Venezuela : le cas Chevron, une exception aux lourdes conséquences

  • Connaissance des Énergies avec AFP
  • parue le
Pétrole drapeau du Venezuela

Chevron, opérateur historique au Venezuela, est au centre de la crise entre Caracas et Washington : la compagnie pétrolière américaine bénéficie d'un régime spécial depuis juillet avec une nouvelle "licence" qui a des conséquences complexes sur l'économie du pays et sa monnaie, en chute libre.

Changement des règles

Washington a durci ses sanctions contre le Venezuela en 2019 pour tenter d'évincer du pouvoir Nicolas Maduro dont il ne reconnaît pas les réélections en 2018 et 2024. Il a en même temps octroyé des autorisation d'exploiter du pétrole ou du gaz, malgré l'embargo à des sociétés pétrolières.

La principale licence était celle donnée à l'Américain Chevron qui produit entre un quart et un tiers du pétrole vénézuélien. Chevron était aussi la principale source de dollars du pays, alors que Caracas doit passer par des complexes transactions sur le marché noir pour vendre son pétrole malgré l'embargo, en consentant des rabais.

En février, Trump a révoqué la licence de Chevron et dans la foulée toutes celles en vigueur (ENI, Respol, Maurel et Prom), privant Caracas d'une manne de dollars. Toutefois, fin juillet, Trump a accordé une nouvelle licence à Chevron mais en changeant les règles : Chevron n'a plus le droit de donner des dollars au Venezuela et doit le payer en pétrole brut.

Avantage ou inconvénient ?

Avec l'ancienne licence, il changeait dans le secteur privé vénézuélien ses petrodollars contre des Bolivares (monnaie locale) avec lesquels il payait l'État vénézuélien. Avantage ou inconvénient : les avis divergent. 

Pour Tamara Herrera, le fait que le Venezuela reçoive du brut plutôt que de l'argent frais est un problème puisque l'État doit ensuite revendre son pétrole sur le marché international à prix cassé dans des devises (ou stable coins) qui ne sont pas forcément des dollars.

C'est non seulement une perte de revenus, mais Chevron, n'injectant plus de précieux dollars frais dans l'économie vénézuélienne, rend le dollar plus rare et tire le billet vert vers le haut. Pour Elias Ferrer, la nouvelle licence est en revanche un avantage pour l'État vénézuélien puisqu'il est payé en brut qu'il commercialise lui même. Il ne reçoit plus des bolivares mais des devises qu'il gère à sa guise.

Nouvelle spirale inflationniste

Les deux analystes s'accordent toutefois sur un point : le changement de licence a provoqué un effondrement du Bolivar et une augmentation dramatique entre le taux de change officiel et celui au noir (plus de 40%).

Une situation qui réduit encore plus le pouvoir d'achat des plus pauvres et plonge le pays dans une nouvelle spirale inflationniste, tant que le pouvoir "ne brûle pas ses dollars sur le marché des changes pour soutenir le bolivar", selon M. Ferrer.

De nombreux analystes soulignent que la faiblesse de l'économie vénézuélienne est surtout due à des années de mauvaise gestion d'une économie de rente par le pouvoir. Et que le changement de licence, aussi douloureux soit-il, n'est qu'un symptôme de cette fragilité économique.

Commentaires

Peppino Terpolilli
Le Venezuela a pratiquement toujours vécu sur une économie de rente depuis la fin de la dictature de Perez-Jimenez en 1959. Une petite exception lors du 1er mandat de Carlos Andres Perez qui a nationalisé le pétrole en 1974-77. La situation actuelle est surtout dû à Trump1 et Trump2 qui veut manifestement reprendre le contrôle de l'Amérique du sud et éliminer les pouvoirs qui ne lui conviennent pas. Vuelve Tio Caiman

Ajouter un commentaire