Indemnité inflation doublée chez Carrefour : un « coup de com' » pour les syndicats

  • AFP
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Les représentants du personnel de Carrefour, qui veut porter à 200 euros l'indemnité inflation annoncée jeudi par le gouvernement, estiment que "la décision d'opportunité" d'Alexandre Bompard ne va pas calmer la grogne sociale qui monte avant les fêtes de fin d'année.

"Le gouvernement a peur des gilets jaunes, Bompard a peur des salariés, résume Philippe Allard (CGT). C'est un coup de com' pour faire avaler la pilule car ils craignent des mouvements sociaux avant les fêtes. Les salariés veulent des augmentations de salaire, pas des primes". "La méthode est lamentable. 100 euros c'est bon à prendre mais ça ne règle pas structurellement les problèmes, à savoir la dégradation des conditions de travail depuis des années et l'emploi qui se réduit chez Carrefour", regrette Cyril Boulay (FO).

Le gouvernement, soucieux de répondre aux inquiétudes sur la flambée des prix des carburants et le pouvoir d'achat, vient d'annoncer le versement d'une indemnité de 100 euros à 38 millions de Français qui gagnent moins de 2 000 euros par mois.

"Carrefour s'engage en faveur du pouvoir d'achat de ses salariés", a surpris jeudi soir sur Twitter le patron de Carrefour, sitôt connues les annonces du Premier ministre et sans aucune concertation avec les organisations syndicales.

Selon le géant de la distribution, environ 85 000 salariés français ayant perçu en octobre un salaire inférieur à 2 000 euros nets seront éligibles à cette prime versée en décembre. Il s'agit de "la totalité des employés, la quasi-totalité des agents de maîtrises et quelques cadres", a précisé la direction.

Concours de vertu avec Leclerc

Ces éléments ne répondent toutefois pas aux nombreuses questions en suspens dans le groupe. "On ne sait notamment pas si ce dispositif sera conditionné à un nombre minimum d'années de présence, si les temps partiels l'auront intégralement", détaille M. Allard.

"Ces mesures ne seront pas non plus appliquées dans les magasins passés en location-gérance, qui sont une nouvelle fois les grands oubliés", explique Jean-Yves Chaussin (FO-SNDH).

"On est sur du buzz, des effets d'annonces, plus que quelque chose de stratégique ou qui va vraiment faire baisser la pression" autour des récentes annonces sur la location gérance, développe-t-il.

Mi-octobre, Carrefour a ainsi annoncé que 43 nouveaux magasins représentant 6.000 employés pourraient sortir du groupe en 2022 et passer en location-gérance. Il s'agit de l'externalisation du plus gros contingent de magasins, souvent en difficulté, depuis l'arrivée de M. Bompard en 2017.

Cette prime "n'éteint pas notre demande formelle de réouverture des négociations salariales, ça ne règle pas la tension qui règne. Il y a un problème de fond sur le bas niveau des grilles de salaires", assure encore Sylvain Macé (CFDT).

"C'est une décision d'opportunité. Ca va donner une image positive de Carrefour. C'est aussi un geste pour l'opinion publique. Des enjeux de concurrence se jouent sur la communication positive, particulièrement avec Leclerc. C'est à qui sera le plus vertueux", analyse-t-il.

Au moment du premier confinement, Leclerc avait été l'un des premiers à se prononcer en faveur du versement de la prime Covid.

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