Allemagne : la récession attendue en 2023 sera moins forte que prévu, selon l'institut Ifo

  • AFP
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La récession hivernale attendue en Allemagne sera "plus douce que prévu", faisant que la première économie européenne pourrait quasiment stagner en 2023, selon une prévision actualisée de l'Institut de conjoncture Ifo publiée mercredi.

Le Produit intérieur brut (PIB) allemand devrait se contracter au cours des deux trimestres du semestre d'hiver 2022/23 avant de rebondir, de sorte que sur l'ensemble de l'année la récession devrait être limitée à -0,1%, selon l'Ifo qui anticipait jusqu'ici un recul de 0,3%.

Après des prévisions pessimistes ces derniers mois du gouvernement, de la banque centrale ou du FMI, l'Ifo est le premier institut à tabler un ralentissement de la conjoncture moins brutal, en dépit des répercussions importantes de la guerre en Ukraine et de la crise énergétique.

Cet institut de référence a également revu à la hausse ses prévisions de croissance pour 2022, à 1,8 % contre 1,6 % jusqu'ici, grâce à un troisième trimestre bien meilleur que prévu.

Du côté des signaux positifs : "la demande de biens et de services est encore forte" et dans l'industrie, "les carnets de commandes des entreprises sont encore bien remplis", note l'Ifo.

Ainsi, les commandes passées à l'industrie allemande sont reparties à la hausse (0,8%) en octobre, portées par l'international, tandis que la production industrielle a résisté, limitant la baisse à 0,1%.

"La consommation privée a également été soutenue" jusqu'à la fin de l'été grâce aux réserves d'épargne des ménages issues de la période de la pandémie. D'autre part, le gouvernement allemand a débloqué des milliards d'aides pour le pouvoir d'achat qui ont permis d'atténuer l'envolée de l'inflation.

- Pic d'inflation ? -

Ces facteurs contrebalancent en partie la flambée des prix de l'énergie, des biens de consommation courante et des coûts de production qui pèsent sur l'économie allemande.

La production des entreprises est également toujours affectée par des goulets d'étranglement dans les chaînes logistiques et reste tributaire d'une conjoncture particulièrement volatile en Chine, premier partenaire commercial du pays.

La première économie européenne, qui dépendait particulièrement du gaz russe avant l'invasion de l'Ukraine, est l'une des plus touchée par la crise énergique que Moscou a déclenché dans son bras de fer avec les occidentaux.

Mais l'Allemagne a mis les bouchées doubles pour trouver des fournisseurs alternatifs, misant notamment sur les importations de gaz naturel liquéfié et éloignant le spectre de ruptures d'approvisionnement redoutées par le puissant secteur industriel.

Reflétant cette atmosphère moins sombre qu'avant l'été, le moral des investisseurs allemands s'est nettement redressé ces deux derniers mois, reflétant notamment l'espoir que le pic d'inflation a été atteint.

L'inflation s'est établie à 10,0% en Allemagne en novembre, perdant 0,4 point par rapport au mois d'octobre, grâce à un ralentissement de la hausse des prix de l'énergie.

Le gouvernement allemand a annoncé fin septembre un plan massif de 200 milliards d'euros visant à plafonner les prix de l'énergie dès le début de l'année prochaine.

Grâce à cette intervention des pouvoirs publics, le taux d'inflation passera de 7,8% cette année à 6,4% l'an en 2023, selon l'Ifo, des niveaux nettement inférieurs aux hypothèses retenues à l'automne.

Dans ses prévisions d'automne, le gouvernement allemand anticipait une récession de 0,4% en 2023, tandis que le FMI l'évaluait à 0,3%.

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