Passage à l'heure d'hiver : les heures du dispositif sont comptées...

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Changement d'heure

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La France passe ce dimanche 25 octobre à l’heure d’hiver : à 3 heures du matin, il faudra retirer « 60 minutes à l’heure légale »(1) . Autrement dit, il sera à nouveau 2 heures et vous « gagnerez » une heure de sommeil.

Un rituel depuis 1976

Pour rappel, la France passe chaque année à l’heure d’hiver depuis 1976 (après une première expérimentation dans la première partie du XXe siècle(2)) avec comme ambition (initiale) de limiter l’utilisation de l’éclairage artificiel, en faisant mieux correspondre les heures d’activité avec les heures d’ensoleillement. Ce dispositif devait plus précisément réduire la dépendance pétrolière de la France après le premier choc pétrolier de 1973, l'électricité étant largement produite à partir de centrales au fioul lourd à l’époque.

La situation a depuis bien changé : le mix électrique français a reposé à 70,6% sur l’énergie nucléaire en 2019. Et en dépit des « impacts énergétiques réels » longtemps mis en avant, le changement d’heure semble aujourd’hui avoir fait son temps.

Selon les dernières estimations de l’Ademe qui se réfèrent à l’année 2009 mais qui sont encore souvent citées, le dispositif permettait cette année-là d’économiser « de l’ordre de 400 GWh » par an, soit l’équivalent de la consommation annuelle en éclairage d’environ 800 000 ménages français selon l'Agence(3). EDF précise que cette économie « reste faible » puisqu'elle correspond à près de 0,09% de la consommation annuelle d'électricité en France(4).

Le changement d'heure est de plus en plus critiqué ces dernières années en raison de la difficulté d'évaluer les économies réelles liées au dispositif, des progrès technologiques tendant à limiter lesdites économies (usage de lampes basse consommation et d’appareils plus performants) et des impacts sur le rythme biologique de la population.

Bientôt la fin au niveau européen...

La fin du changement d’heure est déjà quasiment entérinée en France comme au niveau européen (le dispositif est harmonisé dans l'UE, avec un passage à l’heure d’été le dernier dimanche de mars et à l’heure d’hiver le dernier dimanche d’octobre) : la Commission européenne avait proposé en septembre 2018(5) de supprimer le changement d'heure dès 2019 mais le Parlement européen - bien qu'approuvant la décision - a souhaité repousser son application à 2021(6).

Les États membres doivent encore s'accorder sur l'heure qui sera conservée (heure d'été ou d'hiver) mais le dossier apparaît secondaire dans le contexte des derniers mois...

En France comme au niveau européen, l'opinion publique ne manifeste en tout cas pas un attachement fort au dispositif, bien au contraire. Durant l'été 2018, près de 84% des 4,6 millions de personnes ayant répondu à une consultation publique de la Commission européenne s'étaient déclarées favorables à la suppression du changement d’heure (seules les réponses de Grèce et de Chypre y étaient défavorables). En France, une consultation en ligne organisée en février 2019 par la commission des Affaires européennes de l'Assemblée nationale avait reçu plus de deux millions de réponses, massivement (83,74%) en faveur de la fin du changement d'heure.

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