Pétrole: vers une nouvelle hausse de la production de l'Opep+

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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L'Arabie saoudite, la Russie et six autres producteurs de pétrole membres de l'Opep+ se réunissent dimanche pour, selon toute attente, décider d'une nouvelle augmentation de leur production en décembre et poursuivre leur reconquête de parts de marché.

Le groupe devrait convenir d'une légère augmentation de ses quotas de 137.000 barils par jour, similaire à celle décidée le mois dernier, selon Emily Ashford, analyste chez Standard Chartered, interrogée par l'AFP.

Depuis avril, l'Arabie saoudite, la Russie, l'Irak, les Emirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, Oman et l'Algérie ont rehaussé leurs objectifs de production d'environ 2,7 millions de barils par jour (mb/j).

Un rythme que personne n'anticipait en début d'année de la part de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) qui a longtemps lutté contre l'érosion des prix en organisant la raréfaction de son offre de pétrole.

Mais le cartel sous l'impulsion de Ryad vise une plus grande portion du marché pétrolier face à une concurrence croissante, notamment celle des producteurs de pétrole de schiste américains.

Le changement de stratégie "marche dans une certaine mesure", dit à l'AFP Ole R. Hvalbye, analyste chez SEB. L'offre des producteurs américains "ne diminue pas mais elle stagne, et on voit moins d'investissements" dans de nouvelles exploitations.

- Résilience des prix -

Le cartel devrait, à l'instar des mois précédents, se prévaloir des "faibles réserves de pétrole" mondiales pour justifier une nouvelle hausse des quotas.

D'autant plus que les réserves de brut aux Etats-Unis ont fortement baissé récemment, selon l'Agence américaine d'information sur l'énergie, ce qui permet au baril de Brent, la référence internationale, de résister autour de 65 dollars.

Une surprise car, avec la croissance de l'offre, "on s'attend à ce que les réserves de pétrole s'accumulent", prévient M. Hvalbye, qui remarque que les volumes de pétrole en mer ont fortement augmenté depuis septembre, dépassant même les niveaux atteints durant la pandémie de Covid, et seront bientôt dans les entrepôts.

Ajouter des barils sur le marché expose donc le groupe à une baisse des prix qui ampute ses profits. Mais s'il ne le fait pas, "ça susciterait une panique" des investisseurs car cela impliquerait que l'Opep+ ne juge pas le marché suffisamment solide, qui serait alors "considéré comme baissier", estime Mme Ashford.

Elle ajoute qu'une hausse des quotas de l'Opep+ de 137.000 barils se traduirait en réalité par une production moins importante de "60.000 ou 70.000", limitant l'effet sur les prix.

- Incertitude sur les sanctions -

En effet, certains pays qui ont dépassé leurs quotas par le passé doivent compenser leur surproduction, et surtout la Russie "est déjà à pleine capacité", juge l'analyste de Standard Chartered.

La pression sur l'offre de pétrole russe s'est renforcée en octobre quand les Etats-Unis ont annoncé des sanctions contre deux géants de son secteur des hydrocarbures.

Les analystes débattent encore de l'impact réel de ces mesures, qui dépendra largement de la sévérité avec laquelle Washington appliquera les sanctions secondaires sur les institutions financières étrangères participant à des transactions avec Rosneft et Lukoil.

"Le marché sous-estime l'importance des sanctions américaines", a affirmé jeudi le PDG du géant français des hydrocarbures TotalEnergies, Patrick Pouyanné, suggérant une réduction de l'offre russe importante qui soutiendrait les prix.

Mais de nombreux analystes se montrent prudents et rétorquent que la Russie est passée maître du contournement des sanctions occidentales et que les Etats-Unis ne prendront pas de mesure contre les achats de la Chine, principal importateur de pétrole russe, avec laquelle ils viennent de passer un accord pour réduire leurs tensions commerciales.

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