« Nouvelle vie » industrielle en Moselle : les énergies renouvelables pour remplacer les houillères

  • AFP
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La "plus grande" usine de panneaux solaires d'Europe ou encore la transformation d'une centrale à charbon en "écoplateforme": le terreau industriel de la Moselle se renouvelle et veut devenir un territoire majeur d'accueil de la transition énergétique.

Ce département de l'Est de la France dispose d'une grande histoire industrielle, bâtie au XIXe siècle sur l'énergie non renouvelable et polluante. Il attire désormais les investisseurs porteurs de projets nettement plus verts, dont plusieurs font l'objet d'une "grande acceptabilité" de la population, selon le président du département, Patrick Weiten (UDI).

Parmi eux, un projet annoncé lors du sommet Choose France en mai: la "plus grande" usine de fabrication de panneaux photovoltaïques d'Europe, porté par HoloSolis, émanation du groupe européen InnoEnergy.

L'usine, d'une capacité de production de cinq gigawatts (10 millions de panneaux par an), représente un investissement de 709 millions d'euros et générera, à terme, 1.700 emplois.

Parmi 40 sites dans six pays européens, le choix de Sarreguemines-Hambach s'explique notamment par le "savoir-faire (industriel) unique" de la population, selon le président d'HoloSolis, Jan Jacob Boom-Wichers.

Investissements historiques

La concertation publique s'est clôturée "par des applaudissements", souligne Marc Zingraff, maire de Sarreguemines, lors d'une réunion de présentation du projet HoloSolis à Metz.

Selon M. Zingraff, qui représente également la Région Grand Est, "ce dossier incarne une priorité, quelque chose d'exemplaire", sur le plan de la souveraineté énergétique.

En 2022-2023, près de 1,8 milliard d'euros ont été investis en Moselle. Une somme "jamais atteinte depuis la guerre", reprend M. Weiten, et donnant une "nouvelle vie" à l'industrie mosellane.

L'industrie génère 54 000 emplois dans le département, soit 15%, contre 12% à l'échelle nationale.

Et les projets sont de plus en plus vertueux, expliquant une plus faible opposition de la population, même si celle-ci reste toutefois méfiante sur la gestion de l'eau. A l'instar de l'Association de défense contre la pollution de Sarreguemines et environs (ADPSE), qui déclare à l'AFP "globalement soutenir ce projet qui s'inscrit dans une logique vertueuse pour la transition énergétique", selon sa porte-parole, Isabelle Hoellinger.

"On a passé les moments où c'était la sidérurgie, les houillères, qui faisaient l'art de vivre industriel et ouvrier du territoire", tout comme celui "où c'était l'automobile", bien que ce dernier reste "préservé", abonde Patrick Weiten.

Reconversions d'anciens sites

Autre illustration directe de la nouvelle ère, celle de la transition écologique, à Saint-Avold, où GazelEnergie, le propriétaire de la centrale à charbon Emile Huchet - encore en service cet hiver en cas de tensions sur l'approvisionnement énergétique -, veut transformer le site en une "écoplateforme industrielle".

Une chaudière biomasse, un stockage d'électricité sur batteries et une unité de production d'hydrogène renouvelable y seront implantés. Fin octobre, GazelEnergie et l'entreprise de biochimie norvégienne Circa Group y ont signé un bail d'implantation d'une usine de production de solvants "verts et durables à l'échelle industrielle en utilisant les déchets issus de la biomasse forestière locale", selon Circa Group.

Et mardi a pris fin la concertation publique autour d'un projet d'usine de recyclage du plastique à Saint-Avold, baptisé "PARKES", visant à "apporter une solution de recyclage +à l'infini+ dans une démarche d'économie circulaire", selon un communiqué des porteurs du projet, dont fait partie une filiale de Suez.

Un investissement de 400 millions d'euros soutenu par le groupe local Moselle Est pour les Ecologistes, "favorable à ce projet, mais vraiment sur une logique de transition, parce que le recyclage n'est pas une fin en soi", selon des propos de Loïc Schwindling, co-secrétaire, à France 3 Lorraine fin octobre.

Ces projets en favorisent d'autres, créant "une locomotive" qui s'installe sur le territoire, selon le secrétaire général de la préfecture de la Moselle, Richard Smith.

Tous ces projets pourraient nécessiter la création de 5.000 à 6.000 emplois, directs et indirects, selon M. Weiten. Seul problème, avec notamment la concurrence du travail frontalier qui s'est développée vers le Luxembourg et l'Allemagne, "pour l'instant, on n'a pas le début du commencement de telle capacité à pouvoir recruter" cette quantité de main-d'oeuvre.

Commentaires

Serge Rochain

Le sens de l'histoire !

Blaizot

Il serait intéressant de savoir comment et où est fabriqué le silicium nécessaire aux panneaux solaires ; l’article n’en dit mot …. Est ce que la formulation chinoise de fabrication du silicium
SiO2+ C = Si + CO2
Prévaut toujours ? Avec pour résumer, 3 tonnes de charbon ( ou de coke de pétrole) pour une tonne de silicium ?

Rochain Serge

La Chine est le leader mondial des énergies renouvelables, avec 38,4 % de la production mondiale d’hydroélectricité, 28,8 % de l’éolien et 35,9 % du solaire en 20202. Elle a installé 72,4 GW de capacités renouvelables en 2020, dont 48,2 GW de solaire et 21,7 GW d’éolien.
La part des énergies fossiles dans la production d’électricité chinoise est passée de 83,3 % en 2007 à 70,9 % en 2017, et 60,6 % en 2021. Toutefois, la production d’électricité à partir de charbon et de gaz continue d’augmenter en valeur absolue, en raison de la forte croissance de la demande.
La Chine s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2060 et à faire en sorte que les émissions de CO2 atteignent leur pic avant 2030. Pour y parvenir, elle devra décarboner son mix électrique en réduisant la part du charbon et en augmentant celle des énergies nucléaires et renouvelables4. Elle devra également améliorer l’efficacité énergétique et la gestion de la demande

wenger

Les "amis" de M Rochain auront bien sur note que celui ci passe discrètement sous silence les 55 réacteurs nucléaires en service (dont deux EPR type Flamanville), les 24 en construction et les 70 en projet.

Rochain Serge

Je ne passe rien sous silence, je répondait ) Blaizot qui ne parle que du charbon pour la production de l'électricité nécessaire au raffinage du silicium en lui rappelant la part des renouvelables dans cette production et surtout le fait que la Chine est le leader mondial de la croissance renouvelable.
Le nucléaire est de même nature que le charbon, c'est une énergie que l'on extrait de la Terre pour la transformer en chaleur, ce qui ne permet pas de la recycler, contrairement aux système renouvelable qui prend son énergie dans le Soleil d'une façon plus ou moins directe selon la source renouvelable.
Elevez vous Wenger, voyez plus loin que la finitude des ressources terrestres notre espèce a encore des centaines de milliers d'années à vivre

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