Les acteurs du système gazier français prêts, « quelle que soit l’intensité de l’hiver » à venir

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Station d'interconnexion gazière entre la France et l'Allemagne à Obergailbach. (©GRTgaz)

Station d'interconnexion gazière entre la France et l'Allemagne à Obergailbach. (©GRTgaz)

Le système gazier français sera en « capacité d’assurer les approvisionnements nécessaires pour alimenter les consommations et les exportations, y compris en cas d’hiver froid » dans les prochains mois, selon GRTgaz (principal opérateur de transport de gaz en France) et Teréga (opérateur historique de transport et de stockage de gaz dans le sud-ouest du pays) qui ont présenté ce 9 octobre leurs perspectives pour l'hiver 2023-2024.

95% de remplissage des stockages de gaz en France

Dans le contexte de la guerre en Ukraine, le marché gazier européen a « su s'adapter » l'hiver dernier, rappellent les gestionnaires de réseaux français : la chute des importations de gaz russe a été compensée par une forte hausse des importations d'autres fournisseurs sous forme de GNL et la demande européenne a chuté d'environ 20% entre janvier et juillet 2023 par rapport à la même période en 2021 (notamment grâce à des actions de sobriété).

Le système gazier français, « plus robuste à l’entrée de l’hiver 2023-2024 », s'appuiera lui aussi sur trois grands piliers pour assurer la sécurité de ses approvisionnements dans les prochains mois :

  • des importations « soutenues » de GNL via les terminaux méthaniers, renforcés par la mise en service à venir d'un terminal flottant (FRSU) au Havre (« d'une capacité d’environ 22 TWh durant l’hiver gazier, soit une augmentation de 12% des capacités françaises de regazéification »)(1) ;
     
  • un recours aux stockages de gaz, avec une « gestion prudente », ces stockages étant à l'heure actuelle remplis à près de 95% en France. Les opérateurs de réseaux appellent à « maintenir ces niveaux de stocks jusqu’au début de l’hiver et à les préserver pour les pointes en deuxième partie d’hiver » ;
     
  • un maintien de la sobriété « à des niveaux similaires à ceux observés l’hiver dernier » (avec une reconduction du dispositif Ecogaz(2) pour maintenir la vigilance des consommateurs face à d’éventuelles tensions sur le réseau).

Perspectives du système gazier français durant l'hiver 2023-2024

Une forte hausse des capacités de regazéification de GNL

En cas de « pointe de froid au risque 2% (susceptible de survenir 2 fois par siècle au maximum) » durant la première partie d’hiver (décembre à mi-février), le réseau gazier français disposerait d'une « marge faible si les exports sont utilisés à leur pleine capacité, malgré la puissance de soutirage importante disponible (stocks garnis). Cette marge suppose que les points d’import soient utilisés à leur pleine capacité ».

Si l'association européenne des gestionnaires de réseaux gaziers ENTSOG devrait rendre publique ses conclusions « courant octobre »(3), les opérateurs français évoquent déjà « des conclusions similaires à celles de la France », avec les mêmes leviers à activer (le niveau de remplissage des stockages européens a atteint « 96% au 1er octobre, soit 30% de la demande de gaz en hiver »). Précisons que les capacités de regazéification de GNL en Europe à fin septembre 2023 ont augmenté de 22% par rapport à 2021.

Après les très fortes variations des cours du gaz l'an dernier, les gestionnaires de réseaux français se veulent également rassurants à ce sujet, constatant que « le marché anticipe des prix pour l’hiver 2023/2024 autour de 50€/MWh, soit une baisse de 30% par rapport à l’hiver 2022/2023 et de 50% par rapport à l’hiver 2021/2022 ».

Sources / Notes

  1. S'y ajoute une augmentation des capacités d’entrée à Pirineos « de 40 GWh/j, permettant l’approvisionnement sur l’hiver d’un volume additionnel pouvant atteindre 6 TWh ».
  2. Dispositif Ecogaz.
  3. En cas d’hiver froid, « la situation resterait tendue notamment dans certains pays d’Europe de l’Est », précisent les opérateurs français.

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