- Connaissance des Énergies avec AFP
- parue le
Les négociations salariales annuelles semblent patiner chez EDF, où les relations se sont tendues entre la direction et les syndicats, qui mettent en cause les méthodes du nouveau PDG, Bernard Fontana, ces derniers estimant qu'elles ont entraîné une dégradation du climat social.
La direction du groupe a proposé des mesures d'augmentations individuelles de 1,5% lors de la deuxième séance de négociations qui s'est tenue jeudi, ont indiqué vendredi à l'AFP des sources syndicales.
Une hausse très en deçà des revendications syndicales, 1,9% pour la CFE-CGC et 2,5% pour la CGT, par exemple.
La proposition de la direction, complétée d'une mesure d'augmentation générale de 0,5% au niveau de la branche, et d'une progression à l'ancienneté de 0,6% en moyenne, représenterait au global une progression moyenne des salaires de 2,6%, selon ces sources.
"Un salarié qui ne bénéficierait pas de mesures individuelles cette année, perdrait en pouvoir d'achat", a déclaré à l'AFP Amélie Henri, déléguée syndicale centrale CFE-CGC, qui rappelle que le gouvernement table sur une inflation de 1,3% pour 2026.
"Les mesures individuelles ont vocation à reconnaître le professionnalisme, l'engagement, et à reconnaître les prises de responsabilité, pas à compenser l'inflation", a ajouté Mme Henri.
Avec une proposition de 1,5%, "on atteint finalement la première proposition de l'année dernière, donc on voit bien qu'il y a une volonté de mettre un coup de rabot", a déclaré pour sa part Thomas Plancot, pour la CGT.
Pour Mme Henri, "on sent que les salaires sont finalement une nouvelle cible" du plan d'économies décidé par le nouveau PDG Bernard Fontana, pour redresser les finances du groupe, lourdement endetté: 30% d'économies sur les charges de fonctionnement, soit un milliard d'euros par an d'ici 2030.
"On ne peut pas assurer un service public de qualité avec des salariés sous pression et sans perspectives", ont estimé les quatre organisations syndicales représentatives (CFE-CGC, CGT, CFDT, FO) dans une lettre ouverte à M. Fontana, vendredi 28 novembre, compte tenu de ce plan d'économies et des premières propositions d'augmentations.
Dans une déclaration liminaire lors d'un CSEC le 20 novembre, la CFE-CGC a évoqué des "décisions impactant la santé mentale des salariés en bloquant par exemple des mobilités déjà engagées", ainsi qu'une "pression croissante sur les équipes lancées dans la course frénétique au milliard d'économies".
"La CFE Energies alerte depuis des mois sur les risques psychosociaux qui explosent dans l'entreprise", a également déclaré le premier syndicat d'EDF.
Signe du raidissement des relations entre l'encadrement et les salariés, selon Mme Henri, "des convocations en entretien préalable" sur des sujets qui habituellement se régleraient par un simple "recadrage managérial".
"C'est un peu ceinture et cravache", a résumé pour sa part M. Plancot, au sujet du plan d'économies, dont l'application se traduit selon lui par "un renforcement" des mesures disciplinaires.
"Les négociations dans le cadre des NAO (négociations annuelles obligatoires) sont en cours. Elles se poursuivront dans le calendrier prévu avec les organisations syndicales", a réagi la direction d'EDF, sans autre commentaire.
Une troisième réunion de négociations salariales est prévue le 16 décembre. Les syndicats ont conditionné leur participation à une réponse de M. Fontana à leur lettre ouverte.