Voitures électriques : les fabricants chinois confiants au salon de Pékin, malgré les réticences en Occident

  • AFP
  • parue le

Optimisme sans faille au salon de Pékin : en dépit d'une guerre des prix qui rogne les marges et de pressions croissantes en Occident, le secteur automobile chinois fait fi des difficultés, galvanisé par son avance technologique dans l'électrique.

« Jamais rien vu de tel »

Après quatre ans d'interruption pour cause de pandémie, le salon automobile de Pékin a fait jeudi son grand retour, avec des marques chinoises qui volent désormais la vedette à des concurrents étrangers qui peinent à prendre le virage de l'électrique.

"Il y a beaucoup d'attente à propos des nouveaux modèles et nouvelles technologies que les constructeurs chinois vont présenter", affirme à l'AFP un représentant européen du secteur qui préfère s'exprimer sous couvert de l'anonymat. "Je n'ai jamais rien vu de tel", souligne cet interlocuteur, qui revendique 20 ans de métier.

La Chine, plus gros marché mondial pour l'automobile, est aussi le plus compétitif sur ce créneau, avec une centaine de marques locales innovantes lancées dans la course à la voiture propre du futur. Les plus gros constructeurs mettent à présent le turbo vers l'international, en particulier en Europe, où les autorités redoutent de voir le marché local submergé de véhicules électriques chinois à bas prix.

Pressée par la France, qui compte plusieurs constructeurs historiques, la Commission européenne a lancé une enquête sur les subventions d'État chinoises au secteur. Elle menace, à l'issue de la procédure, d'appliquer des surtaxes douanières.

IA et karaoké embarqué

Champion des smartphones et dernier lancé dans la course à l'électrique, Xiaomi est incontestablement la vedette du salon de Pékin avec sa SU7, dont le design n'est pas sans rappeler celui d'une voiture de sport de luxe allemande.

Avec cette arrivée dans l'automobile, "je mets ma réputation en jeu", a averti le patron de la marque, Lei Jun, réconforté par près de 76 000 précommandes, moins d'un mois après le lancement de la SU7. Telle une rock star dans les allées du salon, Lei Jun a provoqué jeudi pluie de selfies et mouvements de foule à chacun de ses déplacements.

Sur un marché ultra-compétitif, les constructeurs chinois tentent de se démarquer avec options et autres gadgets : de la conduite assistée par l'intelligence artificielle (IA)... au karaoké embarqué.

"Les clients chinois sont plus sensibles à l'évolution" technologique que leurs compères étrangers, indique à l'AFP le vice-président du constructeur XPeng, Brian Gu. "Le recours à la voix (pour commander son véhicule), à de grands écrans et aux technologies de conduite plus intelligentes, c'est en train de devenir une marque de fabrique" pour les constructeurs chinois, souligne-t-il.

Les clients européens y sont pour l'heure indifférents, estime Brian Gu. "Ça prendra du temps" pour changer les habitudes, concède-t-il. XPeng a indiqué qu'il commencera à commercialiser des modèles en France en mai.

« Stratégies créatives »

Mais avant d'en arriver là, les constructeurs chinois devront passer l'épreuve des régulateurs européens, qui menacent, à l'instar des États-Unis, d'appliquer des surtaxes douanières sur les véhicules électriques chinois. "Nous espérons qu'il n'y aura pas de surtaxes douanières", indique à l'AFP William Li, le patron de NIO, une marque de véhicules électriques fondée il y a 10 ans à Shanghai et cotée aux États-Unis.

"Ce n'est pas bon pour les consommateurs", souligne l'homme d'affaires, qui reconnaît toutefois la nécessité pour "chaque pays" de "protéger l'emploi" dans "certains secteurs d'activité." "Nous devons réfléchir à des stratégies créatives" pour rester durablement sur le marché européen, comme "nouer des partenariats" avec des constructeurs locaux, énumère William Li.

Cette voie d'accès est d'ailleurs celle suivie par de nombreux constructeurs étrangers pour pénétrer le marché chinois, où une co-entreprise avec un partenaire local a longtemps été une obligation. "Nous sommes prêts" à passer par une co-entreprise pour s'implanter en Europe, affirme William Li.

Guerre des prix

Pour rester compétitifs, les constructeurs en Chine sont contraints à d'importants rabais, dans un contexte de ralentissement économique qui pèse sur les dépenses de consommation. Et ce, au détriment de la rentabilité et, pour certains, de leur survie.

Li Auto, dont le siège est situé à Pékin, offre depuis lundi une ristourne de près de 4 000 euros sur ses modèles. Cette mesure suit celle de l'américain Tesla de baisser ses prix en Chine de 1 800 euros.

La bataille acharnée que se livrent les marques chinoises a cependant des atouts, veut croire M. Li. Les constructeurs deviennent plus "compétitifs et, d'une certaine manière, technologiquement plus innovants" que leurs concurrents étrangers, estime le fondateur de NIO.

Commentaires

Serge Rochain

Comme si l'état chinois avait un quelconque interet à subventionner les produits vendus à l'étranger ....avec l'argent gagné à l'étranger sur les produits .....vendus à l'étranger !?
On ne subventionne que les sproduits vendus dans son propre pays, ce que nous faisons avec les bonus dont on n'exclu les produits étrangers !
Avec un peu d'arithmétique élémentaire on devrait comprendre ça ....à moins qu'on nous prenne vraiment pour des nuls !
Les chinois n'ont d'ailleurs pas besoin de recourir à ce qui serait une stupidité (subventionner les étrangers) car leurs produits ont dix ans d'avance sur les mêmes d'origine européenne. Les chinois font progresser les technologies du VE depuis 10 ans durant lesquels les responsables de l'industrie automobile européenne ont passé leur temps à se battre contre le VE en se vautrant dans le VT !
Un enfant de 7 ans comprend la cause du retard européen et ne cherche pas à inventer des prétextes à dormir debout pour l'expliquer !
Serge Rochain

Ajouter un commentaire

Suggestion de lecture