- Connaissance des Énergies avec AFP
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Les Verts allemands ont mis en garde jeudi contre la menace d'une influence russe dans une usine de fabrication de combustibles nucléaires à Lingen (nord-ouest de l'Allemagne), exploitée par ANF, une filiale du français Framatome.
Les derniers réacteurs nucléaires allemands arrêtés en 2023
ANF (Advanced Nuclear Fuels) a demandé en mars 2022 l'autorisation de fabriquer sur le site allemand de Lingen avec le russe Rosatom des combustibles nucléaires de type russe pour alimenter les centrales atomiques d'Europe centrale et de l'est.
Le feu vert doit être donné par l'État régional de Basse Saxe, où se trouve le site de Lingen. Or, si l'État fédéral émet un avis négatif en raison des risques en matière de sécurité, cette autorisation ne peut être donnée. Les Verts font pression sur le gouvernement allemand pour qu'il empêche le projet, d'autant que l'Allemagne a fermé ses dernières centrales nucléaires en 2023.
"C'est de la folie d'autoriser un tel projet par les temps qui courent", a estimé le député écologiste allemand, Konstantin von Notz, pointant du doigt la guerre hybride menée par la Russie en Allemagne, particulièrement virulente depuis l'invasion de l'Ukraine en février 2022.
La « flotte fantôme » de l'industrie nucléaire russe
"L'Allemagne ne doit pas financer la guerre menée par la Russie, mais plutôt sortir de cette dépendance et achever enfin la sortie du nucléaire", a renchéri Juliane Dickel, de l'ONG allemande pour l'environnement BUND, lors d'un point presse en ligne organisé par les Verts.
"En cas d'autorisation, l'usine de Lingen deviendrait la 'flotte fantôme' de l'industrie nucléaire russe", alertent les Verts allemands.
"En effet, depuis l'invasion de l'Ukraine, des pays comme la République tchèque, la Slovaquie, la Finlande ou la Bulgarie tentent activement de se libérer de leur dépendance vis-à-vis de Rosatom", ajoutent-ils. Et le label "Made in Germany" permettrait de masquer la dépendance à long terme vis-à-vis des fournisseurs russes, soulignent-ils.
Depuis l'invasion de l'Ukraine, les Européens ont adopté des sanctions contre la Russie sur les importations de pétrole et de gaz. Mais ils ont jusqu'ici toujours maintenu leur coopération avec la Russie dans le nucléaire civil, faute d'alternative.