le marché du GNL et les exportations américaines vers l’Europe. Ici, le terminal d'exportation de GNL de Cheniere Energy à Sabine Pass, dans le Golfe du Mexique. (©Cheniere Energy)

« Le développement des capacités de GNL en Europe dépasse les prévisions de consommation », alerte ce 31 octobre le think tank IEEFA (Institute for Energy Economics and Financial Analysis).

Un taux d'utilisation de 58%

En 2023, six nouveaux terminaux d'importation de gaz naturel liquéfié (GNL) ont été mis en service en Europe, auxquels s'ajoutent « un terminal mis en veilleuse et une nouvelle unité flottante de regazéification et de stockage (FSRU) amarrée mais pas encore opérationnelle, alors que les importations de GNL se sont stabilisées et que la consommation de gaz est en baisse ».

Au total, l'Europe s'est dotée de 36,5 milliards de m(Gm3) de nouvelles capacités d'importation par an de GNL depuis début 2022. Dans le même temps, la consommation européenne de GNL depuis début 2023 n'a augmenté que de 4,8 Gm3 (après avoir augmenté de 46,2 Gm3 à la même période en 2022). Le taux d'utilisation des terminaux européens de GNL n'a atteint que 58% en moyenne entre janvier et septembre 2023.

Selon l'IEEFA, l'écart entre les capacités européennes d'importation de GNL et la demande réelle à venir « continue de se creuser ».

256 milliards de m3 de capacités annuelles inutilisées en 2030 ?

À l'horizon 2030, les capacités européennes d'importation de GNL pourraient atteindre 406 Gm3 par an, soit une hausse de 143 Gmpar rapport au niveau de 2021 selon l'IEEFA.

Son rapport prévoit que la demande européenne de GNL « n'excédera pas 150 milliards de m3 en 2030 » (l'IEEFA estime que l'ensemble de la consommation européenne de gaz chutera à près de 400 Gm3 par an, dans le contexte des politiques de réduction de consommation), ce qui entraînerait un écart potentiel de « près de 256 milliards de m3 de capacités inutilisées ».

In fine, « la baisse de la demande de gaz remet en cause le discours selon lequel l’Europe a besoin de davantage d'infrastructures de GNL pour atteindre ses objectifs en matière de sécurité énergétique. Les données montrent que ce n’est pas le cas », conclut Ana Maria Jaller-Makarewicz, analyste au sein de l'IEEFA.

Entre juin et juillet 2023, les États membres de l'Union européenne ont dépensé à eux seuls 41 milliards d'euros pour importer du GNL. Les deux principaux fournisseurs de l'UE sur cette période étant les États-Unis (17,2 milliards d'euros) et... la Russie (5,5 milliards d'euros).

Cliquez ici pour accéder au « tracker » de l'IEEFA sur le GNL en Europe.

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