Groupes pétroliers: des investissements massifs incompatibles avec l'accord de Paris

  • AFP
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Les géants des hydrocarbures ont approuvé depuis 2018 pour 50 milliards de dollars d'investissements dans des projets incompatibles avec l'accord de Paris sur le climat, estime vendredi l'ONG Carbon Tracker, qui met en garde les investisseurs sur le risque de perte de valeur de certains actifs.

"Toutes les grandes compagnies pétrolières sont en train de parier massivement contre l'objectif de limiter le réchauffement à 1,5.C et investissent dans des projets incompatibles avec l'accord de Paris", souligne Andrew Grant, l'auteur du rapport pour l'organisation britannique.

Pour atteindre les objectifs internationaux de limitation du réchauffement climatique, la demande de combustibles fossiles devra diminuer, selon les scénarios établis par l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Si la demande baisse, seuls les projets les moins coûteux dégageront une rentabilité suffisante, selon Carbon Tracker.

Or l'ONG a identifié 50 milliards de dollars d'investissements dans 18 grands projets récents qui ne peuvent pas être rentables dans un monde où le réchauffement climatique serait limité, en raison notamment d'une baisse de la consommation d'énergie fossile. Or ces investissements sont notamment le fait "de grandes entreprises européennes qui font de leur mieux pour rassurer les investisseurs sur le fait qu'elles répondent aux inquiétudes sur le climat - BP, Shell, Total et Equinor", souligne Carbon Tracker dans son rapport.

Parmi eux figure par exemple un projet géant de gaz naturel liquéfié (GNL) au Canada, pour 13 milliards de dollars, piloté par Shell.

Pour les grandes compagnies pétrolières et gazières, ainsi que pour leurs actionnaires, il existe ainsi un risque important que les actifs dans lesquels ils ont investi massivement perdent toute valeur à terme. Parmi les mastodontes du secteur, la major américaine ExxonMobil est celle qui court le plus grand risque de voir ses actifs dévalorisés, selon les calculs de Carbon Tracker. Elle est suivie par l'anglo-néerlandaise Shell, la française Total, l'américaine Chevron, la britannique BP et l'italienne Eni.

L'ONG interpelle ainsi les investisseurs, au moment où ces derniers ainsi que la société civile font de plus en plus pression sur la direction des entreprises pour qu'elles prennent en compte l'urgence climatique. "Les investisseurs devraient remettre en question les dépenses des entreprises pour la production de nouveaux combustibles fossiles. La meilleure façon de préserver la valeur pour les actionnaires et de s'aligner sur les objectifs climatiques est de se concentrer sur des projets à faible coût qui dégageront les meilleurs rendements", souligne Andrew Grant.

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