Le train à hydrogène français sur les rails

  • AFP
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Lancés en Allemagne par Alstom, les premiers trains à hydrogène devraient rouler en 2022 sur les voies ferrées françaises, selon le scénario présenté jeudi par le député Benoît Simian, chargé par le gouvernement de réfléchir aux moyens de se débarrasser des locomotives diesel.

Benoît Simian, un cadre à la SNCF devenu député LREM, devait plancher sur le "verdissement du parc ferroviaire". L'électrification des lignes étant "très coûteuses", il s'agit concrètement de voir comment remplacer, d'ici 2035, le petit millier de trains régionaux roulant au gazole en France -la moitié va devoir être renouvelée dans une dizaine d'années. Ils représentent 20% des déplacements, près de la moitié des voies ferrées du pays n'étant pas électrifiées.

"On ne peut pas demander à nos concitoyens de sortir du diesel et continuer à faire circuler des trains diesel sur nos dessertes fines du territoire" (les petites lignes), a relevé M. Simian jeudi en rendant son rapport à la ministre des Transports Elisabeth Borne.

Après avoir passé en revue différentes options, il conseille de "se concentrer sur deux technologies: à court terme celle des batteries (engins hybrides ou non), et à plus long terme celle de l'hydrogène". Les solutions avec des batteries "répondront à une partie des besoins en France, à l'occasion notamment des différentes étapes de renouvellement du parc diesel". Elles sont déjà "disponibles sur le marché sans qu'il soit nécessaire que l'État soutienne financièrement des expérimentations ou des déploiements", juge-t-il, assez rapidement.

"C'est pourquoi il est proposé que l'État se concentre (...) sur l'hydrogène" qui, en outre, permet une plus grande autonomie, note M. Simian, dont la lettre de mission portait justement sur l'avenir de ce combustible dans le ferroviaire. "Il faut vite arrêter les conditions qui permettront des premières circulations de trains à hydrogène avant 2022", souligne-t-il.

L'ancien ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot avait fixé en juin l'objectif d'aboutir à l'homologation d'un train à hydrogène avant la fin du quinquennat.

Hydrogène gris, hydrogène vert

Garantis "à zéro émission", les trains à hydrogène émettent uniquement de la vapeur d'eau et de l'eau condensée. C'est en Allemagne que le constructeur ferroviaire français Alstom a lancé les premiers, en septembre.

En France, le rapport du député souligne l'absence de texte réglementaire. Il insiste aussi pour lancer la filière sur la nécessaire mutualisation des sources d'énergie entre plusieurs modes de transport, trains, bus ou taxis, et pense qu'il faut d'abord utiliser ces trains dans les zones urbaines et à travers les espaces écologiquement les plus sensibles.

Parmi les liaisons proposées par les régions, le rapport cite Lyon-Clermont, Clermont-Le Puy, Rennes-Châteaubriant, Tours-Loches, Tours-Chinon, Paris-Troyes-Belfort-Mulhouse, Fécamp-Le Havre, Bordeaux-Bergerac-Sarlat, Bordeaux-Périgueux-Limoges ou Marseille-Aix.

Pour le choix du combustible, M. Simian se demande s'il l'on peut utiliser de l'hydrogène gris (issu d'énergies fossiles, dont la production reste polluante) avant de passer à l'hydrogène vert (issu d'énergies renouvelables -par électrolyse de l'eau- vraiment propre mais nettement plus cher), pour lequel la France n'est pas prête.

"Il faut s'inspirer sur ce que font les Allemands, qui aujourd'hui sont sur de l'hydrogène gris", d'autant que quelque 600 sites industriels qui peuvent en fournir ont été recensés, a relevé le député. Mme Borne est d'accord, a-t-il ajouté.

Côté financement, Benoît Simian préconise notamment de "capter" des fonds prévus pour l'électrification de certaines voies ferrées dans les contrats de plan Etat-régions afin de les réaffecter au développement des trains à hydrogène. Et de citer les 45 millions d'euros prévus pour rénover l'alimentation électrique de la ligne Bordeaux-Le Verdon, chez lui en Gironde, avec lesquels on pourrait payer 5 à 6 trains à hydrogène et les stations d'alimentation.

Il cite aussi des crédits du "plan national hydrogène" annoncé en juin et une aide européenne.

Quant au choix du matériel, la SNCF doit prochainement réunir les régions pour élaborer un cahier des charges. Alstom a déjà proposé une version française de son train à hydrogène, que lesdites régions pourraient acquérir sans passer d'appel d'offres, via un contrat-cadre existant. Il voudrait rapidement une trentaine de commandes pour lancer la machine.

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