Les fabricants européens de batteries alertent sur leur besoin de « soutiens directs » de l'UE

  • Connaissance des Énergies avec AFP
  • parue le

Trois industriels européens des batteries automobiles ont demandé jeudi plusieurs milliards d'euros d'aide directe à l'UE pour soutenir leur secteur, "menacé" par la concurrence américaine et chinoise et un possible assouplissement des objectifs d'électrification en Europe.

99% des batteries fabriquées par des acteurs non européens

Avant une réunion cruciale à la Commission européenne, les trois constructeurs, Powerco, Verkor et ACC, basés en Allemagne et en France, ont affirmé dans un rare communiqué commun : "sans un soutien immédiat et ciblé à la production locale, l'Europe court le risque de perdre son autonomie stratégique sur une technologie clé du XXIe siècle".

"Dans un contexte de tensions géopolitiques et de mutations économiques, la présidente de la Commission européenne réunira à nouveau les parties prenantes le 12 septembre prochain pour discuter de l'avenir de l'industrie automobile européenne", indiquent-ils.

"Alors que les États-Unis et la Chine déploient des subventions massives pour soutenir leur production locale, les fabricants européens, encore en montée en puissance, risquent d'être évincés avant même d'atteindre leur maturité", souligne le communiqué, rappelant qu'aujourd'hui 99% des batteries sont fabriquées par des acteurs non européens.

« Pas seulement une question industrielle, c'est une question géopolitique »

Les batteries "sont au cœur de la transition vers un transport décarboné et de l'avenir de l'automobile européenne et constituent un enjeu de souveraineté", ajoute le texte.

L'Alliance européenne des batteries, qui regroupe plus de 700 industriels de toute la chaîne de valeur, préconise un mécanisme de soutien financé par l'UE. Il serait doté d'un milliard d'euros pour l'accompagnement au démarrage, 1,8 milliard d'euros pour les trois premières années de production, ainsi que des financements complémentaires entre 2028 et 2030 pour garantir la compétitivité à long terme.

Ces aides sont indispensables pour "atteindre 90 GWh de batteries produites en Europe d'ici 2027, soit l'équivalent de 1,2 million de véhicules électriques", affirme le communiqué.

"Le coût de l'inaction serait bien supérieur à celui du soutien", préviennent les constructeurs, craignant une "délocalisation d'un marché annuel de 250 milliards d'euros au profit des importations asiatiques" et une "fragilisation stratégique de toute l'industrie automobile". "Ce n'est pas seulement une question industrielle, c'est une question géopolitique", insistent-ils.

PowerCo, fondé en 2022 par le groupe Volkswagen, construit actuellement deux usines de cellules de batteries à Salzgitter en Allemagne et Valence en Espagne. Verkor, fondée en 2020, prévoit une giga-usine à Dunkerque. ACC (Automotive Cells Company), co-entreprise fondée en 2020 par Stellantis, Mercedes-Benz et TotalEnergies, a inauguré sa première giga-usine à Billy-Berclau/Douvrin dans le nord de la France.

Commentaires

Zamur
Pourquoi ? L'affaire n'est pas du tout rentable ? Les véhicules électriques non plus ?
Jean
Après les filières "éolien" mature paraît-il mais bénéficiant toujours de "conmpensations" (et du paiement de l'arrêt de production en cas de trop d'électricité), du "solaire industriel" lui aussi bénéficiaire de compensation et du paiement si trop de KW/h), voilà maintenant les investisseurs dans l'hydrogène vert par renouvelables qui demandent du fric à l'Etat (l'Etat c'est nos impôts et taxes) alors qu'ils se sont lancés dans cette nouvelle filière. Il serait intéressant de calculer le total des aides cumulées éolien + solaire + H2 vert versées à ces groupes qui opèrent généralement sur ces 3 secteurs vent-soleil-air, des entreprises qui, en CA et marge nette, appartiennent au même actionnaire qu'on ne va pas priver d'un dividende annuel, tout de même ! ON pourrait ensuite ramener ce total d'aides au total de la facturation de la totalité de l'électricité payée par tous les français résidents et industriels, commerçants, artisans, libéraux. Le % aide / facture électrique serait le bon indicatif pour qu'un gouvernement décide d'une politique d'énergie électrique d'intérêt général, l'intérêt général étant l'objet principal de la gouvernance de tout pays.
Goldorak
Non, c'est plutot une question de part de marché et de concurence faussé. Les autres marchés ( Chine et US) sont subventionnés, les acteurs européens ont peu de chance de s'en sortir. Après, le mieux pour les états serait d'investir dans ces sociétés plutôt que de les subventionner uniquement.

Ajouter un commentaire