Carbon, espoir d'une usine géante de panneaux photovoltaïques en France

  • AFP
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En plein débat sur la souveraineté énergétique européenne, la start-up industrielle lyonnaise Carbon prépare un très ambitieux projet de giga-usine de 10 000 salariés qui produirait en France d'ici 2030 des panneaux photovoltaïques, aujourd'hui massivement importés d'Asie. "Nous ne pouvons plus être dépendants de la Chine pour un produit aussi stratégique!", lance Pascal Richard, PDG de Carbon, interrogé par l'AFP.

Neuf des dix premiers fabricants mondiaux sont chinois et sud-coréens, adossés à leurs immenses marchés intérieurs. Le panneau solaire, de fait, est au cœur des projets énergétiques français et européens.

Un projet de loi "d'accélération des énergies renouvelables" doit être présenté mi-septembre en conseil des ministres. Il prévoit la multiplication des possibilités d'implantation des panneaux solaires (obligation d'équipement sur les gros parkings, possibilité d'installation sur les délaissés routiers...) et la simplification de certaines procédures - critiquée d'ailleurs par des ONG environnementales.

Pour combler le retard français sur ses partenaires européens, Emmanuel Macron avait annoncé en février vouloir décupler les projets pour atteindre 100 gigawatts (GW) installés en 2050, contre 13 en 2022. Et encore : ces objectifs ont été fixés avant la guerre en Ukraine et la prise de conscience généralisée de la dépendance au gaz russe, qui a aussi conduit en mai la Commission à présenter son plan "REPowerEU" visant à quadrupler la production photovoltaïque dans l'UE d'ici 2030.

Carbon entend bien prendre sa part dans ce gâteau de la "souveraineté énergétique européenne", explique M. Richard, ancien directeur France de l'allemand SMA (onduleurs pour le photovoltaïque). D'ici 2025, Carbon prévoit la construction d'une première usine de panneaux dont la capacité installée sera de 5 GW, employant 3 000 personnes, et passerait à 20 GW et 10 000 personnes en 2030. Un énorme effet d'échelle sur les prix, espèrent ses fondateurs. Le site d'implantation - classé Seveso - n'est pas arrêté, mais il faudra 80 hectares.

Chasse aux investisseurs

L'investissement nécessaire pour ce projet totalement intégré doit s'établir à 1,3 milliard d'euros pour la première étape, "5 à 6 milliards" au total. La chasse au investisseurs est lancée, notamment aux subventions françaises et européennes. Une première levée de fonds "de plusieurs dizaines de millions d'euros" est programmée au premier trimestre 2023. Elle servira à "la mise en place des équipes" et "la poursuite des études".

Mantra des cinq associés à parts égales, parmi lesquels le fabricant grenoblois de fours destinée à l'industrie photovoltaïque ECM: "toute la chaîne de valeur sera intégrée" une fois la matière première acquise - du polysilicium provenant d'Allemagne ou de Norvège dans un premier temps. Lingots, tranches (wafers), cellules, et donc panneaux finaux seront entièrement "made in France", là où d'autres acteurs du marché européen se contentent d'assembler les composants chinois. "Il n'y a aucun projet de cette envergure" en Europe, assurent les dirigeants de Carbon.

Des gros énergéticiens intègrent d'ailleurs déjà les panneaux Carbon dans leur préfiguration de centrales solaires, affirme Laurent Pélissier, PDG d'ECM, "car ils veulent diversifier leurs portefeuilles fournisseurs et ne plus se retrouver dans des situations où il n'y a plus d'approvisionnement, ou avec des prix variant soudainement".

C'est le cas de la Compagnie nationale du Rhône (CNR), qui a annoncé en mai un plan "massif" d'investissement dans le photovoltaïque (1 milliard d'euros), via la "solarisation" de toitures ou de terrains dégradés. "À prix quasiment identique, ce qui sera un défi, et performance égale, nous aurons bien sûr une préférence" pour Carbon, affirme Julien Marchal, directeur des nouvelles énergies, déplorant avoir "perdu parfois 6 mois sur certains projets en raison des difficultés d'approvisionnements".

"Nous réduirions aussi le risque transport, le risque de change et géopolitique, comme lorsque la Chine a brusquement arrêté ses usines pour sa stratégie zéro covid. L'empreinte carbone des panneaux français serait également bien meilleure, d'autant plus si des capacités de recyclage existent sur place", ajoute ce responsable. À ses yeux, Carbon pourrait même devenir "le Verkor du solaire", allusion à cette start-up grenobloise, soutenue notamment par Renault, qui va implanter une usine géante de batteries à Dunkerque.

Commentaires

EtDF
Photowatt était il y a ~20 ans le champions technologique du PV.. et de plus français.. il a était coulé car notre GVT de l'époque n'a rien fait.. au contraire.. pour le soutenir.. La technologie est partie en Allemagne et bien vitea filé en Chine qui doit couvrir près de 80% du marché.. Certes on veut relocaliser.... Avant qu'on y soit.. allez visiter leurs usines ultra-sophitiquées...
Abadie
Cette perte de souveraineté au profit des industrels asiatiques est une expérience à ne pas renouveller. Les raisons : cupidité des actionnaires qui pensaient accumuler d'avantage de profit en délocalisant dans les pays à bas coût et myopie stratégique.

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