Antitrust: l'UE et Gazprom parviennent à un accord

  • AFP
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L'UE a accepté jeudi les concessions de Gazprom, afin de dissiper les reproches qui lui sont faits d'abus de position dominante dans huit pays d'Europe de l'Est, ce qui permet au géant russe d'échapper à une amende.

"La décision adoptée ce jour lève les obstacles créés par Gazprom qui entravent la libre circulation du gaz en Europe centrale et orientale", a déclaré la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, lors d'une conférence de presse à Bruxelles.

Le numéro deux de Gazprom, Alexander Medvedev, a aussitôt salué cette annonce. "Nous sommes satisfaits de la décision annoncée par la Commission européenne aujourd'hui", a-t-il dit, dans un communiqué transmis à l'AFP. "Nous estimons que la décision d'aujourd'hui constitue l'issue la plus raisonnable pour le bon fonctionnement du marché européen du gaz dans son ensemble", a réagi de son côté Gazprom dans un communiqué.

Ce compromis est un rare répit dans les relations tendues entre la Russie et l'Union européenne, tant sur sur les dossiers ukrainien et syrien que les soupçons d'interférence de Moscou dans plusieurs processus électoraux en Occident. Gazprom, contrôlé par le Kremlin, était sous la menace d'une amende qui aurait pu aller jusqu'à 10% de son chiffre d'affaires mondial annuel.

Les autorités de la concurrence européenne imposent au gazier russe une série de règles détaillées visant à changer son comportement sur les marchés gaziers d'Europe centrale et orientale, garantissant notamment la compétitivité des prix du gaz.

Abus de position dominante

Cet accord à l'amiable risque d'irriter les huit pays d'Europe centrale orientale, anciens satellites de l'Union soviétique et depuis membres de l'UE - la Bulgarie, la République tchèque, l'Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et la Slovaquie - qui voulaient réduire leur dépendance vis-à-vis de leur puissant voisin.

Quelques heures avant l'annonce de ce compromis, qui avait fuité récemment dans les médias, le Premier ministre lituanien Saulius Skvernelis a estimé qu'"il serait bizarre de ne pas mettre Gazprom à l'amende", devant des journalistes à Vilnius. Et au début du mois, le gazier public polonais PGNiG s'était lui aussi alarmé de voir le géant russe échapper à toute sanction financière.

"Ne laissez pas Gazprom s'en tirer après avoir abusé du marché", avait plaidé le patron de PGNiG Piotr Wozniak, dans une tribune parue sur le site européen du magazine Politico. Après avoir vu une version confidentielle d'un document de la Commission, faisant état d'un compromis, il s'était dit "déçu et embarrassé". Comparant l'attitude de la Commission européenne face aux géants américains, comme Apple et Google, sanctionnés financièrement par Bruxelles, le CEO de PGNiG s'était insurgé contre le traitement de Gazprom par la Commission qui opterait pour le "pardon".

Ce compromis entre Gazprom et l'UE devrait également agacer Washington, justement parce que des géants américains ont été eux mis à l'amende par le gardien européen de la concurrence, mais aussi parce que les États-Unis sont engagés dans une stratégie de conquête de marchés pour leur gaz naturel.

Après avoir ouvert une enquête en 2011, la Commission, gardienne de la concurrence dans l'UE, était passée à l'offensive en avril 2015 en accusant Gazprom d'abus de position dominante sur plusieurs marchés en Europe centrale et orientale. En mars 2017, elle s'était dite satisfaite des engagements proposés par Gazprom et avait alors invité tous ses clients et toutes les parties prenantes dans cette affaire à se prononcer sur ces engagements. L'exécutif européen était ensuite revenu vers le gazier russe pour qu'il dissipe les derniers problèmes soulevés par les parties concernées.

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