- Source : Ifri
En 2023, les nouvelles capacités solaires raccordées au réseau électrique en Europe auraient avoisiné 60 GW (l'équivalent d'un peu plus de 300 000 panneaux installés par jour), soit une hausse de près de 40% par rapport à 2022.
En deux ans, le parc photovoltaïque installé dans l'UE a doublé en puissance selon SolarPower Europe (avec près de 18,7 GW installés, la France compte pour environ 5% du marché solaire européen).
La Chine en surcapacité, les fabricants européens en train de disparaître
Et pourtant dans le même temps, « les derniers fabricants européens de panneaux solaires photovoltaïques se meurent » face à la concurrence chinoise, constate Thibaud Voïta(1) dans la note en anglais ci-après publiée le 24 avril par le Centre Énergie et Climat de l'Ifri.
Un des derniers exemples en date : la société française Systovi a annoncé mi-avril la cessation de ses activités, notamment face à « l'accélération soudaine du dumping chinois » et à la suite de son placement en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce.
Si les acteurs européens (en particulier en Allemagne) ont été pionniers sur ce marché, ils sont désormais totalement éclipsés par la Chine, géant en situation de surcapacité avec les plus grands fabricants mondiaux (LONGi, Jinko Solar, JA Solar, etc.), qui mise sur les exportations.
Déjà considérés un tiers moins chers que les panneaux photovoltaïques fabriqués en Europe début 2023, les prix des panneaux solaires chinois ont « encore baissé de 42% en 2023, ce qui rend difficile la survie même de certaines entreprises chinoises et contraint de nombreux fabricants européens restants à quitter le marché ».
La réponse de l'UE : le Net Zero Industry Act (NZIA)
Cette configuration affecte « l'autonomie stratégique de l'Europe et son processus de décarbonation » et « une perturbation de type Covid-19 ou une agression contre Taïwan laisserait le continent sans approvisionnement ».
Face à la concurrence chinoise et à l’Inflation Reduction Act (IRA) aux États-Unis protégeant les fabricants américains, l'UE a riposté avec le Net Zero Industry Act (NZIA), proposé par la Commission européen en mars 2023.
Le NZIA fixe pour objectif que « la capacité totale de fabrication de technologies stratégiques à zéro émission nette de l'UE approche ou atteigne au moins 40% des besoins de déploiement annuels d'ici 2030 ».
Informations de la Commission européenne sur le Net-Zero Industry Act
Malgré une « situation alarmante », l'industrie photovoltaïque européenne n'est « pas condamnée », assure Thibaud Voïta qui cite de nouveaux projets en Europe profitant d'un plus grand soutien avec une chaîne de production intégrée (à l'image des « gigafactories » d'Enel, CARBON et HoloSolis). Le surcoût par rapport aux concurrents chinois pourrait, outre les soutiens nationaux, être absorbé par une prime « Made in Europe ».
Thibaud Voïta appelle l'UE et ses États membres à davantage de proactivité, en créant notamment une « banque du solaire photovoltaïque » (comme suggéré par SolarPower Europe), en continuant de soutenir la R&D (pour les futurs panneaux, par exemple avec des cellules en perovskite) ou encore en protégeant l'industrie des potentielles hausses de coûts (notamment dans le secteur énergétique).
Sources / Notes
- Thibaud Voïta est chercheur associé au centre Énergie et Climat de l'Ifri depuis novembre 2017. Il est spécialiste des politiques liées aux énergie bas carbone et travaille entre autres sur les politiques énergétiques chinoises.