Inde: Amnesty International dénonce les pratiques du premier producteur mondial de charbon

  • AFP
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Le groupe public indien Coal India, premier producteur mondial de charbon, viole les droits des communautés locales pour accélérer l'exploitation de nouvelles mines, indique Amnesty International dans un rapport mercredi.

Coal India ne consulte pas les communautés vivant près des mines dans le centre et l'est de l'Inde lors de l'acquisition de terres ou lors de l'étude d'impact environnemental, assure l'ONG. Dans certains cas, ces communautés ne savaient même pas que les terrains sur lesquels elles vivaient avaient été acquis, ne l'apprenant qu'au début de l'exploitation minière.

"Tant l'entreprise que les gouvernements central et des États semblent ne pas vouloir écouter ou parler avec les communautés vulnérables Adivasi (indigènes), dont les terres ont été achetées et les forêts détruites pour l'exploitation du charbon", a dit Aakar Patel, patron d'Amnesty International en Inde.

Ces communautés indigènes représentent plus de 8% de la population de 1,2 milliard d'habitants de l'Inde, selon le dernier recensement de 2011. Nombre de ces Indiens sont illettrés et vivent dans une grande pauvreté, survivant grâce à l'agriculture vivrière. Dans le cas de trois mines de charbon, le gouvernement indien a procédé à des achats de terrains sans informer les familles touchées ou sans les consulter sur le relogement, selon le rapport. 

Le gouvernement de la droite nationaliste hindoue de Narendra Modi a promis de doubler la production de charbon d'ici 2020 à un million de tonnes afin de satisfaire une économie en plein essor. Le Premier ministre a aussi promis de mettre fin aux nombreuses coupures d'électricité et de fournir du courant aux 300 millions d'Indiens qui n'ont pas l'électricité. L'Inde possède les cinquièmes plus grandes réserves de charbon au monde et sa production d'électricité repose à 60% sur le charbon.

Des ONG accusent le gouvernement d'avoir assoupli la réglementation en matière d'environnement en autorisant les industries polluantes à opérer près des parcs nationaux et en laissant les petits producteurs de charbon augmenter de 50% leur production sans avoir besoin d'en demander l'autorisation.

Amnesty a réalisé son rapport à partir d'entretiens avec 124 personnes touchées, avec des responsables gouvernementaux, des membres de Coal India, des journalistes, des militants d'ONG et des avocats entre janvier 2014 et février 2015. Amnesty indique n'avoir reçu aucune réaction des États et des entreprises auxquels elle a fourni ses conclusions.

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